Stratégie et organisation des collectivités locales au Maroc

La réponse à ces questions se trouve dans un ouvrage collectif intitulé «Stratégie et organisation des collectivités locales au Maroc». C'est un ensemble d'articles des membres du groupement de recherche sur l'économie urbaine, régionale et de l'environnement (GREURE). Le groupe se compose d'enseignants chercheurs du département des sciences économiques de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l'université Mohammed V, Rabat Souissi. L'ouvrage est sous la direction de Mohamed Harakat qui est le responsable du GREURE.
Les auteurs essaient d'analyser notamment les dysfonctionnements urbains et de définir les nouvelles missions des professionnels de la politique de la ville en vue d'une action urbaine rénovée répondant aux enjeux et aux défis de la modernité et de la mondialisation.
Dans le premier article, Mohamed Harakat définit la stratégie et organisation des collectivités locales au Maroc à travers des repères méthodologiques. Selon lui, le déficit social dont souffre les collectivités locales ne doit pas être réduit à une dimension financière. Il doit être appréhendé dans sa globalité. « D'où la nécessité de l'adoption d'une nouvelle approche de gouvernance locale. En fait, la satisfaction optimale des besoins de la population constitue d'abord un bon indicateur de développement. Ensuite, un puissant facteur de cohésion sociale ». Il souligne que les collectivités locales sont souvent confrontées à plusieurs obstacles les empêchant de formuler une vision claire d'avenir. Les différentes contraintes peuvent se manifester entre autres dans la faiblesse des capacités managériales des acteurs en matière de la conception et de la mise en œuvre de la planification stratégique, le déficit des structures organisationnelles de planification, le caractère normatif ou administratif, la défaillance des conditions de fonctionnements de la gestion locale… Une bonne stratégie de développement nécessite des structures organisationnelles compétentes, le développement des ressources, des structures fiables d'évaluation continue des risques. Tous les acteurs (élus, secteur privé, ONG…) sont appelés à être impliqués et engagés collectivement. Une stratégie de formation continue doit, par ailleurs, favoriser l'apprentissage collectif de la complexité pour répondre à la demande sociale de la population. Harakat insiste, aussi, sur la nécessité de développer les richesses et de rationaliser la gestion et le contrôle interne du patrimoine local.
Quant à Mounir Zouitni, il définit le concept de la « stratégie des acteurs ». Il essaie de trouver une réponse aux questions suivantes : les acteurs voient-ils leurs actions comme des stratégies ? A-t-on affaire à des actions calculées et réfléchies préalablement par les acteurs ? Les stratégies de mobilisation des ressources des acteurs sont-elles conscientes ou inconscientes ?
Pour sa part, M. Saïd Hinti analyse la notion de gouvernance entrepreneuriale des territoires. Il doute de l'existence d'une doctrine efficace marocaine en matière de décentralisation. Il dresse un constat général de la situation économique des régions du nord. Ces régions « souffrent d'une triple contrainte de nature à la fois socio-économique, naturelle et organisationnelle ». « La profession politique doit permettre l'éclosion d'une élite entreprenante et soucieuse d'assurer réellement les responsabilités qui lui sont dévolues ».
Saïd Hinti garde espoir dans le projet de réforme de l'organisation communale qui doit promouvoir la gouvernance entrepreneuriale puisqu'il privilégie d'avantage l'économie des communes (promotion, soutien aux investissements, partenariat, coopération, espace économique d'interface et d'intermédiation).
D'autres sujets très importants sont accentués et analysés dans cet ouvrage collectif : l'unité de la ville et les missions professionnelles de la politique dans la nouvelle gouvernance urbaine, la gestion des ressources forestières et le développement durable, l'apport de l'évaluation des politiques publiques à la bonne gouvernance locale.
Le livre est très intéressant car il donne une vision claire sur l'organisation des collectivités locales au Maroc. Les analyses sont pertinentes. Un livre à lire attentivement !