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La fronde continue parmi les militaires israéliens insoumis

Malgré les pressions politiques, les menaces de l'état-major et les peines de prison infligées à certains, la fronde d'officiers et de militaires de réserve israéliens qui refusent de servir dans les territoires palestiniens se poursuit.
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22 Mars 2002 À 19:33

Tout avait commencé lorsque 52 officiers et soldats du cadre de réserve, servant pour la plupart dans des unités combattantes, avaient annoncé le 25 janvier qu'ils refuseraient dorénavant de servir dans les territoires palestiniens. «Nous ne continuerons pas à nous battre au-delà de la ligne verte (NDLR: la ligne de démarcation qui sépare Israël de la Cisjordanie) dans le but d'opprimer, d'expulser, d'affamer et d'humilier un peuple tout entier», avaient-ils écrit dans leur pétition, soulignant qu'ils n'étaient pas des pacifistes et agissaient par sionisme et patriotisme.
Entouré d'autres insoumis, Amit Meshiah rencontre ses interlocuteurs au café branché Massaryk, situé près de la place Yitzhak Rabin à Tel Aviv. Il conteste les affirmations du chef d'état-major, le général Shaoul Mofaz, selon lequel «une partie des signataires sont revenus sur leur refus et sont maintenant prêts à servir» dans les territoires.
«Bien au contraire, le phénomène s'amplifie», affirme le porte-parole du mouvement. «Nous intégrons de nouveaux membres, et le fait que cinq des nôtres soient en prison (militaire) ne fait que renforcer encore notre détermination», relève ce jeune officier de réserve de 30 ans, étudiant à l'université de Tel Aviv. Il est encouragé par la présence de proches et de sympathisants aux sit-in de protestation que tiennent les insoumis chaque samedi à la porte d'une prison militaire dans le nord du pays où sont détenus leurs camarades. Treize Israéliens, appelés du contingent ou réservistes, ont été emprisonnés pour refus de servir en Cisjordanie et dans la bande de Ghazza depuis le début de l'année, selon «Profil nouveau», un mouvement féministe qui oeuvre «contre la militarisation» de la société israélienne.
«La décision de refuser de servir dans les territoires et de mener un combat en ce sens a été mûrement réfléchie avant d'être prise par les signataires», affirme un autre responsable du mouvement, qui refuse d'être identifié. «Depuis que nous avons publié notre première lettre, l'armée israélienne a multiplié les violations des droits de l'Homme lors de ses offensives, ce qui nous donne encore plus de motifs de poursuivre notre combat», affirme-t-il dans une référence aux opérations de grande envergure menées par Tsahal dans les territoires palestiniens au cours des dernières semaines.
Il fait état d'un récent sondage selon lequel 25% des juifs israéliens estiment que la position des frondeurs est moralement justifiée.
Un ancien chef du Shin Beth (la Sécurité intérieure israélienne), l'amiral de réservé Ami Ayalon, avait apporté en février un soutien quelque peu inattendu aux réservistes pétitionnaires, indiquant avoir pour eux beaucoup de «sympathie».
«A mon avis, il y a trop peu de soldats de Tsahal qui refusent aujourd'hui d'obéir à des ordres illégaux», avait-il déclaré à la télévision, ajoutant: «tirer, par exemple, sur un enfant désarmé est un ordre illégal par excellence et je suis très préoccupé par le nombre d'enfants palestiniens qui ont été tués au cours de l'année dernière».
En revanche, le chef des services d'Education de l'armée, le général Eliezer Stern, a vivement dénoncé mardi à la télévision ce phénomène d'insoumission, qu'il a jugé «très grave».
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