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L'enquête sur l'attentat de Bali progresse

Les experts indonésiens et internationaux ont progressé dans leur enquête sur l'attentat de Bali, planifié et exécuté de manière «professionnelle» pour provoquer un carnage en utilisant une combinaison de C4 et de gaz, a indiqué hier une source proche

16 Octobre 2002 À 18:17

L'explosif utilisé est du C4, un plastic militaire, qui est fréquemment employé par les groupes terroristes, et dont on retrouve la trace dans une série de récents attentats attribués aux réseaux d'Al-Qaïda.
Le chef de la police de Bali a précisé hier que des traces de RDX ou cyclonite, entrant dans la composition du C4 avaient été retrouvées dans le cratère créé par l'explosion et sur le chassis de la voiture piégée utilisée.
Les enquêteurs ont noté des similitudes entre l'explosion de la voiture piégée qui a tué 183 personnes samedi à Bali et un attentat commis le 1er août 2000 à Jakarta contre l'ambassadeur des Philippines, selon une source proche de l'enquête.
Le diplomate avait été grièvement blessé par l'explosion d'une bombe de forte puisance actionnée à distance au moment où il entrait dans sa résidence.
A Bali, samedi soir, les terroristes ont utilisé la technique d'un attentat à «double détente», qui nécessite un réglage précis.
Une première explosion est destinée à provoquer un début de panique et à attirer le maximum de personnes près du lieu prévu pour l'explosion principale, provoquée quelques secondes après par un véhicule piégé.
A l'intérieur, le C4 a apparemment été couplé à des bonbonnes de gaz pour provoquer un carnage, selon cette source, qui ajoute que «cet attentat a été organisé de manière très professionnelle». Selon le Washington Post, la police indonésienne a arrêté un ancien officier de l'armée de l'air ayant avoué avoir mis au point la bombe de l'attentat.
Identification
Le journal, qui cite des sources de la sécurité indonésienne, ajoute que cet homme n'a pas révélé les commanditaires de l'attentat et a exprimé des regrets devant l'ampleur des pertes humaines. Un énorme incendie avait embrasé les lieux après l'explosion et avait fait rage pendant des heures. De très nombreux corps ont été retrouvés calcinés et sont toujours en cours d'identification. Le dernier bilan fait état de 183 morts et plusieurs centaines de blessés.
Mais il pourrait être plus élevé, car il est possible que les personnes aient été littéralement volatilisées par le souffle et la chaleur de l'explosion, et qu'aucune trace d'eux ne soit jamais retrouvée, comme lors des attentats du 11 septembre contre les deux tours du World Trade Center à New York.
Les enquêteurs internationaux sont omniprésents sur les lieux de l'attentat, et semblent avoir désormais pris les choses en main. Quelque 40 experts australiens, des hommes du FBI, de Scotland Yard, des policiers d'Allemagne et du Japon sont à pied d'œuvre pour traquer les indices. Le C4 est un explosif utilisé par l'armée et les entreprises de démolition. Il n'est pas détectable par les portiques à rayons X utilisés notamment dans les aéroports.
Il a déjà été utilisé dans des attentats ou attentats manqués récents. Il a notamment été employé lors de l'attentat contre le destroyer de l'US Navy USS Cole, le 12 octobre 2000 au Yémen. En février, les services secrets de Singapour avaient fait état d'un document d'un groupe terroriste, la Jamaah Islamiyah, lié à Al-Qaïda et présent dans plusieurs pays d'Asie du Sud-Est, détaillant des projets d'attentats à Singapour, Kuala Lumpur et Jakarta.
Selon ce document, la Jamaah Islamiyah projetait des attentats à l'explosif C4 contre des ambassades dans les trois capitales. Le professionnalisme de l'attentat de Bali tranche avec les méthodes utilisées des bombes artisanales de faible puissance lors de la plupart des attentats qui ont secoué l'Indonésie ces deux dernières années.
Le Département d'Etat américain a émis l'hypothèse que l'attentat ait pu être exécuté par une équipe locale, avec l'aide préalable de spécialistes venus de l'étranger, chargés du repérage et de la planification.
«Il est probable que suivant d'autres exemples dans le monde, les conseillers techniques étrangers avaient déjà quitté le pays au moment de l'attaque», selon un rapport du Département d'Etat.
Le quotidien Koran Tempo indiquait hier qu'une équipe de huit personnes à bord de deux véhicules avait participé à l'opération, en citant une source policière. Les deux véhicules se sont d'abord arrêtés peu avant le Sari Club, une discothèque très fréquentée, provoquant un embouteillage dans la rue étroite du quartier touristique de Kuta, tout en dégageant la voie devant eux.
Les occupants de l'une des camionnettes l'ont alors abandonnée pour monter dans l'autre véhicule qui est parti en trombe, peu avant l'explosion de la bombe.
La police a annoncé mardi qu'elle interrogeait de manière approfondie deux hommes, dont l'un se trouvait à Kuta, et qui «refusent de répondre ou donnent des réponses contradictoires».
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