Nouveau signe de détente entre Ryad et Baghdad
L'Arabie saoudite a donné son accord à l'ouverture d'une mission diplomatique irakienne auprès de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) à Djeddah, confirmant une détente dans les relations avec l'Irak, rompues depuis la guerre du Golfe en 199
«Le ministère saoudien des Affaires étrangères a donné son accord» à une demande de l'Irak d'accréditer un ambassadeur auprès de l'OCI, basée à Djeddah, sur la mer Rouge, a déclaré un diplomate arabe à Ryad, cité par le quotidien arabe Al-Hayat, édité à Londres à capitaux saoudiens. Cette mesure témoigne de «la détente dans les rapports entre l'Arabie et l'Irak», dont les relations diplomatiques ont été rompues en février 1991, en pleine guerre du Golfe, à l'intiative de Bagdad, a déclaré à l'AFP un diplomate du Golfe basé à Ryad. L'ambassadeur irakien auprès de l'OCI, qui pourrait s'installer dans les locaux du consulat irakien à Djeddah, fermé depuis la rupture des relations irako-saoudiennes, devrait s'occuper aussi des contacts ultérieurs entre Bagdad et Ryad.
L'universitaire irakien Mohamed Magid Al-Saïd est pressenti pour diriger la mission diplomatique irakienne auprès de l'OCI, a indiqué début mai un journal irakien. Les deux pays sont engagés dans un rapprochement, amorcé au sommet arabe de Beyrouth, fin mars, à la faveur d'une rencontre entre le prince héritier saoudien Abdallah Ben Abdel Aziz et le numéro deux irakien Ezzat Ibrahim. «Les Saoudiens sont satisfaits des nouvelles orientations de la politique irakienne», a déclaré à l'AFP une source diplomatique saoudienne.
Cette source, qui a requis l'anonymat, a fait état de «l'arrêt par Bagdad de sa campagne médiatique hostile au royaume, mais aussi de la récente acceptation par Bagdad de la résolution 1409 du Conseil de sécurité de l'ONU et la disposition de l'Irak à envisager un retour des inspecteurs internationaux en désarmement».
Respect des engagements
L'acceptation par Bagdad de la 1409 portant sur une réforme des sanctions de l'ONU, que la presse irakienne continue à critiquer, est un signe que Bagdad respecte ses engagements pris au sommet de Beyrouth, a-t-on ajouté de même source.
Outre son engagement public à respecter la souveraineté du Koweït qu'il avait occupé pendant sept mois en 1990-91, l'Irak a promis de poursuivre l'application des résolutions de l'ONU relatives à la crise du Golfe.
En contrepartie, les monarchies du Golfe, y compris le Koweït, ont affiché leur opposition à une éventuelle frappe militaire américaine contre l'Irak, envisagée, un moment, avec insistance à Washington mais qui semble aujourd'hui s'estomper. Cette opposition a été transmise par le prince Abdallah au président américain George W. Bush lors de leur rencontre au sommet fin avril au Texas (Etats-Unis). «Le prince Abdallah et les autres dirigeants arabes du Golfe sont soucieux de prévenir tout facteur de tension dans la région, en favorisant une détente avec l'Irak mais aussi avec l'Iran», a expliqué à l'AFP l'ambassadeur d'un pays du Golfe en poste à Ryad. «Nous ne voulons pas avoir de problèmes en cas de détérioration de nos relations avec ces deux pays voisins», a ajouté l'ambassadeur, qui a requis l'anonymat.Il s'exprimait après le sommet bi-annuel du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui a adopté dimanche un ton conciliant envers l'Irak. Alors que les Emirats arabes unis et Oman ont conclu avec l'Irak des accords sur l'établissement de zone de libre-échange, une formule proposée aussi par Bagdad à l'Arabie, ce dernier pays s'apprête à rouvrir son principal poste-frontière avec l'Irak pour faciliter les échanges entre les deux pays.