TPI: de Slobodan Milosevic accuse l'OTAN de mensonges
Le procès de l'ex-président yougoslave Slobodan Milosevic, accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Croatie, Bosnie et au Kosovo et de génocide en Bosnie, vient d'entrer dans une phase délicate avec le plaidoyer de l'ancien homme fort de
Plus combatif que jamais, Slobodan Milosevic a dénoncé hier à La Haye «l'océan de mensonges» de l'Otan et des médias sur les conflits en Yougoslavie tout en reprochant au Procureur Carla Del Ponte de mettre en accusation toute la nation serbe dans un procès «farce».
Au premier jour de la présentation générale de sa défense devant le Tribunal pénal international (TPI), M. Milosevic a fait projeter devant la Cour un reportage video de journalistes allemands démontrant les «mensonges et les manipulations» des puissances occidentales durant la crise du Kosovo, en 1998 et 1999.
«Ceci n'est qu'un atome de vérité dans un océan de mensonges et de propagande», des pays de l'Otan relayés par «les médias internationaux», s'est exclamé l'ancien président qui comparaît depuis mardi pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocide lors des trois conflits majeurs qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie dans les années 1990 : Kosovo, Croatie, Bosnie.
«Ceci est un horrible mensonge et peut-être serait-il finalement mieux pour vous d'accepter ce mensonge, pour que toute cette +farce+ ait un couronnement», a lancé un Slobodan Milosevic provoquant au juge Richard May. Arborant une nouvelle fois une cravate aux couleurs de la Yougoslavie, l'ancien homme fort de Belgrade a estimé que les puissances de l'Otan, «vos patrons», a-t-il lancé à Carla Del Ponte, étaient responsables de la désintégration de la Yougoslavie.
«Vos patrons ont désintégré la Yougoslavie et veulent maintenant faire payer l'addition aux gens en Bosnie, à ces gens qu'ils ont poussé à la guerre civile», a-t-il lancé.
Martelant ses phrases, pointant parfois un doigt accusateur vers les juges ou le procureur, M. Milosevic a affirmé avec véhémence que «les Serbes n'ont pas commencé la guerre en Yougoslavie».
L'ancien homme fort de Belgrade, qui bâtit son ascension à la tête de la Yougoslavie en exploitant le nationalisme serbe, s'est présenté comme le défenseur de son peuple.
«Au cours des deux derniers jours, l'accusation a répété qu'elle n'accusait qu'un individu pas une nation. Mais dans les actes d'accusation, ils accusent une nation entière», a déclaré M. Milosevic.
«Pourquoi voulez-vous rendre les Serbes responsables des guerres en Croatie et en Bosnie?», a-t-il ajouté.
Se référant à la bataille du Champ des Merles qui opposa le prince serbe Lazare et ses alliés à l'empire ottoman en 1389 au Kosovo et constitue une des fondations du nationalisme serbe, M. Milosevic s'est exclamé : «Six siècles après le Champ des merles, nous sommes ici pour mener une autre bataille».
L'ancien président a défendu l'armée et la police serbe estimant que si des crimes de guerre avaient été commis au Kosovo, ils étaient le fait d'individus et non pas de ces organisations en tant que telles.
«Il est très en forme», a reconnu un des avocats belgradois proches de Slobodan Milosevic, Me Dragoslav Ognjanovic.
M. Milosevic dénonce un «procès politique»
Slobodan Milosevic a dénoncé jeudi devant le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye le caractère «politique» du procès qui lui est fait.
«Le monde entier sait qu'il s'agit d'un procès politique», a lancé l'ancien président yougoslave qui présentait sa défense devant la Cour.
M. Milosevic a également dénoncé le déséquilibre des moyens entre lui et l'accusation.
«Dans ce procès, a-t-il dit, il n'y a pas le moindre élément d'équité. Il y d'un côté une énorme machine et, toujours du même côté une formidable organisation médiatique. Et de mon côté qu'y a-t-il ? Et bien, moi, je peux accéder à une cabine téléphonique, en prison. C'est mon seul moyen pour faire face à la terrible calomnie dont nous sommes victimes, mon pays et moi».
M. Milosevic est accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Croatie, Bosnie et au Kosovo. Une accusation de génocide pèse contre lui pour son rôle en Bosnie.