Fête du Trône 2006

Arret sur image : Portion incongrue pour les femmes

Tout le monde s’en doutait, l’annonce du nombre et du profil des candidatures aux communales par le ministère de l’Intérieur l’a confirmé. Les femmes sont les parents pauvres du scrutin local. Une portion incongrue leur revient sur

30 Août 2003 À 18:48

Le pourcentage total des candidatures est de 5 %. Un chiffre pour le moins dérisoire. Le fait est incompréhensible, surtout que de gros efforts étaient consentis lors des dernières élections législatives qui avaient eu pour effet de porter à la députation pas moins de 35 femmes.

L’explication est pourtant simple pour nombre de militantes des droits de la femme. La décision d’élargir la représentativité des femmes au scrutin législatif a été imposée par le haut. Des mesures spécifiques ont, d’ailleurs, été prises sur un plan de procédure pour donner toutes leurs chances aux femmes.
La liste nationale des femmes en est le point important. « Les partis politiques s’y étaient engagés contraints et non volontaires ». La précision est de taille. Elle émane des militantes des partis politiques. Celles-là mêmes qui s’étaient mobilisées pour rendre possible l’existence d’un quota et d’une liste nationale pour les femmes.

Une action rendue possible grâce à l’effort de coordination consenti entre les membres des ONG féminines et celles des partis politiques. Une commission de suivi s’était constituée à ce dernier niveau depuis les élections de 1997.
Cette commission allait trouver une oreille attentive, notamment au ministère chargé de superviser les opérations électorales, à l’époque dirigé par l’actuel Premier ministre, Driss Jettou. Au lendemain des législatives, l’enthousiasme était retombé et les partis politiques ont vite fait de renouer avec les pratiques anciennes. L’action des associations et celle de la commission de suivi comptant les militantes de partis politiques n’avait pourtant pas cessé. Mais, elle n’a visiblement pas trouvé le même écho qu’en 2002. L’Association démocratique des femmes du Maroc était particulièrement active à ce niveau.

Ses dirigeants allaient multiplier les rencontres de sensibilisation au rôle des femmes dans la gestion des affaires locales et surtout faire de ses revendications auprès des responsables politiques et partisans en faveur de l’élargissement de la représentativité des femmes aux conseils communaux.
L’impact, si l’on considère les résultats des candidatures féminines des partis, en est pour le moins faible. Pourtant, à un jour du lancement de la campagne des communales, certains partis politiques faisaient part de la signature d’un pacte d’honneur allant dans le sens souhaité par les ONG de défense des droits des femmes. Action tardive s’il en est. Aujourd’hui, ces mêmes ONG font part de leur déception.

L’ADFM invite à faire le point sur la situation et à suivre de près les candidatures féminines sur le terrain. Le 3 septembre, une conférence de presse est prévue à Casablanca pour lancer le débat sur la question.
Les communales sont-elles une affaire d’hommes ? Pourquoi les partis politiques qui n’avaient de cesse de disserter sur leur volonté d’assurer une meilleure représentativité des femmes dans les conseils communaux ont-ils failli à leur engagement ? L’heure n’est-elle pas venue de permettre aux femmes de s’impliquer dans la gestion des affaires de la collectivité ?
Toutes ces questions attendent une réponse à un moment où les Marocains aspirent à un changement pouvant leur permettre de croire en des lendemains meilleurs.
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