Naissance de SAR Lalla Khadija

AMASF : bilan sur les plans éducatif, social et économique

Depuis sa création en 1985 par de jeunes cadres originaires du quartier Bouregreg (Douar Doum), l’Association Marocaine des Amis sans Frontières (AMASF) s’est engagée à agir dans le sillage de son ancêtre Ain Akhak. Sa vocation : participer au

23 Mars 2003 À 17:16

C’est pour cette raison que l’Association a implanté son centre social au cœur de ce quartier. C’est pour être à l’écoute de la population pauvre et enclavée de Douar Doum, participer positivement à la formation de ses jeunes, contourner les effets pervers de la pauvreté et partant prévenir des fléaux sociaux tels que la délinquance et le chômage que l’AMASF a vu le jour. Pour Omar Rachad son président, les associations locales sont le meilleur tremplin vers le développement car elles connaissent le terrain et sont par la suite sensibles aux problèmes des localités. Ce qui les rend plus efficaces et leurs actions plus viables par rapport à d’autres intervenants. C’est dans cette réflexion que son association puise sa stratégie de travail et arrive à avoir un large impact sur la population du quartier Douar Doum: " quand une association est installée dans un quartier et œuvre pour le bien-être de sa population, elle arrive facilement à gagner la confiance des habitants grâce à son travail de proximité qui lui permet d’être continuellement à l’écoute des gens et agit en connaissance de cause.
Dans son programme PIR-HAR mis en place en 1997 en partenariat avec l’ONG espagnole Proyecto Local, l’AMASF a conçu une panoplies de projets de nature à aider les habitants de ce quartier populaire à se prendre en charge et se projeter dans l’avenir: «Nous sommes nous une association à vocation sociale, n’attendons rien de nos bénéficiaires sauf de sortir du cercle vicieux de la pauvreté», explique O.Rachad. C’est dans cet esprit que s’inscrit le projet de la formation professionnelle qui constitue l’une des fiertés de l’association.Ce projet vise essentiellement la promotion de la condition socio-économique des femmes en leur apprenant un métier et s’articule autour de cinq ateliers. L’atelier de pâtisserie qui a démarré en 1996 et a accueilli plus de 150 femmes de différents quartiers de la commune de Rabat Youssoufia pour bénéficier d’une formation, allant de neuf mois à un an, dispensée par des spécialistes dans le domaine. L’atelier de confection dont le financement est entièrement assuré par l’AMSAID (Association Marocaine de Solidarité et de développement) , quant à lui, a été créé en 1998 et a formé plus de 140 filles dont 50% ont pu être embauchées dans des entreprises de la zone industrielle de la commune de Youssoufia. Cet atelier a été complété par celui de tricotage et des activités traditionnelles où une vingtaine de femmes suivent en parallèle des cours de broderie et d’autres techniques manuelles telles que le macramé.
L’AMASF est en train de construire un atelier de coiffure et d’aménager ses locaux grâce à un fond qui lui a été octroyé récemment par la fondation Mohamed V pour la solidarité. Les habitants peuvent bénéficier de ces différentes formations moyennant une contribution modique de 50 DH par mois : " nos formations étaient jusqu’à 2002 gratuites. Certes le prix qu’on a fixé ne couvre même pas le coût de la matière première mais on a pensé que quand le bénéficiaire paie, il réclame ses droits et est plus exigeant ce qui nous permet de nous remettre continuellement en cause et de perfectionner nos prestations ", explique O.Rachad. Suite à une demande des jeunes du quartier, l’Association a créé en 1999 un atelier d’informatique ou des jeunes des deux sexes suivent des cours de traitement de textes et qui a permis à un bon nombre de ses 80 lauréats de décrocher un emploi. D’autres ateliers qui ambitionnent de lancer les jeunes sur le marché de l’emploi, ont été prévus par l’AMASF comme celui de verrerie où plusieurs bénéficiaires ont appris à souffler le verre, à le recycler et fabriquer des bijoux et des objets de décoration et un autre pour initier les jeunes aux techniques du jardinage. L’association octroie, dans le cadre de son projet d’appui aux initiatives productives, aux bénéficiaires de ces différents ateliers, porteurs de projets viables et qui n’ont pas la possibilité d’accès à un crédit bancaire classique, des micro-crédits avec des facilités de remboursement. L’habitat social figure également parmi les préoccupations majeures du programme PIR-HAR. Celui-ci a mis en chantier un projet qui se propose pour lutter contre le phénomène des bidonvilles. Jusqu’à présent 55 baraques ont été éradiquées dans le quartier dont les propriétaires ont bénéficié de crédits pour la construction de logements décents. Selon l’Association, ces démunis ont pu non seulement améliorer leurs conditions d’habitation mais aussi leurs ressources financières soit par le bail du rez-de-chaussée soit par l’exploitation d’une partie de terrain pour la construction de petites boutiques. Sur le plan environnemental, l’association œuvre pour l’élimination des dépotoirs sauvages en les transformant en espaces verts. Trois terrains ont été ainsi aménagés en de grands jardins durant la dernière décennie.L’AMASF mène dans le cadre de son projet " Santé et hygiène " des actions de sensibilisation auprès des jeunes du quartier portant notamment sur la prévention contre les maladies sexuellement transmissible et la planification familiale. L’association organise des activités culturelles et éducatives diverses dans son espace Ain Akhak situé au quartier Mabella colonies de vacances pour les enfants démunis de la commune Rabat Youssofia, théâtre, chant, musique, compétitions culturelles et sportives, cours d’appui en mathématiques, français, anglais et
physique, et des cours d’alphabétisation. L’AMASF a pu installer, à l’aide d’un soutien financier de la part de la fondation Hassan II et de l’AMSED, une bibliothèque et un club d’informatique équipé de cinq ordinateurs et de plus de 80 CD. L’Association veille de même à cultiver certaines valeurs comme la solidarité au sein de la population du quartier à chaque fois où l’occasion se présente comme lors de l’opération de Aïd lekbir qui s’est déroulée cette année: " notre objectif n’était pas d’aider les familles à acheter un mouton mais arriver à réunir deux familles, qui ne se connaissent même pas, autour d’un seul mouton. En effet, il y a des gens qui bradent leurs biens pour célébrer le rituel du Aïd. On a fait appel à un imam pour les convaincre et cela a bien marché. On essaiera de réitérer cette expérience dans les prochaines années et regrouper trois ou quatre familles ", explique O.Rachad Pour mettre à pied ses différents projets, l’AMASF s’accroche à des conventions avec des organismes aussi bien nationaux qu’internationaux mais se heurte souvent à des problèmes d’ordre financier : " les bailleurs de fonds se proposent juste pour financer des projets de courtes durées et non pour couvrir les charges de fonctionnement. Nous sommes toujours obligés de nous accrocher à nos partenaires pour pouvoir subsister ", continue le même responsable.
Un autre problème qui se pose pour l’Association est celui du manque de bénévoles : " il y a des étudiants par exemple qui travaillent bénévolement dans l’Association depuis 10 ans mais une fois qu’ils auront terminé leurs études, ils chercherent un emploi pour fonder une famille. De plus, les gens actuellement rechignent de s’engager dans le mouvement associatif parce qu’ils savent qu’il seront appelés à sacrifier de leurs temps et de leur énergie pour faire profiter les autres sans contrepartie. On a du mal à trouver des personnes qui puissent prendre le relais " L’AMASF compte actuellement quelques 400 membres. Pour son président, ce nombre reste insuffisant par rapport aux associations des pays du nord qui ont pu se remettre de leurs crises grâce aux efforts conjugués de leurs adhérents.
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