Alors que l'éventualité de la guerre se renforce,Baghdad veut participer à la réunion de mercredi
L'Irak a demandé vendredi à participer «à un haut niveau» à la réunion mercredi du Conseil de sécurité de l'ONU, alors que les chefs des inspecteurs du désarmement de l'Irak se sont déclarés prêts à se rendre à Baghdad si leur visite peut être utile.
Les Etats-Unis ont officiellement demandé vendredi en fin d'après-midi au Conseil de sécurité de se réunir mercredi, comme l'avait annoncé mardi le président George W. Bush dans son discours sur l'état de l'Union.
M. Bush avait indiqué que le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, présenterait les preuves que l'Irak dissimule, comme l'en accusent les Etats-Unis, des armes de destruction massive et entrave les inspections ordonnées par l'ONU. La Syrie, seul pays arabe présent au Conseil de sécurité, a immédiatement transmis, selon un diplomate, une demande de l'Irak, invoquant le règlement du Conseil et demandant à participer à la réunion de mercredi. Cette demande, selon la même source, a été appuyée par la Russie, la Chine et le Pakistan et n'a fait l'objet d'aucune objection. La suite qui lui sera donnée, selon des sources de l'ONU, devrait être décidée mardi lors de consultations du Conseil. La personnalité irakienne de «haut niveau» pourrait être le vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz qui ne ferait cependant pas le déplacement de New York s'il n'était pas assuré de pouvoir s'adresser au Conseil.
Hans Blix, le chef des inspecteurs de l'ONU chargés du désarmement irakien, a déclaré vendredi qu'il était prêt à se rendre en Irak et à y rencontrer le président irakien Saddam Hussein mais qu'il voulait être assuré au préalable que ce serait utile.
Coopération plus active
Le directeur exécutif de la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations unies (Cocovinu) a précisé qu'il serait «certainement prêt» à rencontrer le Président irakien auquel il demanderait une coopération plus active avec les inspecteurs. Le porte-parole de M. Blix, Ewen Buchanan, a confirmé ultérieurement que M. Blix avait, comme son collègue Mohamed ElBaradei, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), reçu une lettre d'un conseiller du président irakien l'invitant à se rendre à Baghdad avant le 10 février.
«La lettre mentionne une rencontre avec le général Amer al-Saadi, pas avec le président Hussein», a souligné Ewen Buchanan.
«Nous sommes en train de l'étudier et nous allons y répondre», a-t-il ajouté précisant: «Nous cherchons des assurances qu'une telle rencontre puisse conduire à quelque chose d'utile».
Les Etats-Unis, dans la lettre par laquelle ils demandent la réunion mercredi du Conseil de sécurité, spécifient que seuls les représentants des pays membres du Conseil de sécurité pourront intervenir.
Ils demandent que la réunion soit ouverte aux représentants de tous les Etats membres de l'ONU ainsi qu'aux médias.
Guenter Pleuger, le représentant de l'Allemagne à qui revient, à partir de samedi, la présidence du Conseil, a déclaré, selon un diplomate, que le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, ainsi que Hans Blix et Mohamed El Baradei, seraient invités à la séance. M. Powell, a précisé M. Pleuger, parlera en premier et Joschka Fischer, le ministre allemand des Affaires étrangères qui présidera la séance, s'exprimera le dernier, l'ordre d'intervention entre les deux étant décidé par tirage au sort. A l'exception de M. Powell, aucun orateur ne devra parler plus de dix minutes.
Saddam Hussein prédit la mort d'un million de soldats américains
Le Président irakien Saddam Hussein a assuré que son armée tuerait «un million de soldats américains en cas de débarquement aérien aux portes de Baghdad, au moment où Washington pousse le Conseil de sécurité à entériner un recours à la force contre l'Irak.
«L'ennemi ne va pas débarquer dans les banlieues de Baghdad car il va mourir. Même s'il envoie un million de soldats, nos hommes vont les tuer», a déclaré le chef de l'Etat en recevant des responsables militaires, selon la presse irakienne samedi.
«Le débarquement aura lieu dans des régions lointaines, et les médias de l'ennemi commenceront à en parler, annonçant que des forces sont à telle distance de Ramadi (à 100 km à l'ouest de Baghdad) et qu'elles sont en route pour occuper telle ville. C'est ainsi qu'il fera son show», a-t-il ajouté.
Saddam Hussein a passé en revue avec les participants, notamment son fils cadet Qoussaï, qui dirige les unités d'élite du régime, et le ministre de la Défense Sultan Hachem Ahmad, la stratégie à suivre pour déjouer un débarquement ennemi sans exposer les troupes irakiennes à un grand danger.
«Quand l'ennemi fait un débarquement, il en assure la protection aérienne. Et quand vous l'attaquez pour le détruire, c'est lui qui vous détruira par ses forces aériennes», a-t-il expliqué à ses officiers.
«Est-ce que vous avez tenu compte de ce cas de figure dans vos entraînements et quelles sont les mesures que vous avez prises pour encercler l'ennemi et le détruire sans que vos forces ne soient détruites depuis les airs ?», a-t-il demandé.
«La force qui doit contrer un débarquement ennemi doit en être proche. Pour cela nous devons truffer le désert de troupes, quitte à les exposer au feu de l'ennemi, et nos entraînements doivent se faire selon cette hypothèse, sinon il ne seront pas réalistes», a ajouté le chef de l'Etat.
Il a estimé que l'armée américaine tenterait, en cas d'une guerre, de débarquer des troupes dans des zones non peuplées d'Irak «comme la région ouest» largement désertique ou «dans la région d'Al-Jazira, entre Mossoul et Samarra», dans le nord de l'Irak.
Saddam Hussein a multiplié depuis début janvier les rencontres avec les responsables militaires, alors que les Etats-Unis continuent de masser des troupes dans la région en vue d'une éventuelle frappe en Irak, qu'ils accusent de détenir des armes de destruction massive et de soutenir le terrorisme.