Guus Hiddink, l'entraîneur hollandais de la Corée du Sud, confessait avec beaucoup d'humilité au soir de la qualification de son équipe aux demi-finales : «Si quelqu'un avait envisagé pareil parcours pour notre sélection avant le Mondial, on l'aurait pris
LE MATIN
24 Juin 2002
À 20:37
Aujourd'hui que ce pari fou a été réalisé avec les scènes de délire de tout un peuple à chaque victoire, on peut se demander jusqu'où peuvent aller les Coréens.En finale ? Bien sûr que c'est du désormais du domaine du possible quand on voit la longue liste des victimes : Pologne, Portugal, Italie et Espagne. Les Diables rouges ont rendu sa fierté au peuple coréen sorti meurtri et écartelé de la guerre puis étouffé sous les régimes militaires. Après le quart de finale remporté contre l'Espagne, ce sont 4 millions de fervents et frénétiques supporters installés devant les écrans géants à travers tout le pays qui ont déferlé dans les rues pour crier leur joie. En cinq participations à une Coupe du monde, la Corée du Sud n'avait pas gagné un seul match, et puis tout d'un coup, c'est une avalanche de succès. Et face à l'Allemagne, sur leur lancée, ces Diables rouges sont en mesure d'écrire une nouvelle page glorieuse avant de rêver d'un sacre. Eric Cantona, l'ancien international français, a déclaré à leur propos : «Au rythme auquel ils évoluent, je trouve les Coréens trop en forme», façon déguisée de s'étonner de leur état de fraîcheur avec l'allusion que l'on devine à propos de leur condition physique. Nous dirons pour notre part, que leur transcendance vient surtout du soutien incomparable de leur public et il ne faut point s'étonner de leur dépassement de soi. Les Allemands ont avancé tout doucement dans ce Mondial, laissant toute initiative de jeu à l'adversaire pour porter le contre meurtrier au moment opportun et cette tactique leur a apparemment réussi puisqu'ils n'ont encaissé jusqu'à présent qu'un seul but. Rudi Voller, leur coach, reconnaît les limites de son équipe : «Nous ne jouons pas dans la même division que le Brésil, par exemple, mais notre esprit d'équipe et notre sens du collectif peuvent nous permettre de battre n'importe quel adversaire». Le réalisme allemand, c'est de défendre intelligemment avec des lignes arrières fort disciplinées et comme les médians participent également à ce jeu de récupération du ballon, les occasions de but sont très peu nombreuses pour le camp adverse. Et puis cela dit, il faut aussi tenir compte du dernier rempart appelé Kahn, le gardien du temple teuton, barrière quasi infranchissable. Aux Diables rouges de démentir tout cela !.