Fête du Trône 2006

Maroc-France : Pour un partenariatculturel de proximité

Conformément aux vœux de S.M. le Roi Mohammed VI, exprimés lors de sa visite d'Etat en France, en mars 2000, le partenariat entre le Maroc et la France, par touches successives, se transforme. Sans rien perdre de son originalité et de sa substance, la for

24 Novembre 2002 À 21:24

Il met à sa disposition également un «outil» budgétaire sur don, désormais bien connu ici, le Fonds de solidarité prioritaire (FSP), et apprécié : il a fait ses preuves pour l'aménagement du territoire (2000), la recherche scientifique appliquée à la mise à niveau de l'entreprise (2001). Les possibilités qu'il offre d'une relation contractuelle, pluriannuelle, à partenariat égal (importantes contreparties marocaines) sont aujourd'hui utilisées sur trois projets importants qui correspondent bien à la «feuille de route» de nos chefs de gouvernement : l'éducation pour tous, la réforme du système de santé et le développement culturel.
La caractéristique de ces projets d'un nouveau type, c'est leur profonde intégration : à la vie de l'Etat puisque leur gestation associe étroitement tous les ministères concernés. Il faut souligner ici le rôle très actif et bénéfique du ministère des Finances et de la Privatisation pour assister les ministères et notre ambassade dans la lecture des projets et le contrôle d'engagement de tous les partenaires. Ce rôle est essentiel pour des projets impliquant désormais des acteurs multiples : administrations centrales, déconcentrées, collectivités locales…Car ces projets sont également très intégrés à la vie locale. Et c'est là l'occasion de souligner que l'effort français, dans ces projets, tient aussi à la mise à disposition de l'expérience française en matière de déconcentration et de décentralisation. Chacun des projets que signés aujourd'hui, porte en effet la double marque d'un accompagnement des politiques publiques et d'un accompagnement du Maroc dans son effort de déconcentration et de décentralisation.
La convention de coopération bilatérale que nous renégocions en ce moment porte justement sur l'implication de nos sociétés dans le partenariat.
Les projets
Le projets d'appui à l'enseignement fondamental (6 millions d'euros d'investissement, 1 million d'euro d'assistance technique, prise en charge des coûts récurrents par la partie marocaine : fonctionnement, amortissement des matériels, coûts de formation) résulte de l'application de la charte pour l'éducation et la formation dont l'un des traits caractéristiques est la mise en place d'académies régionales d'éducation et de formation, établissements publics chargés en région de la gestion de la politique scolaire.
Si l'accès du plus grand nombre à l'école est désormais quasiment acquis, il reste que l'école doit s'assurer que le projet éducatif local garantisse que les populations les plus vulnérables, notamment les filles, aient accès et restent à l'école. Les zones rurales sont de ce point de vue encore fragiles; voilà pourquoi 4 académies sur 16 ont été retenues : Tétouan-Tanger, Al Hoceïma, Agadir et Marrakech, qui représentent à elles seules 50 % du monde rural, 22 délégations du ministère de l'Education nationale sur 71. Elles scolarisent 1.392.000 élèves du primaire (38 % au niveau du pays) et 278.000 élèves en collège (28 %) dont respectivement 30 % et 23 % de filles.
Trois types d'actions ont été retenus dans ce projet : le projet académique, élaboré à partir des résultats des élèves à l'école; la qualité de l'enseignement dans les classes par la formation des maîtres et des inspecteurs, enfin, le partenariat entre l'école et la communauté éducative, essentiel pour que l'école et tous ses acteurs s'organisent autour de l'élève.
Santé : contexte
Afin de corriger les déséquilibres structurels et les dysfonctionnements de son système de santé, le gouvernement marocain a engagé un processus de rénovation de sa politique sanitaire qui repose sur 3 grandes réformes :
- la régionalisation de l'organisation sanitaire (déconcentration des responsabilités et des ressources);
- la réforme du financement de la santé (extension de la couverture sociale par la création d'une assurance-maladie obligatoire AMO appelée à couvrir 30 % de la population, et la mise en place d'un Régime d'assistance médicale, RAMED, pour la population indigente);
- la réforme hospitalière (il y a 112 hôpitaux publics) dont le cœur est l'instauration d'une véritable autonomie des établissements hospitaliers (passage au statut d'EPA).
Cette troisième réforme est actuellement la plus largement engagée des trois. Elle est soutenue avec des moyens financiers considérables, sur le plan principalement des infrastructures et des équipements, par l'Union européenne (PAGSS - 20 millions euros) et la Banque mondiale (PFGSS - 66 millions de dollars).
Bénéficiant d'une institution de formation en santé publique unique et reconnue internationalement, l'Ecole nationale de santé publique, de Rennes, la France a accepté de répondre à une demande du ministère de la Santé d'accompagner cette réforme au niveau du renforcement durable des compétences d'une part, des gestionnaires des établissements hospitaliers devenus autonomes, d'autre part, des inspecteurs chargés de les contrôler.
C'est ainsi que le présent FSP appuie :
a) la réforme de l'Institut national d'administration sanitaire (INAS) pour y mettre en place une filière de formation en gestion hospitalière, niveau "mastère», ouverte aux cadres hospitaliers;
b) la modernisation de l'Inspection générale de la santé. Un souci permanent du projet est que s'il y a transfert bien d'expérience en matière d'ingénierie pédagogique et de connaissances théoriques, les modules d'enseignement restent fondés sur le contexte marocain, toutes les études de cas étant tirées du terrain.
• Le développement de la lecture publique correspond au Maroc à un double enjeu culturel et éducatif. Il est donc parfaitement cohérent avec le projet concernant l'enseignement fondamental.
C'est une opération importante estimée à plus de 9.000.000 euros au total dont 3.000.000 pour la partie française. 10 pôles d'accès à l'information et à la documentation, incluant les nouvelles technologies, seront créés. Chacun comprendra 1 médiathèque pilote et 10 bibliothèques satellites soit au total une centaine de centres de ressources localisés sur l'ensemble du territoire: au sud, Tiznit et Ouarzazate, au centre Béni Mellal et Khouribga, au centre-est Fès, Meknès, Taza, dans l'Oriental, Oujda, sur la côte, Rabat…
• Le musée Royal du patrimoine et des civilisations (convention d'aide budgétaire).
M. Achaâri, ministre de la Culture, avait sollicité la France pour l'étude de programmation de ce nouvel établissement, prévu pour occuper l'emprise de l'ancienne Résidence.
Le choix de M. Patrick O'Byrne pour cette mission d'étude est lui aussi symbolique : auteur des programmes d'Orsay, du Louvre, de la réhabilitation du grand musée du Caire, il apporte au Maroc, une référence de poids. La qualité du programme a été soulignée par les 22 cabinets qui ont concouru.

Jean Christophe Deberre, (Conseiller de coopération et d'action culturelle française)
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