Spécial Elections 2007

Une léthargie qui perdure

Depuis quelques temps, le football rbati accuse une perte de vitesse vertigineuse. Ses équipes n'arrivent plus à s'imposer dans notre championnat, hormis quelques éclaircies somme toute sporadiques.

26 Octobre 2002 À 16:46

Ses joueurs sont quasiment absents au niveau de l'équipe nationale seniors. Pire encore, il n'en reste plus que trois trams parmi les cinq qui évoluaient il y a deux ans au GNF.
Tout cela atteste d'un malaise qui a surgi en surface après de longues années de latence. Une situation qui risque de perdurer tant que tout le monde fait dans l'expectative. Les joueurs «rbatis» seraient-ils intrinsèquement moins performants que les autres ? Seraient-ils désintéressés ?
Et d'autres questions que le sportif local se pose, à longueur d'année. Tout le monde pointe un index accusateur en direction des … bureaux dirigeants. Le football rbati en serait malade. La stabilité apparente au niveau des bureaux est illusoire. La Charte sur l'éducation physique, promulguée il y a d'une décennie, qui devait conduire à l'organisation de cette discipline et à son impulsion grâce à la dote des sponsors, a eu des effets plutôt pervers. Elle a été utilisée comme paravent réglementaire à des visées inavouées de domination et d'inamovibilité de gens avides de pouvoir. Aussi, les assemblée générales, censées constituer une opportunité pour rendre publiquement compte de la gestion, se déroulent désormais dans le … calme plat, loin des «intrus» et des «perturbateurs». Seuls les «adhérents» ont droit d'y assister, ceux-là mêmes qui sont le plus souvent des partisans, voire des courtisans. On se contenta de caresser le bilan de la saison dans le sens du poil, au risque d'être bannis.
Dans cette gestion, le capital humain, véritable richesse, est géré de manière marchande. Il en est résulté un déracinement des joueurs vis à vis de la base. Première conséquence négative de ce «divorce», c'est le manque de combativité. Les joueurs ne trempent plus le maillot, leur reproche t-on. Comment le feraient-ils en fait vu le stress dans lequel ils vivent, les rafales de dénigrement qu'ils essuient sur le terrain. Ils vivent dans la psychose de la menace de l'épée de Damodès à la moindre contestation ou réclamation. Le joueur est salarié et partant est astreint à … l'obéissance.
Quant à l'infrastructure, inuble de rappeler son état piteux, excepté le Complexe Prince Moulay Abdallah. Et les dabotis ont un pincement cœur quand un match est retransmis à la télé depuis le terrain du FUS par exemple. Que penseraient ces millions de téléspectateurs dans le monde en voyant cet ouvrage délabré, eux, qui entendent parler du Maroc moderne? Inutile de décrire par ailleurs la frustration des spectateurs téméraires qui bravent des gradins en béton poussiéreux l'été, glaciaux et mouillés l'hivers.
Autant dire que ceux qui cherchent depuis des années les raisons de la désaffection du public celle-ci réside tout simplement dans les facteurs précités. Qu'on se le dise, le public rbati n'est pas moins mordu que son homologue casablancais. Alors, cessons de jeter l'anathème, le qualifié injustement de frileux. Beaucoup de rbatis se déplacent souvent au Complexe Mohammed V à Casablanca pour se défouler dans une ambiance sud américaine. Beaucoup se remémorent l'épopée du football rbati quand les terrain du FUS et de Salé, étaient pris d'assaut aux premières heures de la matinée. Dans les années 80, le Complexe Prince My Abdallah était souvent plein aux trois quarts.
Ce qui veut dire qu'à Rabat, comme ailleurs, les supporters existent, en grand nombre, mais reste à les convaincre. Le plus court chemin serait l'ouverture des clubs locaux sur leur environnement, notamment sur leur base populaire afin de l'impliquer dans l'œuvre collective, en l'acceptant comme partenaire. Le manque de communication, voilà un autre vilain fléau à éradiquer. Le football, aux retombées sociales et économiques indéniables, ne doit être sacrifié pour quelques dirhams de cotisations. Combien de personnes adhérentes effectif peut-on énumérer à Rabat ? Très peu. Que représente cette manne dans le budget des clubs ? Epsilon.
Essayons donc de poser la question suivante, chaque jour : que vaut un club sans son assise populaire ?

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