Naissance de SAR Lalla Khadija

Se loger à Rabat n'est pas chose aisée

Pour 2.000, 00 dh, vous avez droit à la périphérie...ainsi peut être résumée, et de façon lapidaire, la situation du logement à Rabat. L'intervention de l'Etat qui se fait à grande échelle ne concerne en réalité que l'habitat social et la lutte pour la ré

14 Mai 2002 À 19:26

Un tour auprès des agences immobilières est significatif à cet égard: face à une demande qui reste assez forte, les professionnels de l'immobilier proposent un parc limité et à des prix inabordables.
Le tassement des ventes que les uns et les autres attribuent à une crise qui perdure depuis 1991 et trouverait son origine dans la guerre du Golf n'a pas pour autant de conséquences directes sur le logement locatif.
Au contraire, les professionnels estiment le nombre de logements initialement destinés à la location mais maintenus fermés par leurs propriétaires à quelques 5.000 appartements.
Les points de vue des uns et des autres face à la situation divergent: propriétaires et locataires expliquent la situation de façon différente et s'accusent mutuellement du blocage des prix et de la rareté des appartements à louer.
Les propriétaires et les professionnels avancent la crainte de " livrer " un appartement à des locataires qui finissent par ne plus honorer leurs loyers. Malgré la nouvelle réglementation sur le loyer, la situation n'a pas beaucoup évolué. Loin de là. Dans un tel cas de figure, la crainte de traîner l'affaire en justice pendant des mois et des mois justifie à lui seul le refus de louer et de garder l'appartement " vide et fermé ".
De l'autre côté, l'accusation fuse: la promotion immobilière reste un secteur de spéculation par définition et il n'est pas étonnant dès lors que le prix soit fixé selon l'arbitraire des appétits des uns et des autres. La preuve enfin que le secteur a mangé son pain blanc, plusieurs agences immobilières ont fermé, mettant l'immobilier entre les mains des intermédiaires ( gardiens de voitures, concierges, etc).
En fait, pour les candidats au logement, le déficit maintenu artificiellement n'a qu'un objectif: garder en l'état la logique spéculative qui domine le secteur .
L'aspect spéculatif des prix proposés reste la cause principale sinon unique des difficultés dans le payement des loyers: comment, en effet, payer un loyer qui dépasse souvent la moitié du salaire du chef de foyer ? La question n'est pas de pure forme et des comparaisons entre le prix du loyer et les salaires pratiqués, aussi bien au niveau du privé que de l'administration, le montrent clairement. Et encore, n'est-il question ici que des salaires qui dépassent les 2.500, 00 dh !
Le loyer n'étant jamais une rubrique seule et unique dans les dépenses d'un foyer, l'on comprend les difficultés qui peuvent se poser au salarié moyen pour s'acquitter d'un loyer qui le met face à des choix difficiles à assumer: entre la nourriture, la scolarisation des enfants et le règlement du loyer, par exemple, la décision est vite prise au détriment du loyer.
La spéculation et la " mauvaise habitude " qui consiste à refuser de s'acquitter de son loyer expliquent - elles pour autant la crise du logement à Rabat? Certes, non, les causes sont plus complexes et le loyer de l'argent, les délais de remboursement des prêts de construction, notamment, ne sont pas totalement étrangers à cette situation qui apparaît tout aussi pénible pour les promoteurs immobiliers que pour les candidats à la location d'un appartement.
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