Naissance de SAR Lalla Khadija

Un centre multiservices pour les démunis

C'est à l'initiative de la défunte Zhor Azzarka et de nombreux autres bienfaiteurs marocains et étrangers que l'APFM (Association pour la protection de la famille marocaine) a pu en 1989 mettre sur pied son centre névralgique : l'institut Zhor Azzarka.

25 Décembre 2002 À 15:53

Situé au cœur du quartier Yacoub El Mansour à Rabat, le complexe socio- culturel organise un panel d'activités se dédiant principalement aux domaines de l'éducation et de la formation professionnelle.
Malgré ses ressources limitées, l'institut fait tout pour multiplier ses services et pérenniser son action. Depuis sa création, l'institut Zhor Azzarka a fait de l'éducation, de la formation et de l'action culturelle son champ de bataille. Sa localisation au cœur même d'un quartier populaire lui permet d'être plus proche des populations cibles et d'avoir plus d'impact.
Pouvant accueillir jusqu'à mille personnes, l'institut dispose de larges locaux proposant diverses prestations ludo- éducatives dont l'objectif est d'accompagner les facultés culturelles, artistiques et professionnelles de ses adhérents.
Ainsi on trouve un jardin d'enfants au profit des enfants issus de milieux modestes, des salles de cours destinés aux programmes d'alphabétisation et de soutien scolaire, d'autres réservées aux cours de langues à savoir le français, l'anglais et l'espagnol, une bibliothèque publique disposant de près de 10000 ouvrages, un club d'animation pour enfants, une infirmerie, une salle de musique dotée d'un piano et une autre de théâtre, des ateliers de formation professionnelle en matière de couture moderne et traditionnelle, de broderie, de coiffure, de cuisine…
Le centre dispose également d'une cave d'une grande superficie équipée en eau et en électricité mais qui, faute de moyens, n'a pas pu être exploitée. Selon Mohamed Benchekroun, le directeur de l'institut Zhor Azzarka, l'Association a voulu en faire un espace d'animation pour les enfants du quartier dans le cadre de son projet " Hafadat Yacoub El Mansour Al Mouahhidi ". Le projet a été soumis à la wilaya de Rabat- Salé, depuis le mois du Ramadan, qui n'a pas, jusqu'à l'écriture de ses lignes donné suite au dossier. Pour mener à bien ses programmes en matière de lutte contre la pauvreté et d'insertion professionnelle, des conventions ont été conclues avec plusieurs ministères et se sont soldées par la création de cellules de production et de coopératives permettant aux personnes diplômées de l'institut de décrocher un emploi : " Avant, notre mission s'arrêtait au moment où on distribuait les diplômes mais, avec le temps, on s'est rendu compte que c'était de l'effort perdu. C'est pourquoi, dans le cadre de notre lutte contre le chômage, on a signé une convention avec le ministère de l'emploi qui nous a accordé des machines à coudre.
Celles-ci ont été distribuées aux femmes qui ont suivi une formation dans nos ateliers de couture et n'ont pas réussi à trouver d'embauche ". L'institut met à la disposition de ses diplômées les matières premières pour la confection de leurs produits et les assiste dans la commercialisation de ces derniers.
Dans le même esprit, l'institut organise des cours de formation en informatique et en bureautique qui profitent à 40 étudiants, moyennant une modique contribution de 150 DH par mois cette formation est sonctionnée par diplôme ITA agréé par l'OFPPT (Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail).
L'éducation informelle reste un projet-pilote qui s'inscrit au cœur de l'action de l'institut Zhor Azzarka.
Celui-ci mène tout au long de l'année des campagnes de sensibilisation ciblant les enfants non scolarisés. En collaboration avec le ministère de l'éducation, l'institut procède à leur mise à niveau à travers des cours de rattrapages avant de les réinsérer dans le système scolaire.
Ceux qui ont dépassé un certain âge sont, quant à eux, orientés vers les ateliers de formation de l'institut avant d'être insérés dans la vie active.
L'institut Zhor Azzarka tire principalement ses fonds de roulement du loyer des locaux abritant des services de la commune urbaine.
Quant aux boutiques qui se trouvent sur le même lot de terrain, elles ne profitent pas guère à l'établissement : " Nos sources de financement sont quasiment nulles, confie M.Benchekroun, il y a des locataires qui ne nous ont pas payés depuis deux ans.
On pouvait bien les poursuivre en justice mais on préfère arranger les choses à l'amiable. Ceci dit on essaie de dépasser tous ces problèmes d'ordre matériel qui sont, d'ailleurs, inhérents à tout travail associatif et ce en encourageant le bénévolat. On arrive, Dieu merci, avec le peu qu'on a à réaliser de belles œuvres "
L'une des autres fiertés de l'institut est le projet de l'exploitation d'un jardin public jouxtant l'établissement. Suite à une convention avec la commune de Yacoub El Mansour, cet espace a pu être aménagé et doté de jeux et d'une surface abritant des boutiques pour la vente des plantes.
L'institut a mis en place un atelier réservé aux jeunes filles qu'il a appelé " Boustaniat " pour les initier au jardinage " ce qui est original : ce domaine est resté pendant longtemps l'apanage des garçons ", commente le même responsable.
Le jardin se veut un chantier où d'autres idées novatrices seront concrétisées. Ainsi, en collaboration avec le Comité National de Prévention des Accidents de la Circulation, l'institut lancera prochainement une campagne visant les enfants du quartier pour les sensibiliser aux dangers de la route. Pour ce faire, les enfants intéressés seront formés puis appelés à passer un examen oral portant sur le code de la route après quoi l'institut va évaluer, de manière pratique, leurs connaissances en les invitant à conduire leurs vélos dans le jardin qui sera préalablement équipé par la signalisation nécessaire. Des permis de conduite seront éventuellement décernés aux bénéficiaires de ce programme.
L'institut de Zhor Azzarka ne se limite pas, cependant, aux catégories jeunes. Le centre procèdera, en convention avec la fédération royale des jeux d'échecs et la fédération royale de pétanque, à la création d'un espace pour les personnes âgées : " c'est malheureux de voir ces retraités passer le clair de leur temps à se rouler les pouces dans les cafés ou à jouer aux cartes sur les trottoirs. Nous voulons créer, par le biais de cette convention, un cadre propice pour favoriser et accompagner leur épanouissement ", explique M.Benchekroun.
L'institut chargera, d'autre part, les personnes se montrant douées pour un domaine particulier d'encadrer des groupes de jeunes dans le cadre d'ateliers appropriés.
L'objectif étant, d'une part, de permettre aux personnes âgées de se rendre utiles et d'autre part de multiplier les services de l'institut. A côté de toute cette panoplie d'activités se dédiant au développement du potentiel humain des personnes défavorisées, l'institut a conçu plusieurs autres projets d'une grande utilité publique qui sont encore dans les limbes attendant un coup de pouce pour voir le jour.
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