Fête du Trône 2006

«Les relations maroco-égyptiennes sont exemplaires et la concertation se poursuit à tous les niveaux»

M. Oussama El Baz, conseiller politique du Président égyptien, M. Mohamed Hosni Moubarak, a affirmé que les relations entre le Maroc et l'Egypte sont exemplaires et ne souffrent de la moindre mésentente ou malentendu, car basées sur la considération et l

27 Octobre 2002 À 20:51

Dans un entretien au bureau de la MAP au Caire, à la veille de la visite officielle au Maroc du Président Moubarak, à l'invitation de S.M. le Roi Mohammed VI, M. El Baz a indiqué que la coordination et la concertation politiques sont permanentes entre le Président Hosni Moubarak et S.M. le Roi Mohammed VI au sujet de toutes les questions d'intérêt commun, comme c'était le cas sous le règne de feu S.M. le Roi Hassan II, rappelant que ces relations, fort anciennes, ont été consolidées à travers l'Histoire, au fil d'une interaction culturelle, intellectuelle et spirituelle, outre les intérêts communs entre les deux pays et les deux peuples.
Le conseiller politique du Président égyptien a indiqué que l'Egypte voue respect et considération au Maroc sous la sage conduite de S.M. le Roi Mohammed VI eu égard à son rôle agissant dans la région en tant que passerelle entre l'Orient et l'Occident et entre l'Europe, l'Afrique et le Monde arabe, exaltant dans ce contexte les efforts entrepris par le Souverain, président du comité Al-Qods, aux plans régional et international pour la défense des causes arabes et islamiques, et en premier lieu la cause palestinienne et celle de la Ville Sainte.
Le responsable égyptien a démenti des propos colportés par certains milieux selon lesquels les relations bilatérales connaissent un certain relâchement ou qu'il y ait concurrence dans les rôles entre le Maroc et l'Egypte. Notre relation avec le Maroc est exemplaire et ne souffre d'aucune mésentente ou désaccord. Bien au contraire, elle demeure ininterrompue. Le Président Moubarak se concerte en permanence avec S.M. le Roi Mohammed VI comme il le faisait avec feu S.M. Hassan II, a affirmé M. El Baz.
Il ne faut pas oublier que le Président Moubarak était le premier responsable arabe à avoir mené, en 1975, une mission de bons offices entre les deux pays frères, le Maroc et l'Algérie, a souligné M. El Baz, ajoutant que c'est pour cela qu'il a une parfaite connaissance, et de la région et de la réalité des défis auxquels elle est confrontée.
Ce qui paraît pour d'aucuns comme une tiédeur ou une insuffisance dans les contacts ou les concertations n'est qu'une fausse impression, car il n'y a nulle place pour la concurrence entre les deux pays. Nous nous félicitons constamment du rôle de S.M. le Roi à la tête du comité Al-Qods, surtout que le Maroc occupe une place de choix aux niveaux islamique et arabe, et nous suivons avec intérêt ce qui s'y passe. Nous savons que le Royaume traverse, comme c'est le cas de l'Egypte, une étape de restructuration et de développement de ses capacités nationales, d'ouverture et de démocratie, a relevé M. El Baz.
Au registre des problèmes de la région, M. El Baz a exprimé sa conviction que les Etats-Unis n'ont pas encore décidé de manière catégorique de mener une attaque contre l'Irak et que Washington pourrait revoir sa position surtout qu'il existe des divergences à ce sujet au sein même de ce pays. M. El Baz a souligné qu'il est inconcevable que les Etats-Unis ou un autre pays puissent décider de mener une attaque contre l'Irak pour la simple raison de changer le régime qui ne leur plaît pas ou invoquant sa supposée dangerosité.
Le responsable égyptien a souligné, à cet égard, que l'Egypte et les pays arabes ne disposent pas d'informations avérées sur le développement par l'Irak d'un programme d'armement nucléaire ou de destruction massive, mettant l'accent sur la nécessité de mettre en place un système garantissant un contrôle ferme et acceptable de toute activité de production et de développement d'armes de destruction massive. Il a appelé, dans ce contexte, à l'adoption de l'idée proposée par le Président Moubarak pour faire de la région du Moyen-Orient une zone dépourvue d'armes de destruction massive et élaborer un calendrier à cette fin de façon à réduire les risques de déclenchement d'une guerre d'agression aux conséquences désastreuses pour la sécurité et la stabilité de la région.
D'autre part, M. Oussama El Baz a émis le souhait de voir l'Irak rassurer tous les peuples arabes voisins sur ses intentions pacifiques et qu'il n'a pas de visées hégémoniques régionales. Il s'est félicité, à cet égard, de la restitution par l'Irak des archives koweïtiennes, soulignant que ceci constitue un pas positif sur la bonne voie.
Concernant la manière de faire face à la campagne menée en Occident contre les Arabes et les Musulmans accusés de terrorisme surtout après les événements du 11 décembre, M. El Baz a indiqué que la situation requiert de l'Egypte, du Maroc et de tous les pays arabes et musulmans d'ouvrir un large débat avec l'Occident pour trouver des réponses à plusieurs questions sur la réalité de la civilisation et de la culture islamique. Est-ce une culture rejetant l'autre et se basant sur la contrainte et l'intolérance ? Comme le prétendent certains, ou, par contre c'est une civilisation appelant au dialogue et à l'acceptation de l'autre? Quelle est la position de l'Islam vis-à-vis du progrès, de la modernité, du développement, de la démocratie et de la femme ? Et comment expliquer que plusieurs pays musulmans ont connu l'apparition de mouvements extrémistes vouant aux gémonies ceux qui n'y adhèrent pas ainsi que le monde extérieur?
Ces questions doivent être clarifiées, non pas en adoptant une attitude défensive, comme si nous étions sur le banc des accusés, mais en essayant de démontrer aux autres qu'ils ont une méconnaissance de la culture islamique et nourrissent des préjugés contre les Arabes et les Musulmans pour des raisons diverses...
Tant il est injuste de se baser sur les propos d'un groupe extrémiste pour dire que c'est cela l'Islam, a-t-il fait remarquer.
Seuls les oulémas sont les mieux à même de se prononcer sur l'Islam. Et si l'on daigne interroger le patrimoine de l'Islam, il s'avère que cette religion est fondée sur le progressisme, croit en la science et en l'évolution des civilisations, et n'est point une religion réactionnaire comme d'aucuns le prétendent.
L'Islam prône le dialogue et la concertation avec l'autre, selon une approche empreinte de sagesse et d'écoute de l'autre, loin des appels à la haine et à l'inimitié.
Concernant les questions qui seront traitées lors du sommet entre S.M. le Roi et le Président égyptien, le conseiller politique du Président Moubarak a indiqué que les entretiens porteront sur les sujets qui préoccupent la oumma arabo-islamique à l'heure actuelle, et en premier lieu la question palestinienne et la situation tragique qu'endure le peuple palestinien à cause des agissements des forces de l'occupation israéliennes, ainsi que les efforts internationaux visant la relance du processus de paix afin de permettre à ce peuple de recouvrer ses droits légitimes, y compris la libération de son territoire et l'instauration d'un Etat indépendant ayant Al-Qods pour capitale.
Cette rencontre au sommet évoquera en outre, précise-t-il, la crise irakienne et les efforts déployés aux niveaux arabe et international pour écarter le spectre de la guerre et trouver une issue à la crise dans le cadre des Nations unies et par les moyens diplomatiques.
Les deux chefs d'Etat, poursuit-il, devront passer en revue les relations bilatérales et les démarches à entreprendre afin de consolider la coopération entre les deux pays dans divers domaines, de façon à servir les intérêts des deux peuples frères et de la nation arabe tout entière.
Dans une évaluation de la situation au niveau palestinien, qui se trouve aggravée par l'existence d'un gouvernement israélien extrémiste dirigée par Ariel Sharon, le responsable égyptien s'est dit persuadé que la politique de massacres et de destruction systématique suivie par Israël à l'encontre du peuple palestinien vise avant tout à faire avorter le processus de paix, voire à lui donner le coup de grâce et à précipiter, encore une fois, la région et le monde entier dans le cercle vicieux des solutions partielles qui ne peuvent aboutir à un règlement pacifique définitif et durable, ni à la réalisation de la stabilité et de la sécurité dans la région. Une telle politique, a-t-il ajouté, constitue une menace pour l'ensemble des peuples arabes et non pas seulement pour le peuple palestinien.
Evoquant l'évaluation par l'Egypte du plan de paix américain, M. El Baz a affirmé que son pays accueille favorablement cette initiative qui, selon lui, comporte de nombreux aspects positifs à mettre en valeur et d'autres aspects négatifs qu'il faudrait examiner, tels que l'attitude américaine persistance prônant le changement de la direction palestinienne, et qui ne prend pas en compte la volonté du peuple palestinien, et le déséquilibre, dans la mise en œuvre du plan de règlement, entre les exigences formulées à l'adresse des parties palestinienne et israélienne.
Le responsable égyptien a estimé que l'initiative américaine a la particularité de s'attacher aux accords conclus entre les deux parties par le passé et aux résolutions de la communauté internationale y afférentes, notamment les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et le principe de la terre contre la paix, d'autant plus qu'elle mentionne la nécessité de progresser sur les volets syrien et libanais. Il a fait remarquer que l'initiative américaine parle pour la première fois, et sans ambiguïté, de la nécessité d'instaurer un Etat palestinien indépendant doté des attributs de viabilité, de même qu'elle insiste sur le fait que la clef du problème réside dans la fin de l'occupation, ce qui revient à reconnaître qu'il s'agit d'une occupation et non de territoires contestés.
M. Oussama El Baz a relevé, toutefois, l'iniquité de la vision américaine quand elle somme la partie palestinienne de prouver d'abord sa bonne foi en entreprenant des dispositions déterminées et des réformes fondamentales sur les plans politique, financier et sécuritaire, au moment où Israël n'est tenu de faire aucun geste, alors qu'il serait judicieux que les deux parties soient incitées à s'impliquer parallèlement et équitablement non seulement à travers la définition des droits et des devoirs de chacune, mais aussi dans l'exécution et la mise en application, ce qui requiert la supervision de ce processus par une tierce partie.
Concernant la crise irakienne et les menaces de frappes militaires à l'encontre de ce pays, le responsable égyptien a indiqué que son pays considère que la résolution de ce problème exige une mobilisation collective de la communauté internationale par le biais de l'O.N.U., de manière à ce que cette mobilisation soit efficiente et acceptée, car elle émanerait d'un organe jouissant de légitimité et d'objectivité dans une large mesure.
Parallèlement, a-t-il ajouté, l'Irak devra s'engager à respecter les résolutions du Conseil de sécurité et autoriser le retour des équipes d'inspection des armes de destruction massive, sans entrave aucune. Plus l'engagement de l'Irak est clair dans l'application de ces résolutions, moins les prétextes avancés par une quelconque partie pour mener des opérations militaires seront recevables, a-t-il dit.
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