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Des Marines blessés racontent leur désarroi face à la résistance irakienne

Le Marine américain Bruce Cole était en train d'observer des civils du haut de son véhicule blindé, sur une autoroute du sud de l'Irak, quand une balle a traversé son avant-bras droit.
>"Des civils étaient devant leurs maisons, regardaient par la fenêt

02 Avril 2003 À 22:31

Blessé, il a rejoint par avion la base aérienne US de Ramstein, pour être transféré à 5 km, au centre médical, qui a déjà accueilli plus de 220 patients depuis le déclenchement de la guerre.
"L'ennemi est suffisamment dénué de scrupules pour s'abriter derrière des civils", commente le soldat, le bras en écharpe muni d'une perfusion. "Mettre des vêtements de civils par-dessus son uniforme, se cacher derrière des femmes et des enfants, comme ça...", ajoute-t-il, d'un air dégoûté.
Même surprise mêlée d'amertume chez cet autre Marine, le sergent Bill Hale, étonné de cette menace invisible qui n'existait pas pendant la première guerre du Golfe.
"J'ai combattu pendant la guerre du Golfe, en 1991. Mais je ne peux pas comparer" avec le conflit en cours en Irak. A l'époque, "le degré de résistance était minime", explique le sergent Bill Hale, 35 ans, treillis couleur sable et tête rasée, qui s'attendait, cette fois aussi, à être accueilli en libérateur.
En 1991, "les civils koweitis nous acclamaient quand nous arrivions. Cette fois-ci nous ne savons pas ce qui se cache derrière les habits de civils. Le vrai problème, maintenant, c'est de savoir qui est l'ennemi", s'inquiète le militaire, enfoncé dans une chaise roulante.
Son régiment, chargé de sécuriser un pont au sud de Nassiriyah, a essuyé une attaque surprise dans une station-service abandonnée, censée servir de camp pour quelques jours.
En un éclair, son camion est frappée par une roquette. "Je me suis envolé dans les airs, un vrai Superman", plaisante-t-il.
"Nous avons appris qu'un drapeau blanc ne signifie pas toujours que les hommes veulent se rendre", acquiesce timidement le jeune lieutenant James Uwins, 26 ans.
Tout en montrant sur ses jambes les traces à peine cicatrisées laissées par des éclats d'obus, l'homme aux traits d'adolescent avoue: "Je ne m'attendais pas à être blessé". Mais il jure vouloir regagner le front. "Je préférerais retourner avec mes Marines. Pour les défendre, si je peux. Ici, je ne fais pas mon travail", regrette-t-il. Le sergent Hale, lui, reste plus prudent. "Mon souci majeur est de pouvoir marcher à nouveau", affirme-t-il.
Quant au Marine Bruce Cole, il remercie le ciel d'être vivant. "Un résultat qui relève de l'intervention divine et de l'entraînement", résume-t-il. Selon le Pentagone, 46 soldats américains ont été tués depuis le début de l'offensive. Parmi eux, 38 sont morts en combattant.
Quatre divisions de la Garde républicaine, engagées dans la défense de Bagdad, ont été mercredi sous le feu combiné des attaques terrestres et aériennes des forces américaines et britanniques, selon le commandement central américain (Centcom) au Qatar.
La division Bagdad a été "détruite", a affirmé le Centcom, une information aussitôt démentie à Bagdad, le commandant de cette unité d'élite affirmant à la télevision satellitaire irakienne avoir eu seulement 17 tués et 35 blessés.
"Le commandement est au complet et nous sommes prêts à affronter l'ennemi où qu'il soit", a ajouté le général, dont l'identité n'a pas été communiquée.
Son unité est une division mécanisée, composée de trois brigades d'infanterie motorisée. Elle est positionnée au sud-est de Bagdad, près d'Al-Kout, et a été attaquée par la 1ère division des Marines américains.
Contrairement aux divisions blindées de la Garde républicaine, la division Bagdad ne dispose pas d'un nombre important de chars. Elle n'a en outre pas eu une première expérience du combat contre les forces américaines pendant la guerre du Golfe en 1991.
Elle n'avait pas participé à l'invasion du Koweit en 1990, menée par quatre autres divisions de la Garde. La division Bagdad était déployée depuis 1997 dans la région de Mossoul (nord). Elle a été envoyée récemment vers le sud dans le cadre de la réorganisation de la défense de la capitale.
Les divisions Médine et Nabuchodonosor de la Garde, déployées sur un arc au sud de Bagdad et attaquées mercredi, sont des unités nettement plus puissantes. La première est une division blindée dotée de chars T-72 de fabrication russe, l'autre est une division mécanisée réputée pour son artillerie. Elle avait opposé la plus dure résistance à l'avancée américaine le 26 février 1991 avant d'être décimée.
Une quatrième division de la Garde, la division mécanisée Adnan, qui tente de descendre renforcer la défense de Bagdad depuis la ville de Tikrit, fief de Saddam Hussein à 200 km au nord de la capitale, est de son côté la cible d'attaques aériennes, selon le Centcom.
La division Adnan a une puissance de feu renforcée par la présence en son sein d'une brigade blindée dotée de chars. Elle a combattu les troupes américaines en 1991 et compte de nombreux officiers de la tribu du président.
La division Médine est une "des meilleures de la Garde républicaine, une des plus puissantes", avait estimé devant les journalistes le général américain Stanley McChrystral, directeur adjoint des opérations à l'état-major.
Elle a déjà combattu en 1991, résistant au lieu de fuir au prix de pertes considérables. Le 27 février 1991, la 2ème brigade de la 1ère division blindée américaine devait détruire en moins d'une heure 61 de ses chars et 34 blindés transports de troupes.
La Garde républicaine, forte actuellement de quelques 60.000 hommes, organisés en huit divisions, constitue le noyau dur des forces armées irakiennes avec les hommes les mieux entraînés, les mieux équipés et les plus motivés.
Ces unités sont considérées par les experts militaires occidentaux comme des troupes d'élite, d'un niveau supérieur aux forces régulières américaines et comparable à celui des Marines.
La Garde républicaine avait toutefois subi des pertes importantes en 1991 et elle n'a jamais pu reconstituer l'intégralité de son matériel et le moderniser, suite à 12 ans de sanctions internationales. Ces unités ne compteraient plus au total que 500 pièces d'artillerie, quelque 800 chars et 1.100 blindés, selon la revue britannique spécialisée Jane's.
Les hommes sont recrutés sur la base du volontariat, mais seuls les Irakiens sunnites peuvent en faire partie, les Kurdes ou les Chiites, jugés peu fiables, en étant exclus.
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