Portrait de feu Ahmed Madhar: l'homme qui a dit non à David Lean
Ahmed Madhar, puisque c'est de lui qu'il s'agit, s'est éteint mercredi dernier, à l'âge de 80 ans.
>Il a évalué aux côtés de personnages de premier plan qui ont marqué de leur empreinte le cinéma arabe, et particulièrement le cinéma égyptien, durant la
LE MATIN
10 Mai 2002
À 20:32
Il s'est distingué dans les sports équestres (il faisait partie de la cavalerie égyptienne où il avait côtoyé de nombreuses célébrités dont Gamal Abdennacer), pour se frayer une carrière dans le cinéma.
Acteur et sportif
Ahmed Madhar né en 1922, au sein d'une famille bourgeoise, sera attiré dès son jeune âge par le sport. Particulièrement les sports équestres qui vont lui ouvrir plus tard les portes de l'Académie militaire pour côtoyer Jamal Abdennacer et Anouar Sadate.
Affecté à la cavalerie, eu egard à son talent, Ahmed Madhar se joindra à l'équipe égyptienne des sports équestres et représentera son pays dans diverses compétitions internationales.
Aux côtés des "grands”
Après la révolution des officiers libres, menée par Najib et son "noyau” en 1953, pour déposer le Roi Farouk, Ahmed Madhar quittera la direction de l'école militaire de Cavalerie pour se découvrir une nouvelle passion : le 7ème art.
Sa première apparition sur le grand écran date de 1951 lorsqu'il joua aux côtés de Imad Hamdi dans ce qu'on peut qualifier à l'époque, de super production égyptienne: "Dohour Al Islam” (L'aube de l'Islam), de Niazi Mostafa.
En 1975, il tournera dans "La route de l'espoir” puis "Roudou Kalbi” (Rendez-moi mon cœur).
La stature de l'acteur, son penchant pour les rôles de seigneur, aristocrate, homme de principes et dur comme un roc et prêt à braver tous les dangers pour arriver à ses fins allaient le mettre sur la voie de la consécration quand il jouera dans "Douaâ Al Karawane” (L'appel du courlis), d'après le roman du célèbre Taha Husseïn en 1959.
Aux côtés d'Ahmed Barakat, l'on retrouvait deux grandes vedettes du cinéma arabe, Faten Hamama et Majda.
"L'appel du courlis” sera le premier film arabe à être sélectionné pour la première fois au festival de Cannes.
Le "cadeau” d'Ahmed Madhar à Omar Sharif
Le succès d'Ahmed Madhar se poursuivit et on le remarquera dans plusieurs œuvres de qualité dont :
"La romance des maîtres”, en 1961
"Le Caire 1930” en 1966
Et surtout, l'interprétation magistrale dans la superproduction "Salah Eddine Al Ayoubi” (1963).
Il faisait partie des "grands du cinéma égyptien” tels Farid Chawki, Mahmoud Lemliji, Imad Hamdi, Zaki Rostom, Husseïn Riad, Mahmoud Yassine et d'autres.
En 1962, Sir David Lean, producteur et réalisateur à qui nous devons des chefs-d'œuvre tels "Le pont de la rivière Kwaï”, "Lawrence d'Arabie” "Dr Jivago” et "La fille de Ryan” allait l'appeler.
Pourquoi ?
Pour figurer dans "Lawrence d'Arabie” aux côtés de Peter O'tool.
Il décline l'offre pour la simple raison que David Lean ne s'était pas adressé à lui directement.
Déçu par cette attitude, David Lean, "Pioche” dans le casting qu'on lui proposait à l'époque.
Et c'est par hasard que David Lean choisit Omar Sharif qui prit donc la place d'Ahmed Madhar dans "Lawrence d'Arabie”. Puis, pour Omar Sharif, c'était le début d'une carrière internationale, Ahmed Madhar compte un riche palmarès dans le cinéma (plus d'une centaine de films), à la télévision où il jouera dans plus de 30 œuvres, surtout historiques et au théâtre une dizaine d'œuvres dont surtout "Al Watan”.