Spécial Marche verte

Retour à la féminité

Fleurs en tous genres, invasions de papillons et de libellules, camées revisités, bijoux dentelles, douceur de visages féminins dans des médaillons, une vague romantique souffle sur le bijou fantaisie même si l'esprit ethnique est loin d'avoir dit son

02 Septembre 2002 À 16:27

«C'est le retour au raffinement, à la féminité, au désir», explique Virginie Epron, créatrice de la griffe Lolita Pompadour, en hommage à l'héroïne du roman de Nabokov et à la maîtresse du Roi Louis XV. «C'est l'anti-porno chic», affirme la styliste qui glisse des camées dans une résille noire, imprime le visage de Madame de Pompadour sur des plumes d'oiseaux-broches ou reproduit d'anciennes images libertines sur de grosses bagues.
Claudine Vitry s'est inspirée elle aussi de Mme de Pompadour pour des bijoux fleurs en résine imitant le corail - par souci d'environnement - et a puisé dans l'oeuvre du peintre du 19e Dante Gabriel Rossetti pour restituer des visages de femmes très raphaéliques qu'elle glisse dans des médaillons.
«Notre époque est marquée par le retour aux anciennes valeurs. Les femmes veulent retrouver leur féminité, leur rôle de mère, tout en gardant leurs acquis dans la société», juge-t-elle. Et le style des bijoux fait penser «à ceux de nos grand-mères, aux vieux trousseaux, aux vieux intérieurs avec les tapisseries».
Linda Lacroix nage en «plein romantisme» avec ses médaillons où trônent les sept maîtresses du roi de Bavière, ses tours de cou en dentelle de fil de métal sur lesquels s'accrochent des muras et autres mousselines. Les sacs «cocotte» ou «moulin rouge» accompagnent ses bijoux qui associent dans un désordre étudié passementerie et pierres.
Source d'inspiration dans la bijouterie depuis des siècles et symboles de la féminité, les papillons et libellules ont à nouveau envahi les stands. En strass ou en pierres multicolores, ils affichent leur légèreté. Même les araignées et leur toile ne font plus peur sur une broche signée du grec Panos Frangos, pas plus, dans un autre genre, que le collier-serpent de David Ferchaux.
Chez Vivienne Westwood, les petites bêtes sont un peu plus grosses. En hommage aux jardins anglais et aux animaux que l'on peut y croiser, lapins, oiseaux et grenouilles se promènent sur les colliers et les bracelets de la créatrice britannique.
Côté ethnique, le collier pectoral et le ras de cou se taillent la part du lion avec des pièces imposantes dans des matières luxueuses aux tons naturels allant du blanc au noir en passant par toute une déclinaison de sables, beiges et marrons comme chez l'Italien Daniele Cornaggia ou le Français Jacques An Lanh.
Plus ludiques, les créations de Fifi la Ferraille sont fabriquées à partir d'objets aussi insolites que des vis violon, des écrous papillon, des ressorts et autres mécanismes d'horlogerie pour restituer d'étonnants colliers tribaux ou safari et transformer la femme en guerrière des villes.
Copyright Groupe le Matin © 2025