Accidents de la circulation : 59.000 morts en vingt ans
La circulation routière au Maroc est l'un des facteurs les plus importants, sinon le plus important, de mortalité. Il est aussi et surtout un facteur important de déstabilisation social, non seulement pour la victime directe, mais aussi pour sa famille et
LE MATIN
27 Octobre 2003
À 16:54
En vingt ans, c'est-à-dire- de 1992 à 2OO2, les accidents de la circulation ont coûté au pays la bagatelle de 16O milliards de dhs, de l'argent jeté par la fenêtre en raison d'un fléau qui ne cesse de ronger la société et contre lequel aucune solution ne s'est avérée jusqu'à présent probante. Au contraire, le problème ne fait que s'aggraver au fil des ans, le nombre d'accidents et donc de victimes ne cessant de croître. En 1992 le nombre d'accident enregistré était de 41.331 qui ont fait 3525 morts sans compter les blessés graves. En 2002, on a fait «mieux» avec 52.137 accidents et 3761 morts.
Le cumul des ces réalités macabres en 20 ans est des plus dramatiques : 59.109 morts et 8,8 milliards de dhs de coût par an, ce qui représente 2,2% du produit national brut.
Qu'est-ce qui explique cet hécatombe ? qu'est-ce qui fait que le Maroc soit l'un des pays où il y a le plus d'accidents de la circulation ? Est-ce une fatalité que toutes les mesures prises jusque-là se révèlent inopérant et sans effet sur la réalité ?
Certes il y a des raisons «objectives», telle le doublement du parc automobile en moins de 10 ans, mais il faut remarquer que ce parc reste malgré tout modeste comparativement à d'autres pays de par le monde où, malgré l'importance du parc automobile, la densité de la circulation sans commune mesure avec le Maroc, le nombre des accidents est trois quatre fois moins que chez-nous.
On cite également l'état mécanique des voitures. Là aussi, depuis les mesures prises depuis le milieu des années 90, notamment, la promotion de la voiture économique, et l'augmentation des droits de douanes à l'importation, le parc automobile a beaucoup perdu de ses rides et de se cheveux blancs.
Qu'est-ce qui reste alors ? beaucoup de facteurs sur lesquels on pourrait inutilement spéculer et dont il appartient aux spécialistes de la question d'expertiser de manière sérieuse .
Certes, il est évident que le manque de civisme s'impose comme l'un des facteurs de quelque importance, mais là aussi il faudrait peut-être se méfier du privilège qu'on pourrait accorder à l'un des facteurs par rapport aux autres.
Ce qui est sûr, c'est que les Marocains, malgré les efforts développés dans ce sens, ne semble pas assez sensibilisés aux problèmes. Certes, ils savent bien que notre pays bat le triste record en matière d'accidents, mais ils continuent de penser qu'ils n'y sont pour rien personnellement, la faute étant celle des autres. C'est l'éternel problème de la difficulté à se représenter comme partie prenante dans la condition humaine. A ces considérations il faut bien ajouter une autre pour cerner un tant soit peu la mentalité ambiante dans l'univers des conducteurs. Demandez à un automobiliste moyen d'être prudent sur la route et vous verrez s'il ne vous déballe pas la réponse générique : « Oh ! que je fasse attention ou non, ce qui écrit et écrit !».
Que peuvent toutes les campagnes de sensibilisation, toutes les mesures de protection contre une telle mentalité qui dénie toute responsabilité individuelle,
toute volonté humaine contre la fatalité ? Rien ou presque.
Il est difficile de donner des recettes sur ce qu'il faudrait faire pour épargner à notre pays une telle tragédie, il est cependant sûr que cette mentalité est pour beaucoup dans nos malheurs.