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Un sympathisant d'extrême droite tue ses voisins marocains

Un sympathisant d'extrême droite, âgé de 79 ans, a décimé mardi à Bruxelles une famille marocaine habitant le même immeuble que lui, dans un quartier populaire de la capitale belge à forte population immigrée, tuant deux personnes et en blessant trois

07 Mai 2002 À 19:52

Hendrik Vyt, né en Flandre en septembre 1922, «avait la réputation d'être un mercenaire baroudeur proche de l'extrême droite», a indiqué Marc Weber, directeur de cabinet à la mairie de Schaerbeek, la commune du nord de Bruxelles où s'est déroulé le drame.
Selon plusieurs médias belges, Hendrik Vyt aurait également exprimé à plusieurs reprises ces derniers jours sa déception après la défaite du chef du Front national (FN, extrême droite) Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle française.
«Il est vraisemblable qu'il ait entretenu des contacts avec le parti d'extrême droite flamand Vlaams Blok», a ajouté M. Weber.
«J'ai rencontré ce matin des personnes qui ont habité en dessous de chez lui et qui avaient déménagé parce qu'elles pensaient que M. Vyt était un fou dangereux», a-t-il ajouté.Ahmed Isiyasni, un Marocain père de cinq enfants, et son épouse, Habiba El Hajji, n'ont pas eu cette chance. Selon les premiers éléments de l'enquête, Hendrik Vyt les a criblés de balles de calibre 9 mm mardi peu avant 04h00 (02h00 GMT), dans l'appartement qu'ils occupaient un étage au-dessous du sien.
Le forcené a également tiré sur deux des enfants du couple, en blessant un grièvement, avant de mettre le feu au bâtiment. Un voisin a également été blessé à la jambe en tentant d'intervenir après le déclenchement de l'incendie. Lorsque les voitures de la police sont arrivées sur les lieux, l'homme les a prises pour cibles. «Les policiers ont répliqué une trentaine de fois et l'ont vraisemblablement touché au thorax», a expliqué en fin de matinée un porte-parole du parquet de Bruxelles. Le cadavre carbonisé d'Hendrik Vyt a été retrouvé plus tard dans son appartement par les pompiers.
De nombreux voisins, dont les témoignages ont été diffusés par les médias belges, estimaient mardi après-midi que le drame aurait pu être évité.
«Cet homme terrorisait tout le quartier avec son berger allemand. Il insultait les immigrés et se vantait d'avoir des relations haut placées. A plusieurs reprises, il y a eu des plaintes pour sa haine envers les Arabes et pour les menaces qu'il proférait», a déclaré l'un d'eux.
Selon le parquet de Bruxelles, une patrouille de police avait été envoyée sur place lundi dans la journée pour mettre un terme à une querelle opposant Hendrik Vyt à ses voisins. Aucun procès-verbal n'avait toutefois été dressé.
«Si le passage de cette patrouille est confirmé, ce serait une tragédie et il faudra établir les responsabilités», a jugé M. Weber.
L'homme avait par ailleurs eu par le passé des démêlés avec la justice. En 1999, il avait été condamné pour violences sur mineur à une peine de six mois de prison ferme, dont il avait purgé environ la moitié, selon M. Weber.
Vers midi, une minute de silence a été observée devant l'immeuble, en présence de l'ambassadeur du Maroc à Bruxelles et du maire de Schaerbeek, Bernard Clerfayt. Ce dernier a lancé un appel au calme «par respect pour les victimes».
Schaerbeek, l'une des 19 communes de l'agglomération bruxelloise, accueille une large communauté immigrée, principalement originaire du Maroc et de Turquie.
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