Spécial Marche verte

Une nouvelle hormone qui stimule l'appétit

Après les protéines «brûleuses de graisse» et les «gènes de la satiété», une hormone récemment découverte, la ghréline, qui a pour vertu de stimuler l'appétit, fait rêver les «obésologues», toujours à la recherche du médicament-miracle capable d'en finir

27 Mai 2002 À 17:42

Face à ces deux constats, les chercheurs n'ont pas mis longtemps à échafauder la théorie paradoxale qui, en principe, pourrait résoudre une fois pour toutes les problèmes de kilos en trop et les quasi-inévitables reprises de poids après régime, les fameux effets «yoyo» : il «suffirait», expliquent-ils, de bloquer ou de freiner le fonctionnement de cette hormone. Moins stimulé au moment de passer à table, l'appétit du candidat à la perte de poids baisserait, et il serait donc amené à manger moins et, du coup, arrêterait de grossir, voire perdrait du poids. C'est cette idée que développe une équipe de chercheurs cette semaine dans la prestigieuse revue américaine New England Journal of Medicine. David Cummings et son équipe de l'université de Washington à Seattle ont comparé le taux de ghréline présent dans le sang de personnes obèses qui venaient de suivre un régime hypo-calorique très strict pendant six mois et ce même taux chez des obèses qui venaient de maigrir grâce à une opération chirurgicale visant à court-circuiter le passage des aliments dans l'estomac.
Les observations du Pr Cummings sont plutôt encourageantes : dans le premier groupe, entre le début et la fin du régime, le taux moyen de ghréline a augmenté de 24%. Au contraire, dans le second groupe, celui des opérés, son taux moyen, avant et après intervention, a baissé de 77%.
Double explication
Selon les chercheurs, cette différence considérable entre les deux groupes aurait une double explication : face aux restrictions alimentaires qui lui sont imposées, l'organisme tente de «compenser» et produit plus de ghréline. La baisse observée chez les personnes dont la capacité de l'estomac a été réduite chirurgicalement est tout aussi logique : puisque cette hormone est produite par des cellules de l'estomac et le volume de ce dernier a été réduit, il est normal qu'il en sécrète moins.
Dans un éditorial accompagnant cette étude, le Pr Jeffrey Flier, du Beth Israel Deaconess Medical Center de Boston, ne cache pas son enthousiasme : en diminuant l'appétit, les molécules capables de bloquer la production de ghréline pourraient représenter un jour un traitement de l'obésité, estime-t-il.
Hasard de la recherche, c'est en tentant de trouver une substance capable de doper la production d'hormones de croissance que les bénéfices de la ghréline ont été découverts.
Depuis, les effets de cette substance sur les hormones de croissance se sont révélés mineurs et cette voie a été plus ou moins abandonnée. De cet épisode, il ne reste aujourd'hui qu'un nom peu agréable à l'oreille né de la contraction des mots anglais «growth hormone», hormone de croissance.
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