Premier tour des élections françaises : Chirac et Le Pen en tête
L'abstention a atteint dimanche un record absolu pour un premier tour de l'élection présidentielle en France, se situant entre 28 et 29%, contre 21,6% lors du scrutin précédent, en 1995, selon les estimations convergentes des instituts de sondage à 18H00
21 Avril 2002
À 20:56
Le président de droite sortant Jacques Chirac et le dirigeant d'extrême droite Jean-Marie Le Pen arrivent en tête de ce premier tour, alors que Le Premier ministre socialiste Lionel Jospin est éliminé, selon ces instituts de sondage. Les Français ont commencé à voter sans empressement dimanche, notamment à Paris, pour désigner parmi seize candidats les deux personnalités qui brigueront dans quinze jours le mandat de Président de la République. Les deux favoris, le chef de l'Etat sortant Jacques Chirac (droite) et le Premier ministre socialiste Lionel Jospin, ont voté dans la matinée pour ce premier tour d'un scrutin dans lequel l'abstention est l'une des principales inconnues. A la mi-journée, la participation était l'une des plus faibles des élections présidentielles de la Vème République, fondée en 1958, avec 21,41% des 40 millions d'électeurs inscrits s'étant rendus aux urnes, selon le ministère de l'Intérieur. Cette participation est inférieure à celle du premier tour du dernier scrutin présidentiel, en 1995 (22,52%). La désillusion générale avec la politique, le beau temps et des vacances scolaires dans une partie de la France ont joué en faveur d'une faible mobilisation en début de journée. Aucun incident n'avait été enregistré depuis l'ouverture du scrutin à 08H00 (06H00 GMT) des 64.000 bureaux de vote dans les 36.000 communes de France métropolitaine et des départements et territoires d'Outre-mer (Antilles, Réunion, Mayotte, Nouvelle-Calédonie et Polynésie, notamment). Ce premier tour devait s'achever à 16H00 GMT et à 17H00 ou 18H00 GMT dans les grandes villes. Les sondages effectués à la sortie des bureaux de vote et publiés à partir de 18H00 GMT devaient permettre de connaître les deux candidats arrivés en tête. Ce scrutin au suffrage universel majoritaire permet de choisir les deux finalistes qui disputeront, le 5 mai, le second tour. Le vainqueur présidera pour cinq ans et non plus sept, conformément à une réforme constitutionnelle adoptée par référendum en septembre 2000. Outre MM. Chirac et Jospin, la plupart des seize candidats (douze hommes et quatre femmes), un nombre record dans la Vè République, ont voté dans la matinée. M. Chirac, 69 ans, a voté dans le village de Sarran (centre), où son épouse Bernadette est élue locale. M. Jospin, 64 ans, en a fait autant à Cintegabelle, un village proche de Toulouse (sud-ouest) où il est élu local. Au coude à coude dans les sondages, les deux hommes, qui n'ont pas fait de déclaration, ont été acclamés par leurs partisans et ont regagné Paris à la mi-journée. Dans la capitale, où la participation est toujours plus faible que dans le reste du pays, le taux était de 17,6% à 11H30 (09H30 GMT), le plus bas à la mi-journée pour un tel scrutin depuis 1965. Ces chiffres confirment les prévisions des instituts de sondage. L'abstention, selon ces Instituts, pourrait être élevée en raison du désintérêt de nombreux Français pour la politique après cinq ans de cohabitation entre les deux têtes de l'exécutif et du fait que nombre d'entre eux attendent de se prononcer directement au second tour. «Un premier tour à surprises...», a titré à la «Une» l'hebdomadaire «Le Journal du Dimanche», soulignant que «l'atomisation des candidatures et le vote protestataire peuvent conduire à des résultats étonnants». Candidat pour la quatrième fois, le dirigeant d'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, 73 ans, pourrait arriver, selon les sondages, en troisième position et une partie des voix de la gauche pourrait s'éparpiller sur les trois candidats d'extrême-gauche, notamment la trotskiste Arlette Laguiller, 62 ans, qui brigue pour la cinquième fois la magistrature suprême. L'élection présidentielle sera suivie d'élections législatives les 9 et 16 juin, qui donneront la dernière touche au nouveau visage politique de la France. En cas de victoire des adversaires du Président, aux législatives, une nouvelle cohabitation entre un chef de l'Etat et un Premier ministre commencerait et confèrerait de nouveau les principaux leviers du pouvoir exécutif au Premier ministre et à sa majorité parlementaire.