L'humain au centre de l'action future

"Une saison au paradis" de Boubker El Kouche : l'eldorado illusoire

Récemment édité, «Une saison au paradis» est un ouvrage, critique de sociétés, voire même satirique, qui semble remettre en question cette grande problématique de l’émigration maghrébine et africaine. Or, apparemment selon l’auteur Boubker El

06 Mars 2003 À 19:24

Certes, ce phénomène de l’immigration clandestine est vu par l’auteur à partir de Tanger, porte de l’Occident, dans laquelle se retrouvent tous ceux qui n’ont pu réussir dans leur pays et accéder à un rang social honorable.
Seulement, il y a immigration et immigration, du fait qu’un grand nombre «d’aventuriers» ont trouvé la mort dans ces malheureuses tentatives. D’ailleurs ce livre est dédié par l’auteur aux naufragés des «pateras», en disant dans son préambule «comment pourrions nous les oublier puisque nous n’avons pas à nous souvenir d’eux. Ils nous tourmentent quotidiennement».
En effet, chaque jour nous lisons dans certaines colonnes que quelques personnes sont portées disparues ou retrouvées noyées après avoir emprunté ces «quaouarib al maout», pour traverser le détroit de Gibraltar.
Il est vrai que ce couloir de la mort, seule issue pour ces personnes désespérées, s’est transformé en chemin d’enfer, alors qu’au bout du tunnel ces individus espéraient tant mettre les pieds dans cet eldorado illusoire qu’est l’Occident.
Pourtant, pour ces gens là, une «saison au paradis» vaut le risque de tenter l’aventure, même si celle-ci peut mener à la mort. Pure fatalité, car il en est autrement dans ce monde qui n’est pas tout à fait rose, quand cet émigré résidant en France déclare à son protagoniste.
«Il n’ y a pas de quoi m’envier. Vraiment je suis sincère. Parce que je vais retrouver les embouteillages aux heures de pointe, le ciel gris presque toute l’année, la pluie, les orages et, surtout, la xénophobie, les discriminations, les exclusions, la mal-vie... et je dois lutter contre tout ça encore et encore, sans relâche...
Un travail de Sizyphe !».
En revanche, ce livre est un regard diffèrent sur la ville du détroit que l’auteur de «Regarde, voici Tanger» (1997), nous peint d’une manière désespérée ; ce qui a créé ce roman où l’angoisse devient le cri de tout Tangérois ayant vécu l’âge d’or de cette cité cosmopolite.
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