Selon certains spécialistes, la pollution et la destruction progressive de la nature par l'Homme entraînent l'apparition de nombreux phénomènes nouveaux : la multiplication des catastrophes naturelles, la fonte des glaces, la modification de la biosphère…
LE MATIN
29 Août 2002
À 17:43
Première grande sonnette d'alarme tirée par de nombreux spécialistes, associations et organisations : la planète se réchauffe. Ou plutôt, le climat se dérègle : les inondations sont de plus en plus nombreuses au Nord, tandis que les déserts ne cessent de progresser au Sud. Les combustions d'énergie fossiles effectuées par les pays industrialisés depuis les années 60 seraient la cause des sécheresse des années 70 et 80 qui ont causé près d'un million de morts en Ethiopie et au Sénégal pendant que les précipitations avaient également diminué jusqu'à 50% dans la région du Sahel. Le nuage de pollution situé dans l'hémisphère nord aurait provoqué des changements dans les cycles d'air chaud et froid, si bien que la ceinture tropicale, responsable de fortes précipitations, se serait déplacée vers l'équateur, entraînant des conditions désertiques dans la région du Sahel. Mais les législations nord américaines et européennes visant à diminuer les émissions de gaz polluants, auraient porté leurs fruits et ces phénomènes ont, selon des spécialistes, diminué depuis la fin des années 80. Malheureusement, ils semblent aujourd'hui avoir trouvé un nouveau terrain d'action : les pays qui s'industrialisent rapidement, comme la Chine, souffrent d'un renversement des tendances : il pleut au Sud pendant que la sécheresse sévit au Nord, ce qui est à l'opposé de ce qui se produisait auparavant. Mais les changements climatiques ne sont pas les seules conséquences de ce voile atmosphérique de trois kilomètres d'épaisseur qui surplombe le sud de l'Asie. La surface de la Terre reçoit dorénavant 15% de lumière solaire en moins dans ces régions. L'accumulation des changements climatiques, de la baisse de la lumière et des pluies acides entraînent des conséquence désastreuses sur l'agriculture, qui plus est dans un région où la population ne cesse de croître à une vitesse vertigineuse.
La biosphère chamboulée
Les nombreux changements climatiques observés sur l'ensemble de la planète n'ont pas pour seule conséquence la réduction du rendement agricole. Le réchauffement de la planète va également accroître les risques de certaines maladies épidemiques chez les animaux, les végétaux et les Hommes tandis que les virus, bactéries et autres éléments vecteurs de propagation de maladies vont se développer mais également étendre leur territoire. Le paludisme, par exemple, s'étendra à des régions jusque là épargné. Les hivers qui se radoucissent ne vont plus jouer leur rôle de limiteur des populations porteuses de germes pathogènes tandis que les étés, plus chauds et plus longs, vont augmenter la période de transmission de maladies. Parallèlement, les chercheurs ont confirmé que le réchauffement climatique va entraîner une multiplication des insectes. La chaleur leur est en effet favorable aussi bien pour l'augmentation des populations que pour l'étendu de leur territoire. Un phénomène de migration des insectes venus du Sud pourrait entraîner des dégâts considérables sur les cultures. Il faudra donc développer un moyen de lutte pour conserver l'agriculture dans des zones encore épargnées par certains insectes. Mais les insectes ne sont pas les seuls à se réjouir du réchauffement de la Terre, plusieurs mammifères qui hibernent risquent d'être affectés par cette hausse. En effet dans certains pays où l'hiver est long et rude, ces animaux ne pouvaient pas hiberner, mais l'adoucissement des hivers devrait leur permettre de s'installer dans ces régions. Les chauves-souris, par exemple, vont étendre leur territoire de cinq kilomètres tous les ans pendant les quatre vingt années à venir. Les chercheurs prédisent donc un changements dans la répartition géographique des mammifères qui hibernent. L'avenir n'est pourtant pas rose pour la biosphère.
Quatre mille espèces
La biodiversité est en effet gravement menacée. Plus de mille espèces d'oiseaux et quatre mille espèces de mammifères pourraient disparaître d'ici trente ans. Les plus gros animaux, tels les rhinocéros, le tigre de Sibérie et le léopard, et les poissons sont les plus menacées, les uns à cause de l'avancé des habitations et de la dévastation de leur habitat et les autres à cause de la pêche excessive. Or les scientifiques ne savent pas combien d'espèces peuvent disparaître avant de causer l'effondrement de l'écosystème. Autre phénomène inquiétant : la fonte des glace. En Alaska par exemple, les glaces fondent à un rythme spectaculaire, augmentant ainsi le niveau des océans du globe de 0.14 millimètre par an. L'arctique est également victime du phénomène, ces glaciers ayant reculé de plusieurs kilomètres depuis le début du siècle. Mais si tous les chercheurs s'accordent pour ces chiffres, ils ne sont pas pour autant unanimes sur les causes. Si beaucoup sont convaincus que ces fontes sont dues au réchauffement de la planète, lui-même dû à la pollution, d'autres hésitent, premièrement à cause d'un manque de recul sur le phénomène et deuxièmement parce qu'une modification temporaire des vents et courants chauds du pacifique pourrait être la cause d'une augmentation des températures en Alaska. Ces dernières ont en effet augmenté quatre fois plus vite au cours de ces trente dernières années que dans le reste du monde. Le battement d'aile du papillon Devant tous ces constats, le raccourci qui tente de rendre pour seule responsable la pollution de l'air dans le réchauffement climatique, l'augmentation des inondations et autres catastrophes naturelles et l'avancée de la désertification est facile et largement utilisée. Pourtant la prudence s'impose. Il n'existe pour l'heure aucune certitude scientifique prouvant un lien direct entre émission de gaz, réchauffement de la planète et temps pourri. Car si la pollution joue un rôle certain dans les nombreux phénomènes observés sur la planète, la poussée démographique, la destruction des forêts et le développement de l'urbanisme jouent également leur rôle. D'autre part les experts estiment que les tempêtes, ouragans et autres catastrophes naturelles ne sont ni plus nombreuses, ni plus féroces qu'avant. Mais malgré un manque de recul certain des scientifiques et experts qui préfèrent rester aujourd'hui prudents dans leurs conclusions, il ne faut pas pour autant négliger et ignorer les effets néfastes des différentes formes de pollution engendrées par l'Homme. C'est malheureusement ce que font certains pays en refusant notamment de ratifier le protocole de Kyoto. Les sonnettes d'alarme sont pourtant de plus en plus nombreuses, et toutes les études tendent à montrer que d'ici quelques années, la situation pourrait devenir catastrophique. Il ne faut jamais perdre de vue qu'un battement d'aile d'un papillon dans l'atlantique peut provoquer un ouragan dans le pacifique. Les changements climatiques, la pollution comme la baisse de la biodiversité sont les problèmes de tous et c'est à la seule condition que chacun y mette un peu du sien que les Hommes pourront peut-être un jour garantir un avenir pour leur enfants et petits-enfants sur cette planète. Car à ce rythme, il faudra trouver une planète de rechange d'ici à 2050…