Les rebelles confirment la mort du commandant Khattab

Chef de file des combattants islamistes, Khattab, âgé d'environ 37 ans, est mort le 19 mars dernier, «empoisonné par une lettre transmise par un messager qu'il connaissait», selon le site Kavkaz.org qui affirme que le commandant était devenu «chahid» (martyr). Le commandant Khattab, un saoudien dont la mère était d'origine turque selon le site, a été enterré dans les montagnes tchétchènes. Quant au «messager», il s'agirait d'une taupe russe, selon Kavkaz.org.
«Il y a plusieurs versions, mais Khattab a sans doute été empoisonné par quelqu'un de son entourage», a déclaré un commandant tchétchène pro-russe, Khalid Iamadaïev, au quotidien Kommersant.
«Plusieurs personnes ne l'aimaient pas, dont (le président tchétchène Aslan) Maskhadov (...) Il est possible que Maskhadov ait soudoyé quelqu'un de l'entourage de Khattab», a-t-il affirmé.
Le cadavre de Khattab avait été montré vendredi à la télévision russe. Son corps très reconnaissable ne portait aucune trace visible de blessures dans cette vidéo tournée par les rebelles, selon les services de sécurité russes (FSB, ex-KGB) qui avaient annoncé jeudi avoir éliminé Khattab au cours d'une opération spéciale.
Selon Kavkaz.org, le FSB a pu mettre la main sur la cassette, que conservait un garde du corps de Khattab, lors d'une opération de ratissage dans la localité de Guekhi (sud-ouest) le 23 avril dernier.
Le FSB avait indiqué vendredi qu'il «ne dévoilerait pas tous les détails de cette opération», précisant seulement que celle-ci avait duré un an et s'était «appuyée sur des divisions internes entre combattants», selon l'agence Itar-Tass.
Selon la chaîne russe RTR, Khattab ne participait plus aux combats depuis les six derniers mois, se cachant dans les montagnes et les grottes. Il n'avait en outre plus aucun contact radio avec les autres rebelles, n'utilisant que des courriers.
Sa mort constitue un succès pour Moscou dans le conflit engagé en octobre 1999. Khattab, qui était lié au réseau Al-Qaïda d'Oussama ben Laden selon le Kremlin, est le deuxième chef de guerre d'importance à être éliminé après Arbi Baraïev en juin 2001.
Arrivé en 1995 en Tchétchénie après avoir mené la guerre sainte en Afghanistan et au Tadjikistan, Ibn al Khattab, commandant des brigades islamiques internationales, avait dirigé avec Chamil Bassaïev des incursions armées au Daguestan en août 1999.
Les autorités russes l'avaient accusé, mais sans jamais en présenter les preuves, d'être impliqué dans les attentats perpétrés en août et septembre 1999 qui avaient fait près de 300 morts en Russie.
Ces attentats et les incursions armées au Daguestan, repoussées par les Russes, sont à l'origine du second conflit dans la République séparatiste tchétchène, en cours depuis le 1er octobre 1999. Khattab était marié avec une daguestanaise dont il avait deux enfants, selon Kavkaz.org.