Les inconstances de la thyroïde

(T4) et triiodothyronine (T3) agissent sur l'ensemble de l'organisme via la circulation sanguine. Là où l'alimentation n'apporte pas suffisamment d'iode, par exemple dans les régions éloignées de la mer, la carence iodée empêche la thyroïde de produire suffisamment d'hormones. Pour compenser ce déficit, la glande thyroïde se met à augmenter de volume jusqu'à devenir visible. C'est ce qu'on appelle le goitre : 800 millions de personnes, des femmes beaucoup plus que des hommes, en sont atteintes dans le monde. Dans les pays où il n'existe pas de carence iodée et partout où le soleil iodé est distribué, les causes du goitre restent toujours un mystère.
A l'inverse, un apport exagéré en iode, certains traitements médicamenteux ou la présence de nodules peuvent produire une hypertyroïdie. Mais les trois quarts des cas sont dus à la maladie de Basedow qui touche surtout les femmes jeunes. De nombreux basedowiens sont génétiquement prédisposés à développer cette maladie et le stress est souvent considéré comme pouvant déclencher la maladie.
Trop ou pas assez ?
Quand la thyroïde fonctionne en «sur-régime», certains physiques et psychologiques apparaissent comme un accroissement de l'appétit paradoxalement accompagné d'une perte de poids qui peut être importante. Certaines personnes ont les yeux protubérants, elles redoutent la chaleur, sont souvent irritables, se plaignent de palpitations, d'essoufflement et de tremblements. Les problèmes de peau (démangeaisons), de cheveux et d'ongles sont fréquents et un goitre peut aussi apparaître. Les femmes ont des règles irrégulières, peu abondantes ou carrément absentes.
Lorsqu'au contraire, la thyroïde fonctionne au ralenti, on pourra constater une prise de poids de 5 à 10 kilos malgré une perte d'appétit. D'autres signes comme la fatigue, une frilosité marquée, un rythme cardiaque ralenti, une constipation, un sentiment de tristesse et de ralentissement intellectuel sont assez caractéristiques. Mais ces symptômes difficiles à attribuer d'emblée à une thyroïde défaillante sont pourtant de mieux en mieux dépistés. Le médecin commencera par palper la glande pour en évaluer le volume et rechercher la présence éventuelle de nodules.
Ensuite, une simple prise de sang suffit à déterminer le niveau de production des hormones. Si un nodule est découvert, on pratiquera une cytoponction. Cela consiste à l'aide d'une aiguille fine (le geste est indolore) à prélever des cellules thyroïdiennes pour savoir si on n'est pas en présence d'une tumeur maligne (entre 5 et 10% des cas). Heureusement, le cancer de la thyroïde reste rare et guérir dans 85% des cas. Le traitement consiste à retirer chirurgicalement la thyroïde; ensuite, le malade prendra à vie de la thyroxine pour suppléer.
Pour une hypothyroïdie, le traitement consiste à aussi à prendre de la thyroxine sous forme de comprimés. Quand à l'hyperthyroïdie, elle se traite d'emblée avec des médicaments comme le carbimazole, qui réduit la production d'hormones. Mais dans certains cas, le recours à la chirurgie peut être nécessaire pour retirer une partie de la glande ou encore un traitement par iode radioactif qui détruit lui aussi partiellement la thyroïde. Les deux dernières options, en créant une hypothyroïdie, imposent ensuite la prise d'hormone à vie.
Les femmes qui ont des problèmes de thyroïde doivent être vigilantes au cours de leur grosesse. Elles devront faire contrôler régulièrement leurs taux d'hormones afin de protéger le fœtus. En effet, un bébé sur 3500 naît avec une hypothyroïdie due au développement anormal de la thyroïde. Mais un test réalisé 5 jours après la naissance permet de dépister et de traiter ces bébés de façon à éviter tout retard de développement.