«Seul au monde» ou le Robinson des temps modernes
Une projection « Presse » du film « Seul au monde » a eu lieu récemment à Casablanca. Une belle histoire humaine, avec peu de dialogues mais beaucoup d'émotions. C'est Tom Hanks qui a eu l'idée de « Seul au monde ». Il en avait parlé, six ans avant le déb
LE MATIN
26 Février 2002
À 20:59
«Il ne faut jamais commettre le péché de tourner le dos au temps », c'est la devise de Chuck Nolan (Tom Hanks), gestionnaire plus que compétent au service de FedEx, qui n'hésite pas à sauter dans un avion ou même à « emprunter un vélo » pour améliorer les performances de son entreprise, et stimuler ses équipes. Un obsédé du temps, un chevalier des temps modernes, qui n'a même pas le temps d'épouser la femme de sa vie, interprétée par Helen Hunt.
Néanmoins, lors de l'une de ses nombreuses courses contre la montre, l'avion qu'a emprunté Chuck pour un déplacement se crashe. Agrippé à son canot de sauvetage, il sera le seul rescapé de l'accident. Il va échouer sur une île déserte qui n'est sur aucune carte…
« Seul au monde » (Cast Away) est une réalisation de Robert Zemechis, qu'on retrouve d'ailleurs, avec Tom Hanks, sur la liste des producteurs. C'est la deuxième fois que l'acteur-rélisateur-scénariste-producteur Tom Hanks croise la caméra de Zemeckis. Ensemble ils avaient déjà livré au public le très fameux « Forrest Gump » (1995), qui avait valu un oscar à l'acteur.
Les dessous de l'histoire
« Seul au monde » relate l'aventure d'un homme livré aux forces de la nature mais surtout à lui-même. Dès sa première nuit sur cette île déserte, Chuck se rend compte qu'il doit mener un grand combat pour organiser sa survie. Commence alors une longue initiation aux gestes élémentaires de la vie. Comment se protéger de la pluie ? Comment chercher à boire et à manger ? Comment se soigner ?… Pour un homme dont le seul souci a toujours été d'arriver à l'heure et de ne jamais perdre de temps, cela fait beaucoup de changements, remises en questions et surtout perte de repères. Pourtant, des repères, il va, désormais, s'en créer.
Une première tentative de quitter l'île lui avait causé quelques soucis, n'ayant pas encore apprivoisé la mer pour mieux la connaître. Alors, en attendant une nouvelle tentative, notre héros robinsonien s'adapte à sa nouvelle vie… Pendant plus de quatre ans. Et pour rendre plus crédible le personnage, Hanks ira jusqu'à perdre une bonne vingtaine de kilos au cours du tournage. a saluer au passage, une brillante mise en scène, qui nous fait passer pendant une longue partie du film de tout dialogue (ou presque) ou encore de musique, sans pour autant ennuyer le spectateur qui reste attentif au déroulement de l'histoire de Chuck…
Dans « Seul au monde », c'est l'histoire d'un homme qui se réinvente qu'il faut retenir. Un homme qui perd et se dépouille de tous les artifices de la vie citadine pour se laisser envahir par la nature. Allant à la découverte de lui-même, Chuck se rend compte, qu'il peut survivre à ce qui lui arrive, ayant comme seuls compagnons de fortune, une photo de Kelly (Helen Hunt), sa bien aimée laissée à Mumphis, et « Wilson », un ballon de volley qu'il a retrouvé dans les colis que transportait son avion et que la mer a bien voulu transporter jusqu'à lui.
Ces cartons lui ont d'ailleurs été d'une grande aide. Il choisira pourtant d'en garder un fermé. Avec la paire d'ailes angéliques dessinée sur le paquet, celui-ci représentait l'espoir, la petite lumière au bout du tunnel qui peut, pourra peut-être, un jour, l'emmener vers une nouvelle vie, à laquelle il n'a jamais cessé de croire.
Quatre ans plus tard, Chuck eut enfin l'occasion de revenir à la civilisation, pour voir que le temps à Mumphis ne s'est pas arrêté en son absence. Mieux encore, il ne l'a pas attendu. Mais, notre héros a lui-même changé. Il a, lui aussi, sa nouvelle façon de voir les choses. La fin est d'ailleurs, loin de répondre aux standards hollywoodiens de base, elle pousse à la réflexion toute personne qui se retrouverait comme Chuck à la croisée des chemins.
près de 16 mois
Le tournage de « Seul au monde » a duré près de 16 mois. Toutefois, à cause d'autres engagements professionnels, Robert Zemeckis avait dû marquer une pause d'une année, avant de reprendre le tournage, allongeant ainsi la durée de celui-ci à plus de deux ans.
Mais rien n'a été facile pour réussir cette aventure. Tout d'abord, il fallait dénicher la petite île déserte. La production a dû pour cela explorer la plupart des archipels du Pacifique Sud, avant de tomber sur « Monu-riki », au nord-ouest des Fiji. La beauté des lieux, avec la brillantissime interprétation de Tom Hanks et vous voilà devant le lot gagnant qui n'avait pas tardé à séduire le public lors de sa sortie en janvier 2001.
Concernant les petits gestes de survie, il a fallu plus que les bonnes vieilles idées de Robinson pour aider Tom Hanks dans son nouvel environnement. En effet, Broyles (le scénariste) avait décidé de vivre lui-même l'expérience, (raccourcie certes) pour mieux se rendre compte des choses. Des experts l'avaient, en effet, emmené sur une île où il est resté quelques jours tout seul, afin d'apprendre les gestes élémentaires de survie, dont se servira Chuck par la suite.
« Seul au monde » a eu plus qu'un atout pour séduire le public. Ceci en a fait un film qui vaut le détour pour plus d'une raison.