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La presse visite le site du barrage de Oued El Maleh

Ce qui s'est passé lundi dernier à Mohammédia était catastrophique. Les crues ont emporté murs, asphalte, poteaux, citernes, moutons et brebis. Les scènes épouvantables des dégâts engendrés étaient dramatiques.

29 Novembre 2002 À 16:49

Le barrage de Oued El Maleh est étalé sur une superficie de 1800 m2. Il a été construit en 1930 afin de répondre aux besoins de la ville de Casablanca en eau potable. Mais, lorsqu'on a commencé à desservir la métropole à partir du barrage de Bouregreg, cet objectif s'est estompé. Actuellement, il assure, en aval, l'irrigation de quelque 400 hectares. Comment fonctionne le barrage ?
Selon Ouala Abdelaziz, technicien à l'Agence de l'hydraulique de Bouregrag et de la Chaouia : « Il faut savoir que ce barrage ne dispose pas de vannes. L'évacuation des crues est un seuil libre. Une fois le barrage dépasse la quantité maximale, il déborde automatiquement. Au-delà du barrage, on peut mesurer le débit avec une formule de déversement qui nous permet de connaître le débit en fonction d'un barème ».
En fait, les techniciens chargés du suivi et de l'entretien du barrage ne peuvent pas intervenir pour contrôler le déversement. Ce qui cause d'énormes catastrophes. La situation est grave. Les responsables affirment que la protection des régions avoisinantes n'était pas tracée parmi les objectifs prioritaires des décideurs. Toutefois, le barrage El Maleh dispose d'un système de vidange qui ne s'avère pas d'une grande efficacité. Il permet notamment d'évacuer le surplus de boues. La capacité maximale de vidange est de l'ordre de 2 m3/s. C'est en réalité une faible quantité. Il faut plusieurs jours pour évacuer toutes les eaux du barrage. « Actuellement au niveau du barrage, en 24 heures on peut avoir une crue de 130.000 m3/s. Si on veut vider le barrage en totalité, il faut plus d'un mois », affirme Ouala Abdelaziz. C'est ici où réside le problème, le vrai. En outre, au fil du temps, la capacité du barrage diminue de plus en plus à cause de l'accumulation de boues. En effet, en 1930, la capacité des retenues était de l'ordre de 18 millions de m3.
En 1988, elle est passée à 8 millions m3. Actuellement, le barrage ne peut contenir que 5 millions de m3. Cette réalité est désastreuse pour la ville de Mohammedia. Cela fait des années que le problème de cette ville se pose avec acuité. Que s'est-il, donc, passé ce lundi au niveau du barrage ?
En fait, deux événements successifs en l'espace de ce mois ont marqué Mohammédia : des 14/15 et des 24/25. Le 14 novembre, le barrage de oued El Maleh contenait 780.000 m3 d'eau. Le 15 à 8h, il a atteint sa capacité maximale : 5 millions de m3. Le surplus a été déversé avec un débit de 106 m3/s. Et c'est déjà grave. Par ailleurs, lundi dernier à 8h, le débit a atteint son maximum : 170 m3/s. Ce débit a été élevé par celui du bassin intermédiaire dont l'un des plus importants affluents est Oued Hassar. « C'est le bassin intermédiaire qui a apporté 30 m3/s supplémentaires. Déjà 170 m3/s dépassent le seuil critique à Mohammédia », annonce Ouala.
Les pouvoirs publics se sont mobilisés face à cette catastrophe qui a engendré d'innombrables dégâts : les maisons étaient englouties et les commerces ravagés. C'était un scénario alarmant, le plus pénible de l'histoire de la ville. Les habitants étaient impuissants durant la catasrophe. Malheureux, ils assistaient à cette destruction inopinée. Les résultats matériels étaient colossaux. « J'ai assisté avec stupeur à cette scène désastreuse. Je regardais mes biens en train de se faire engloutir. Ma voiture était emportée par les torrents de boue », se désole un habitant de la ville. Les entreprises situées à côté de Oued El Maleh ont été, elles aussi, fort endommagées par le « déluge ».
Les décideurs n'avaient-ils pas prévu de prendre des mesures pour éviter le drame de ce lundi noir ?
« Tout un plan d'aménagement global a été décidé visant la protection de la ville de Mohammédia. Il y a des aménagements en aval et en particulier une étude qui a été faite par Lydec pour le canal de délestage ».
Par ailleurs, il existe déjà, en aval, un projet de la reconstruction de nouveaux ponts : le pont portugais et le pont du golf. En amont, le ministère chargé de l'Aménagement du territoire, de l'Eau et de l'Environnement a entrepris une étude visant à examiner trois solutions d'aménagement :
- La construction d'un nouveau barrage en aval du barrage El Maleh ;
- La possibilité de la surélévation du barrage El Maleh ;
- La construction du barrage Boukarkour.
C'est cette dernière option qui est devenue prioritaire à l'heure actuelle. L'étude a été faite il y a environ trois ans pour atténuer des risques d'inondations de
Mohammédia. Elle est prévue pour la loi des finances de 2003. Le coût de ce projet est estimé à 230 millions de dirhams.
Les habitants de la ville des fleurs sont encore sous le choc. Ils craignent, en permanence, une autre catastrophe.
Des mesures urgentes doivent être entreprises pour les tranquiliser.

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