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Les services publics au Maghreb et au Machreq: rôle et enjeu

Les services publics au Maghreb et au Machreq est le thème d'une rencontre-débat qui a eu lieu, lundi soir à Rabat, à l'initiative conjointe de l'Institut français de Rabat (IFR) et du Centre de recherches Jacques Berque.

12 Février 2002 À 21:14

Après avoir rappelé que cette rencontre, se tient à l'occasion de la parution en décembre 2001 de l'ouvrage collectif publié, sous le titre les services publics et leurs dynamiques au Machreq et au Maghreb, aux éditions L'Harmattan, M. Nadir Boumaza, professeur universitaire et directeur du Centre Jacques Berque, a souligné que les services publics jouent un rôle déterminant dans l'évolution des sociétés.
Le choix du thème, a-t-il dit, est d'autant plus important qu'il traite de questions d'actualité ayant trait aux rôle et enjeux des prestations de services publics, eu égard notamment à l'augmentation des besoins de la population en eau, en électricité, en moyens de communication etc.

Solution miracle

Pour Mme Chantal Chanson-Jabeur, chargée de recherche au CNRS (Cedet, Paris VII), l'organisation de la vie collective peut se faire par le biais de la prestation de la part de l'autorité publique ou par la délégation à une tierce partie, ajoutant que les autorités publiques de plusieurs pays du Maghreb et Machreq assuraient elles-mêmes les prestations de différents services publics avant de remettre en cause ce principe au début des années 80, sur recommandations des organisations financières internationales.
Traitant de la question des services publics sous l'angle des transports collectifs à la lumière de l'expérience marocaine dans ce domaine, Mme Touria Zhiri-Oualalou, enseignant chercheur à l'université Mohammed V de Rabat, a rappelé qu'en juillet 1986, l'irruption des premiers transporteurs privés de Casablan-ca a été considérée comme la solution miracle et définitive à tous les problèmes de circulation dans les villes marocaines.

Recouvrer la maîtrise

Pour répondre à la demande croissante en matière de transport urbain, les pouvoirs publics ont décidé dès le début des années 80 de procéder à la libéralisation du secteur des transports, a indiqué Mme Zhiri-Oualalou, rappelant que des concessions de transport urbain ont été accordées à des exploitants privés à Casablanca et Rabat-Salé, puis dans les autres grandes villes du Royaume, même celles qui n'ont jamais organisé de transport communal telle Kénitra, a-t-elle ajouté. Se basant sur le cas du Maroc en matière de gestion de l'eau, Mme Béatrice Allain-El Mansouri, chercheur, a souligné que l'instauration du protectorat a provoqué une rupture majeure dans la gestion et dans la perception de l'eau potable dans les villes marocaines, en contribuant à conférer à l'eau la place de bien marchand, source de profit, nécessitant une organisation industrielle du secteur.
L'accession à l'indépendance s'est traduite par la volonté d'en recouvrer la maîtrise dans un premier temps, puis d'assurer son accès à tous, pour amorcer un désengagement vis-à-vis de ce secteur par la suite, a-t-elle noté. Traitant de la question des services publics dans sa dimension sanitaire, M. Mustapha Chouiki, professeur universitaire, a souligné que le secteur de la santé constitue l'un des services publics qui influencent le plus la dynamique urbaine, ajoutant que le secteur de la santé participe activement au fonctionnement de l'espace urbain, à sa configuration sociale, à sa gestion et partant à sa dynamique globale.
La multiplication des composantes libérales du système de santé a permis à ce secteur au Maroc de s'imposer au niveau des structures sanitaires de base et de s'adjuger le privilège de la proximité, a-t-il relevé, ajoutant que cet état de fait a favorisé l'accroissement des disparités socio-spatiales.
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