Des armes imprévisibles pour les forces américaines et britanniques

Mais il a appelé d'autres forces, en dehors de l'armée, qu'il a dépeintes en des termes presque mythiques, à faire preuve de bravoure arabe, influence tribale et croyance islamique. Jusque-là, l'appel du président irakien a été suivi par une série de coups portés à la machine de guerre américaine.
Dans son deuxième discours depuis le déclenchement jeudi des hostilités, Saddam a choisi lundi les commandants des divisions "héroïques" de l'armée régulière "des volontaires pour le martyre" et qualifiée d'"épopées" les batailles contre les troupes américaines et britanniques autour de la ville du sud irakien d'Oum Qasr.
"Je salue toutes nos forces et tous ceux qui résistent", a dit l'Irak Hussein en désignant notamment les troupes de la 11ème division de l'armée irakienne et celles du 45ème bataillon, qui, a-t-il affirmé, repoussent avec "courage" les troupes "ennemies" à Oum Qasr. Mais le président irakien et son entourage ont loué la résistance des autres composantes de la société.
Le chef de l'Etat a ainsi appelé mardi les chefs de tribus, qui ont des centaines de milliers d'hommes armés sous leur commandement, à combattre les troupes d'invasion sans attendre les ordres.
"Poursuivez les ennemis et frappez-les partout où vous les trouvez", a-t-il dit dans un message lu en son nom à la télévision d'Etat par le ministre de l'Information Mohamed Saïd Al-Sahhaf. D'ailleurs, la première attaque suicide a été menée lundi soir par un kamikaze irakien à Fao, dans le sud-est de l'Irak, qui a réussi à détruire un char de la coalition américano-britannique, a annoncé mardi un porte-parole militaire irakiene, qui a pour sa part rendu hommage à l'acte "héroïque" d'une femme irakienne qui avait tiré une roquette contre un transport de troupes blindés dans la région de Souk Al-Shouyoukh, dans le centre de l'Irak.
Il a promis de permettre à la presse de rencontrer Maysoun Hamid Abdallah. "C'est une héroïne", a-t-il affirmé.
Après avoir exaspéré Washington en diffusant des images de prisonniers de guerre américains, dont deux pilotes que Bagdad a présentés comme ceux d'un hélicoptère abattu près de Karbala (sud), les médias officiels irakiens ont présenté un fermier comme celui qui a abattu l'appareil. La photo de Ali Obeid Mankash, le "courageux", figurait à la Une de la presse officielle.

Pluie de boue après tempête de sable : le ciel aide les Irakiens

Une tempête de sable au-dessus de Bagdad s'est transformée mercredi en une pluie de boue qui bouche totalement l'horizon, rend les chaussées glissantes et donne aux Irakiens le sentiment que les éléments sont de leur côté. La capitale irakienne a été plongée dès les premières heures de l'après-midi dans une nuit artificielle couleur orangée et la température y a chuté de plusieurs degrés. Des averses de boue aveuglent les pare-brise des véhicules et font disparaître les carrosseries sous une couche de sable ocre. Ceux qui avaient eu la mauvaise idée de laver mercredi matin leurs voitures après 24 heures de tempête de sable s'en sont vite repentis. Les rues, où la lueur des lampadaires a du mal à percer le brouillard de pluie et de poussière, sont vides. Chaque nid de poule sur les chaussées défoncées s'est transformée en une flaque de boue. Aucun Bagdadi ne se souvient d'un pareil concours de vent, de sable et de pluie, et certains veulent y voir une aide inespérée venue du ciel pour les protéger des frappes américano-britanniques qui ont fait au moins quatorze tués et trente blessés mercredi. Ces intempéries qui transforment les pistes en bourbier ont ralenti la progression vers Bagdad des troupes américaines.