Bilan des épreuves messieurs : Jaouad Gharib, la révélation
Récapitulatif, épreuve par épreuve, des Championnats du monde 2003 d’athlétisme messieurs disputés à Paris/Saint-Denis au Stade de France du 23 au 31 août:
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02 Septembre 2003
À 17:43
• 100 m : pour la première fois dans l’histoire des Mondiaux, aucun Américain n’est sur le podium.
Kim Collins (Saint Kitts et Nevis) s’impose en 10 sec 07/100, un centième devant le Trinidadien Darrel Brown, nouveau recordman du monde juniors. La 3e place est pour le Britannique Darren Campbell. L’Américain Tim Montgomery, détenteur du record du monde, doit se contenter de la 5e place. Son compatriote Maurice Greene, triple champion du monde, a été éliminé en demi-finale.
• Relais 4x100 m : privés de Maurice Greene, Tim Montgomery et Jon Drummond, les Etats-Unis s’imposent néanmoins avec leur équipe «B» et en dépit de passages de témoin hésitants. John Capel, Bernard Williams, Darvis Patton et Joshua Johnson devancent, en 38 sec 06/100, la Grande-Bretagne et le Brésil.
• 200 m : en 20 sec 30/100, John Capel sauve l’honneur du sprint masculin américain bafoué sur 100 m. Deuxième, son compatriote Darvis Patton confirme le rachat mais c’est le dernier élu du podium, le Japonais Shingo Suetsugu, qui écrit une ligne dans l’histoire en devenant le premier sprinteur asiatique jamais médaillé lors d’une compétition planétaire, Mondiaux ou JO.
• 400 m : l’Américain Jerome Young est champion du monde en 44 sec 50/100 mais, dès le lendemain de sa victoire, il est rattrapé par une affaire de dopage datant de 1999 et qui était restée secrète. Absous depuis, il ne risque plus de sanction, sauf en cas, improbable, d’aveu. Argent pour son compatriote Tyree Washington et bronze pour le Français Marc Raquil, auteur d’une dernière ligne droite de folie.
• Relais 4x400 m : Jerome Young, champion du monde du 400 m, glane sa deuxième médaille d’or en concluant (2 min 58 sec 88/100) victorieusement pour les Etats-Unis le travail entamé par Calvin Harrison, Tyree Washington (argent du 400 m) et Derrick Brew. La France (2e) et la Jamaïque (3e) terminent tout près.
• 800 m : le Danois Wilson Kipketer, triple champion du monde, mène jusqu’aux 600 m où le Russe Yuri Borzakovskiy place une attaque qu’il peut croire décisive jusqu’à quelques centimètres de la ligne. Mais c’est l’Algérien Djabir Saïd-Guerni qui, pour 3/100 de seconde, s’impose in extremis en 1 min 44 sec 81/100. Le Sud-africain Mbulaeni Mulaudzi termine 3e devant Kipketer.
• 1500 m : le Marocain Hicham El Guerrouj prend les commandes de la course à deux tours de la fin avec le Français Mehdi Baala dans sa foulée. Il augmente progressivement le rythme sans pour autant décrocher son rival. A l’entrée de l’ultime ligne droite, ce dernier tente de déborder mais El Guerrouj est le plus fort et Baala cède. En 3 min 31 sec 77/100, le Marocain décroche son 4e titre mondial sur la distance. Le bronze est pour l’Ukrainien Ivan Heshko.
• 5000 m : on attendait un doublé du Marocain Hicham El Guerrouj, médaillé d’or du 1500 m, ou de l’Ethiopien Kenenisa Bekele, vainqueur du 10.000 m. Un Kényan de 18 ans, Eliud Kipchoge, déjoue ces pronostics en battant au sprint les deux prestigieux prétendants.
• 10.000 m :triplé éthiopien avec Kenenisa Bekele vainqueur en 26 min 49 sec 57/100 devant Haïlé Gebreselassie et Sileshi Sihine. Le trio a creusé l’écart au fil des tours et est assuré d’occuper le podium. Sihine lâche prise le premier et Bekele, 21 ans, place une accélération dans le dernier virage. «Gebre», son glorieux aîné (30 ans), ne peut répondre, symbole d’une passation de pouvoir.
• Marathon : pour le Marocain Jaouad Gharib, ancien spécialiste de la piste, le deuxième marathon de sa carrière est le bon. A l’issue du parcours tracé dans les rues de Paris, il s’impose en 2 h 08 min 31 sec devant l’Espagnol Julio Rey et l’Italien Stefano Baldini. Gharib est le premier Marocain médaillé sur le marathon.
• 110 m haies : à 32 ans, l’Américain Allen Johnson remporte en 13 sec 12/100 son quatrième titre mondial faisant ainsi mieux que son glorieux aîné Greg Foster (3 titres). Johnson devance son compatriote Terrence Trammell et le Chinois Xiang Liu qui offre à son pays sa première médaille dans cette spécialité.
• 400 m haies : Archi-favori, le Dominicain Felix Sanchez s’impose sans coup férir en 47 sec 25/100, record personnel. L’Américain Joey Woody (2e) et le Grec Periklis Iakovakis (3e), ne l’ont vu que de dos. A la veille de fêter ses 26 ans, Sanchez, n’a jamais été menacé.
• 3000 m steeple : à 20 ans, le néo-Qatarien Saif Saaeed Shaheen, qui était encore le Kényan Stephen Cherono moins de deux semaines avant l’ouverture des Mondiaux, s’impose à l’issue d’une course de folie. Après avoir paru s’envoler vers une victoire facile, il a vu revenir sur ses talons son ex-compatriote Ezekiel Kemboï à 1000 m de l’arrivée. A l’issue d’un mano a mano haletant, il gagne en 8 min 04 sec 39/100, l’Espagnol Eliseo Martin s’adjugeant la 3e place.
• Longueur : blessé et sur le déclin, le Cubain Ivan Pedroso, vainqueur des quatre précédentes éditions, n’a pas pu se qualifier pour la finale. L’Américain Dwight Phillips en profite pour s’emparer du titre grâce à un bond à 8,32 m qui lui permet de devancer le Jamaïquain James Beckford et l’Espagnol Yago Lamela.
• Triple saut : pour son dernier concours avant la retraite, le Britannique Jonathan Edwards, détenteur du record du monde (18,29 m), ne peut se qualifier pour la finale. Elle est remportée par son successeur désigné, le Suédois Christian Olsson, qui s’impose dès son premier essai avec 17,72 m. Il devance le Cubain Yoandri Betanzos et le Bahamien Leevan Sands.
• Hauteur : seul à franchir la barre à 2,35 m, le grand (2,04 m) Sud-Africain Jacques Freitag (21 ans), est champion du monde devant le Suédois Stefan Holm et le Canadien Mark Boswell. Freitag avait réalisé en 2002 la meilleur performance mondiale (2,37 m).
• Perche : l’Italien Giuseppe Gibilisco crée la surprise en l’emportant avec un saut à 5,90 m, soit 8 cm de mieux de ce qui était jusqu’alors son record national.
Il devance un ancien, le Sud-Africain Okkert Brits, et un autre nouveau venu sur la scène internationale, le Suédois Patrik Kristiansson. Les deux meilleurs performeurs de la saison, le Français Romain Mesnil et l’Israélien Aleksandr Averbuckh, ont été éliminés en qualifications.
• Poids : à peine requalifié après deux ans de suspension pour dopage, le Bélarusse Andrey Mikhnevich l’emporte avec 21,69 m, l’Américain Adam Nelson (2e) et l’Ukrainien Yuriy Bilonog (3e) se partagent les accessits. L’Américain John Godina, tenant du titre et triple champion du monde, ne s’est pas qualifié pour les trois derniers lancers de la finale.
• Marteau : le Bélarusse Ivan Tikhon s’adjuge l’or avec un jet de 83,05 m qui lui permet de devancer le Hongrois Adrian Annus et le Japonais Koji Murofushi. Cité parmi les favoris, un autre Bélarusse, Igor Astapkovich (40 ans), ne s’est pas qualifié pour le second tour de la finale.
• Disque : le Lituanien Virgilius Alekna réalise dès son premier essai un lancer à 69,69 m qui lui vaut le titre devant le Hongrois Robert Fazekas (2e) et le Bélarusse Vassily Kaptyukh (3e). Le quintuple champion du monde allemand, Lars Riedel, échoue au pied du podium.
• Javelot : le tenant du titre tchèque, Jan Zelezny, en quête d’un quatrième titre mondial, n’a pu faire mieux que quatrième, laissant le podium au Russe Sergey Makarov, médaillé d’or avec un jet à 85,44 m, devant l’Estonien Andrus Varnik et l’Allemand Boris Henry.
• Décathlon : l’Américain Tom Pappas décroche son deuxième titre mondial après celui, en salle, de l’heptathlon en début d’année. Avec 8750 points, il devance le Tchèque Roman Sebrle, bien loin de son record du monde (9026), et le Kazakh Dmitriy Karpov.
Des vainqueurs mais pas des patrons
Le sprint s’est donné de nouveaux champions aux Mondiaux d’athlétisme 2003 mais aucun ne s’est posé en véritable patron, pas même l’Américaine Kelli White, dont le doublé 100-200 m a été réussi en l’absence de sa compatriote Marion Jones et entaché d’une suspicion de dopage.
La victoire de Kim Collins sur 100 m a offert au Kittitien de l’or qu’il pourra transformer en dollars lors des courses à venir. Mais elle n’a pas fait de lui un favori pour les titres à venir dont celui des Jeux d’Athènes l’an prochain.
Il a probablement bénéficié d’une période de transition sur la ligne droite. Une opportunité qu’aurait tout aussi bien pu saisir ses rivaux, le puissant Trinidadien Darrel Brown, néo-détenteur du record du monde juniors (10.01), par exemple.
S’il poursuit son ascension, ce dernier peut grapiller le centième qui l’a privé de l’or, voire les deux qui le séparent du clan des «moins de dix secondes».
Absents du podium, les Américains ne peuvent être totalement écartés des courses à venir mais leur cas soulève néanmoins des interrogations. Ombre Maurice Greene retrouvera-t-il la pointe de vitesse qui lui permit de cumuler trois titres mondiaux et un sacre olympique ou est-il déjà sur le déclin? Tim Montgomery, n’a-t-il besoin que d’une plus longue période d’adaptation aux méthodes de son nouvel entraîneur, Dan Pfaff, ou restera-t-il dans l’histoire comme l’homme d’une course, celle qui l’a vu battre le record du monde (9.78)? Même chose sur 200 m où l’Américain John Capel ne peut être considéré comme le successeur de son compatriote Michael Johnson. Sans parler de record, accroché à une hauteur presque inhumaine (19.32), Capel a vaincu sans dominer. Et en l’absence du Grec Kostas Kenteris.
A défaut d’être patronne, la Californienne Kelli White a laissé penser qu’elle pouvait au moins rivaliser avec Marion Jones, dont le retour est attendu après sa parenthèse maternelle. Le doublé 100-200 m de White a en effet été agrémenté de chronos de rang mondial (10.85 et 22.05). Mais la révélation d’un contrôle antidopage au moins suspect a jeté le doute sur ses performances et laisse planer l’ombre d’une disqualification. Les Américaines Torri Edwards, la Grecque Ekaterini Thanou et l’Ukrainienne Zhanna Block restent en position de trouble-fête. Un groupe auquel s’ajoutent les Françaises Christine Arron (100 m) et Muriel Hurtis (200 m).