Spécial Marche verte

Rompre le malaise des habitants

Fès et Meknès sont deux villes qui vivent de sérieux problèmes écologiques. Ces handicaps altèrent non seulement le bien-être des habitants, mais aussi le processus d'un développement économique et social . Une prise de conscience collective envahit toute

17 Février 2002 À 17:33

Fès et Meknès, deux villes séculaires qui ont connu de prodigieux moments civilisationnels, les propulsant perpétuellement sur le piédestal de la gloire.
Elles sont tellement belles, riches et enferment en elles des trésors humains et historiques inestimables qu'elles sont parvenues à retourner sur les devants de la scène avec de grandes manifestations. Le fabuleux chef-d'œuvre, la reproduction de Bab Mansour de Meknès, érigée en plein centre à Paris, à l'occasion du Temps du Maroc en France, a été le plus beau témoignage des talents indiscutables d'une ville millénaire. Quant à Fès, il suffit juste de prononcer son nom pour plonger dans une ambiance sacrée générée par son festival devenu, depuis 1994, le rendez-vous incontournable pour célébrer, en symbiose, les musiques du monde les plus enfouies dans la mémoire collective de l'Humanité. Ce beau tableau comporte en lui quelques touches sombres. Malheureusement, et à l'instar des grandes agglomérations, l'explosion démographique et une relance économique mal maîtrisée, ont plongé ces deux villes dans de grands déficits environnementaux.
Et comme l'environnement ne figure point parmi nos priorités, et que nous n'arrivons pas encore à établir le lien entre le besoin urgent de préserver notre environnement censé nous conduire vers un développement socio-économique durable, la commission chargée de l'étude des conditions écologiques dont nous avions traité les 12 et 13 février derniers parle d'une perte de 20 milliards de DH par an pour l'Etat. C'est vrai que cette commission a élaboré un rapport dans lequel elle compte exécuter 120 projets, mais que deviendront-ils sans l'engagement infaillible de toutes les parties, Etat et citoyens. Dans ce sens, une démarche judicieuse a été mise en place par l'association Fès-Saiss qui, pour atténuer le mal, a fondé, depuis deux ans, la Maison de l'environnement, financée partiellement par la Commission européenne.
Étant donné que le cheval de bataille de cette structure est la résolution de l'équation, économie et environnement dans les villes de Fès et Meknès, la Maison de l'environnement tâte tous les terrains susceptibles de faire aboutir ses projets. Elle devient, ainsi, la plaque tournante entre la société civile, les institutions se consacrant à la préservation de l'écosystème, et les autorités locales.
Puisque les actions de la Maison de l'environnement se veulent ponctuelles, elle compte bien agir en amont et en aval. Elle vise essentiellement le milieu scolaire, jugeant que les premiers concernés d'une opération de sensibilisation sont les jeunes.
Elle a donc élaboré des dossiers destinés aux enseignants, agrémentés de posters qui font office de lieux d'information sur l'impact de la pollution sur notre vécu quotidien. Des projets dénommés éco-citoyens sont conçus au sein des écoles et quartiers de Fès et de Mèknes.
Ils donnent la possibilité aux animateurs d'être formés à ce genre de projets qu'ils pourraient, à leur tour, relancer dans d'autres localités. D'autres formations qui dressent le diagnostic de la vitalité des arbres en milieu urbain, et qui démontrent le rapport des espaces verts avec l'éco-citoyenneté font partie des préoccupationsde la Maison de l'environnement. L'autre voie qu'elle compte défricher est la réalisation d'une monographie environnementale qui étudiera foncièrement les tenants et les aboutissants des conditions de l'environnement dans la ville de Fès. Cette prise de conscience est, certes salutaire. Mais elle ne peut tenir lieu de remède miracle. Sans rupture du triptyque de la misère (explosion démographique, pollution, et pauvreté), nulle solution ne tiendra la route.
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