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Des centaines de jeunes ont envahi l'aéroport d'Abidjan

Des centaines de «jeunes patriotes» ont pénétré hier matin sur les pistes de l'aéroport d'Abidjan et un des soldats français qui intervenaient aux côtés de l'armée ivoirienne a été sérieusement blessé à la tête par des jets de pierres.

31 Janvier 2003 À 18:22

C'est la première fois depuis le renforcement des forces françaises en Côte d'Ivoire dans le cadre de l'opération Licorne, qu'un soldat français est blessé par des partisans du président Laurent Gbagbo.
Plus d'une dizaine avaient été touchés plus ou moins grièvement lors d'accrochages avec les rebelles présents dans l'ouest ivoirien.
Des policiers ivoiriens se sont placés entre les militaires français et les manifestants à l'aéroport pour tenter d'éviter tout débordement. Des gendarmes ivoiriens se déployaient également autour de l'aéroport.
Selon le porte-parole des troupes françaises en Côte d'Ivoire, le lieutenant-colonel Philippe Perret, les manifestants ont investi les pistes de l'aéroport d'Abidjan, «caillassant» les troupes françaises.
Un soldat français a été «sérieusement blessé à la face par ces jets de pierre» mais ses jours ne sont pas en danger, a-t-il indiqué.
«On n'aime pas trop être transformé en CRS, mais on fait notre travail sans état d'âme», a déclaré un officier de l'Opération Licorne, chargée en Côte d'Ivoire d'assurer la protection des ressortissants étrangers et de sécuriser le cessez-le-feu entre forces loyalistes et rebelles.
A Paris, l'état-major des armées françaises a dénoncé les «casseurs violents» qui se sont comportés en «pilleurs». «Ces jeunes qui se dénomment patriotes ont agi ce matin comme des casseurs violents mettant en danger les personnes, les infrastructures et le matériel aéroportuaire, et comme des pilleurs puisque plusieurs valises de ressortissants français ont été volées et pillées sur place», a déclaré à l'AFP le colonel Christian Baptiste, de l'état-major.
Cordon de sécurité
Selon un journaliste de l'AFP sur place, les pistes ont été dégagées mais plusieurs centaines de «jeunes patriotes» se sont massés devant les bâtiments de l'aéroport, dans un face à face tendu avec plusieurs dizaine de soldats français appuyés par quatre blindés.
Dans une intervention conjointe avec l'armée ivoirienne, les militaires français ont utilisé des VAB (véhicules de l'avant blindé) et des hélicoptères, qui ont survolé le tarmac en rase-mottes, pour sécuriser les pistes, ont indiqué des témoins.
Un char Sagaie de l'armée française s'est positionné devant l'entrée Départ de l'aéroport et au moins trois autres chars ont établi un cordon de sécurité autour du terminal avec quelques dizaines de soldats français, a constaté un journaliste. Au total selon des observateurs, 7 à 800 manifestants sont arrivés à bord de bus de la SOTRA (la société publique de transports) pour investir l'aéroport et, selon leurs slogans, «empêcher (le nouveau Premier ministre) Seydou Diarra d'arriver».
«Diarra Premier ministre des Français, pas des Ivoiriens», scandent les manifestants, qui ont également brûlé un drapeau français, mais n'ont pas empêché certains Français arrivant sur place d'entrer dans l'aéroport.
Seydou Elimane Diarra est le nouveau Premier ministre ivoirien désigné par le président Gbagbo suite à la signature des accords de Marcoussis en France le 24 janvier. Il devait arriver en provenance de Dakar à Abidjan vendredi.
A l'intérieur de l'aéroport se trouvaient par ailleurs quelque 300 Français qui devaient quitter le pays à bord d'un DC-10 de la compagnie Air Lib et 500 autres passagers qui attendaient le départ du vol d'Air France vers Paris.
A l'intérieur du terminal, une foule compacte était rassemblée sous la protection d'une vingtaine de militaires français.
Déjà plus de 500 Français ont quitté Abidjan ces derniers jours dans le cadre d'évacuations privées.
Des familles candidates au départ manifestent leur colère contre les autorités françaises et leur tristesse de quitter la Côte d'Ivoire dans ces conditions, certains éclatant en sanglots. De source aéroportuaire, aucun vol n'est annulé et tous les vols au départ d'Abidjan sont plein quelle que soit leur destination, Paris ou les capitales de la sous-région.

Le pouvoir et la rébellion à Dakar pour sauver les accords de Marcoussis


Les représentants du régime du président ivoirien, Laurent Gbagbo, et les chefs de la rébellion, reçus en audience dans la nuit de jeudi à vendredi à Dakar par le président sénégalais Abdoulaye Wade, ont tous exprimé leur souhait de voir aboutir les accords de Marcoussis (France), censés ramener la paix en Côte d'Ivoire.
Les protagonistes de la crise ivoirienne ont été reçus à la veille d'un sommet de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Les points de convergence semblent cependant s'arrêter là, une semaine seulement après la signature de cet accord célébré par tous les protagonistes de la crise ivoirienne qui avaient sablé le champagne et chanté ensemble l'hymne national à l'issue de la réunion de Marcoussis.
Depuis, le processus enclenché semble être en panne poussant les signataires à défiler chez le Président Wade, également président en exercice de la CEDEAO, pour faire aboutir le processus.
Souhaitant que Marcoussis ne «soit pas un rendez-vous manqué», le premier ministre sortant, Pascal Affi N'Guessan, est venu rencontrer le président Wade en tant qu'émissaire du chef de l'Etat ivoirien.
A sa sortie d'audience, M. N'Guessan a indiqué que l'objectif de son déplacement à Dakar, est de «voir dans quelle mesure, dans le cadre du sommet de la CEDEAO, le président Wade, ainsi que l'ensemble de ses pairs (ouest-africains), peuvent aider dans la mise en oeuvre des résolutions de la table ronde de Marcoussis et des réunions de Paris».
Les accords de Marcoussis, signés le 24 janvier dernier, butent sur la répartition des portefeuilles ministériels, les partisans du président Gbagbo à Abidjan ayant violemment manifesté à l'annonce de l'attribution des ministères de l'Intérieur et de la Défense à la rébellion.
Dans les rangs de cette rébellion, dont une délégation a également été reçue par M. Wade, le voeu clairement exprimé à Dakar est de voir ces accords «intégralement» appliqués.
«Nous sommes parties prenantes de (ces accords) que nous avons signés entièrement et que nous entendons et souhaitons voir appliquer intégralement», a déclaré Guillaume Soro, secrétaire général du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI).
Egalement reçu par Wade, le premier ministre de «consensus», Seydou Diarra, «désigné» pour conduire un gouvernement d'union nationale a, quant à lui, préféré garder le silence à sa sortie d'audience.

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