Le gouvernement Ecevit perd la majorité au parlement
Le gouvernement de coalition du Premier ministre turc Bulent Ecevit a perdu la majorité au parlement avec la démission mardi de 6 nouveaux députés de son parti de la Gauche démocratique (DSP), renforçant les doutes sur sa longévité avant même l'organis
M. Ecevit, 77 ans, est revenu sur l'idée qu'il pourrait démissionner si sa coalition perdait la majorité sans même attendre le dépôt d'une motion de censure de l'opposition, dans des déclarations à la presse parues le même jour.
Mais le chef du parti d'opposition de la Juste Voie (DYP, centre-droit) Tansu Ciller a immédiatement contre-attaqué en relevant que «le maintien du gouvernement au pouvoir n'est désormais conforme ni à la démocratie, ni aux usages» politiques, dans une déclaration à la chaîne de télévision NTV.
Les trois partis de la coalition gouvernementale ne détenaient plus que 275 sièges sur 550, alors que la majorité est de 276, a indiqué l'agence Anatolie.
Le DSP comptait 69 députés, derrière le DYP (85 sièges), et ses deux partenaires gouvernementaux le parti de l'Action nationaliste (MHP) de M.
Devlet Bahceli (127 sièges), et le parti de la Mère patrie (Anap) du vice-Premier ministre Mesut Yilmaz (79 sièges).
Le DSP détenait 128 sièges avant le début de la crise, le 8 juillet, qui a vu la défection de 59 députés, dont 7 ministres. La Turquie traverse une grave crise gouvernementale provoquée par les divisions au sein du gouvernement sur les réformes à mener pour intégrer le pays à l'Union européenne et par la mauvaise santé de M. Ecevit.
«J'avais annoncé que je me retirerais si le gouvernement perdait la majorité à l'Assemblée, mais M. (Devlet) Bahceli n'est pas du même avis», avait déclaré M. Ecevit au quotidien Milliyet avant les nouvelles défections.
Eventuelle convocation du parlement
M. Bahceli a souhaité lundi que le gouvernement de coalition reste au pouvoir jusqu'à des élections anticipées, dont il réclame l'organisation en novembre, et tant que l'opposition ne réunirait pas 276 voix au parlement pour le renverser.
Mais la perte de majorité va rendre l'exercice plus difficile, et tout dépend à présent de l'attitude de l'opposition, représentée au parlement par deux partis islamistes et le DYP de Mme Ciller, qui pourrait décider de convoquer le parlement pour déposer une motion de censure.
Un sommet des chef des partis de la coalition devait se dérouler dans la journée pour évoquer son avenir ainsi qu'une date possible pour des élections anticipées.
«Il y a plusieurs options. Nous évaluerons chacune d'entre elles», a souligné M. Ecevit. «Nous ne voulons pas de précipitation. Nous essaierons d'arriver à une décision sur la date la plus adéquate», a-t-il ajouté.
M. Ecevit s'est opposé jusqu'au bout à l'organisation de telles élections, estimant qu'elles nuiraient au redressement économique du pays, plongé dans une grave crise depuis février 2001 dont il tente de sortir avec le soutien massif du Fonds monétaire international (FMI).
Mais à la demande du MHP, le président du parlement Omer Izgi a convoqué lundi l'assemblée en session extraordinaire pour le 1er septembre afin de décider de l'organisation du scrutin.
Le ministre de l'Economie Kemal Dervis, architecte de la mise en oeuvre du plan de redressement du FMI, a de son côté tenté de rassurer les marchés en assurant que l'application du programme se poursuivrait. «Nous avons promis (au FMI) de continuer à poursuivre le programme», a-t-il dit, cité par l'agence Anatolie, après un entretien avec des responsables du Fonds. La bourse d'Istanbul s'est légèrement redressée après ces déclarations et aussi à la perspective d'un dénouement proche de la crise, gagnant 1,44% à la clôture de la première séance.