«Saladin» De Geneviève Chauvel : le rassembleur de l'Islam
Figure emblématique et historique majeure, symbole de l'unité de l'Islam dans sa lutte contre l'Occident, Salah-Eddine Al-Ayoubi alias Saladin, sultan d'Egypte et de Syrie nous est connu comme étant le redoutable guerrier qui prit Jérusalem en 1187, uniss
LE MATIN
05 Décembre 2002
À 16:46
Certes, à l'heure où le monde islamique semble ouvrir un dialogue de tolérance et de communication à l'échelle planétaire dans le but de donner l'image réelle de l'Islam, écrivains, chercheurs, philosophes théologiens et hommes de sciences, voire même cinéastes ont participé pleinement afin de comprendre un passé glorieux et mémorable dont se nourrit jusqu'à présent le monde arabe.
C'est à quoi nous invite Geneviève Chauvel, grand reporter, spécialiste de l'Histoire du Moyen-Orient, dans ce récit épique, foisonnant de vérités fascinantes, fruit de plusieurs années de recherches sur les lieux où vécut Saladin, il y a 800 ans.
En effet, l'auteur s'est rendue sur les grands théâtres d'opération d'Afrique, d'Orient et d'extrême Orient : Vietnam, Biafra, Angola, guerre des six jours, Septembre Noir à Aman, guerre du Kippour en Israël, et des personnalités parmi les plus marquantes ont répondu à ses questions (Hussein de Jordanie, Arafat, les Emirs du Golfe, Anwar Sadate, Kadhafi, Dayan, Bégin…) qui lui ont permis de réunir une documentation considérable sur cet Orient tant méconnu de l'Occident !
Qui connaît Saladin aujourd'hui ?
Au XIIe siècle pourtant, ce nom fit trembler la chrétienté. Cependant, dans les mémoires arabes, il résonne encore comme un symbole d'unité et de lutte de l'Islam pour sa pérennité.
Né dans une famille kurde, à Tabrit en Irak, le jeune Youssef, Vassal entre les Vasseaux, se sentait davantage attiré par l'aventure spirituelle que par la guerre et les vanités du monde. Mais obéissant à la volonté divine, il sera néanmoins obligé de se forger une âme de rassembleur et de conquérant pour reprendre Jérusalem, la ville sacrée occupée par les Croisés depuis 1099.
Toutefois, devenu malgré lui le célèbre «Salah-Eddine», Sultan d'Egypte, de Syrie, de Mésopotamie et du Yémen, il parviendra alors, après trente ans de lutte à rallier sous sa bannière couleur soleil ses voisins arabes divisés, puis à les entraîner, à la tête d'une armée colossale, sur les chemins de la guerre Sainte et de la victoire. Ainsi, dans ce passionnant récit peuplé de héros, des traîtres, de rois, de reîtres, de sages, de fous sanglants que nimbent les noms magiques de Baghdad, Damas, Beyrouth,
Le Caire, Byzance, Saint Jean-d'Acre… c'est Saladin lui-même, selon une reconstitution historique rigoureuse, qui raconte son prodigieux destin d'homme de paix, condamné à se battre jusqu'à son dernier souffle et à affronter deux conceptions de Dieu, alors que, pensait-il, il n'existait qu'un Dieu unique pour rassembler tous les hommes.
C'est dans cette vision que nous l'imaginons à travers notre pensée nostalgique… Ce qui a motivé, sans aucun doute, la réalisation de cette grande série sur la vie réelle de Salah-Eddine Al-Ayoubi, diffusée tout au long du mois sacré du Ramadan dans plusieurs chaînes de télévision du monde arabe.
C'est dire que nous ne sommes pas prêts d'oublier cet homme illustre qui a marqué profondément et à jamais l'histoire du monde arabo-islamique.