Le conte de fée d'une jeune artiste
Fatima Mallal est artiste dans l'âme.
>Elle habite à Tamallalt (la blanche) un vllage de la vallée de Dadès.
Ce village fabuleux a fasciné ses habitants ainsi que ses visiteurs étrangers par sa nature exotique et ses paysages oniriques. Fatima, avec sa famille, habite une maison qui surplombe la vallée de Dadès, une vallée magnifique: verdure, eau coulant parcimonieusement dans les vergers d'arboriculture fruitière, des montagnes ocres connues par «Les pattes de singes». Ce milieu reste la première source d'inspiration de Fatima.Un conte de fée se tisse entre une jeune Tamazighte de Ouarzazate et une Suisse Allemande, dans ce douar qui éblouit à chaque fois ses visiteurs. Elle a grandi dans ce village, sans pouvoir aller à l'école. Elle a commencé, aidée par sa mère, à dessiner et à tisser des tapis portant des touches artistiques. «Elle est autodidacte, mais elle parle français. Elle est ouverte, et s'intéresse à tout. Elle est devenue important dans le douar. Elle a d'autres occupations: elle bricole en électronique, des décodeurs, des téléviseurs, des cellulaires» témoigne, Mohamed Mallal, son frère aîné, lui aussi artiste.
Marguerite Hasseler, la Suisse Allemande a apprécié les dessins de Fatima et l'a encouragée à faire des toiles, à chaque visite à Ouarzazate et avec de nouveaux groupes de touristes, elle passe voir son amie en lui apportant des toiles et des peintures. L'inspiration de Fatima se développe, et elle commence à avoir un cumul de productions important qu'on peut qualifier d'art naïf, qui est loin des études académiques.
C'est un art authentique, qui émane de son cœur pur et puise de la pureté de la nature où elle a grandi. Ses thèmes sont les kasbahs, les femmes, la montagne, la vallée…
Exposition à Zurich
Tellement fascinée par cet art naïf, la Suissesse a beaucoup parlé de Fatima, et c'est comme ça qu'un galeriste nommé M. Bernhard Ishan, à Zurich a accepté volontiers que notre artiste puisse exposer à Zurich entre le 22/8 et 21/9/2002, en compagnie d'une autre marocaine d'Essaouira, qui fait également l'art naïf, il s'agit de Regraguiya. De Tamellalt à Zurich, Fatima Mellal est prise en charge par ses invités. Les deux artistes vont faire un travail devant le public Suisse, une soirée artistique de musique traditionnelle est prévue pour l'ouverture de cette manifestation. Le costume marocain traditionnel sera présent grâce a l'habillement de nos deux artistes de leur costumes traditionnels représentant leur région respectives le Dadès de Ouarzazate et le Hayek d'Essaouira.
Qu'en-est-t-il de son art?
Fatima Mellal, travaille sur la richesse des couleurs. Elle se base sur la cerne. C'est une peinture à sujet. Elle donne à voir une scène de la vie quotidienne. Elle se fait témoin, chroniqueur de la vie sociale locale. Pour elle, ce n'est pas l'art qui informe sa démarche, ce n'est pas la peinture qui se donne comme objet de l'œuvre, c'est le réel. Aux yeux d'un naïf, le tableau doit faire voir tout le réel. Aussi lui arrive-t-il d'être cubiste sans le savoir … La mesure de son art est dans l'écart que le tableau instaure avec le réel. Elle étonne pour révéler, concurrence le réel. Elle ne copie pas donc le réel. Elle le renouvelle, redonne à voir, porté par la peinture. Elle privilégie donc le dessin et géomètre le réel. C'est le désir de peindre ce réel sans l'intervention de la perspective, ou comme le remarque son frère aîné: «C'est dans son travail, le quotidien est loin des notions académiques, et la perspective est cassée comme chez les cubistes…». André Malraux, dans «La voix du silence» n'a pas tort en disant que: «Les grands artistes ne sont pas les transcripteurs du monde, ils en sont rivaux».