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Destruction des missiles Al-Samoud 2 : les tergiversations de Baghdad comportent des risques

Le délai pris par l'Irak pour étudier la demande des inspecteurs de l'ONU de détruire ses missiles prohibés risque de décevoir les pays qui souhaitent une issue négociée à la crise irakienne et de donner des arguments aux Etats-Unis, notaient lundi des

24 Février 2003 À 17:48

Le directeur général de l'organisme de contrôle du désarmement irakien (NMD), Hossam Mohamed Amine, a expliqué dimanche soir que les responsables irakiens «étudiaient» une demande pressante du chef des inspecteurs de l'ONU, Hans Blix, pour que Baghdad détruise des missiles Al-Samoud 2.
Cette demande, a-t-il expliqué, «est à l'étude, nous l'examinons sérieusement et nous espérons régler cette question sans intervention américaine ou britannique». Les Irakiens assurent que des vérifications techniques sont encore nécessaire avant de passer à la phase de destruction de ces missiles, que l'ONU veut voir entamer dès le 1er mars. Ils considèrent en effet que les essais au cours desquels les missiles ont dépassé la portée de 150 km autorisée n'apportent pas la preuve que tous les missiles Al-Samoud 2 sont en contravention avec cette limite. Les experts de l'ONU en Irak ont procédé dès dimanche près de Baghdad à un test de poussée sur un moteur d'Al-Samoud2.
«C'est une réponse d'attente», a expliqué hier un diplomate à Baghdad, en commentant sous couvert de l'anonymat la position irakienne. Pour lui, le régime irakien n'est pas en position de refuser l'exigence de l'ONU même s'il ne l'accueille pas avec un «oui, franc et massif». «S'ils refusent, ils font un cadeau en or aux Américains», a encore suggéré ce diplomate, dans une allusion aux accusations répétées de l'administration américaine sur la duplicité des Irakiens.

Passer aux actes

Les réticences irakiennes ont été exprimées après un commentaire samedi du Président américain Georges W. Bush, pour qui la destruction du programme Al Samoud-2 ne serait pas suffisant pour prouver la bonne foi de Baghdad. Pour lui, ce sujet représente le «sommet de l'iceberg» et l'Irak doit détruire des quantités d'armes interdites dont Washington affirme l'existence, mais sans jamais l'avoir démontrée.
La France, le pays le plus en pointe dans la défense de la poursuite du processus d'inspections de l'ONU en Irak, redoutant le danger d'un coup d'arrêt à la coopération irakienne, a répété sa position en la matière.

Programme balistique

«Il faut passer aux actes et appliquer les obligations de l'Irak, en l'occurrence la destruction de ces missiles prohibés», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin. Le ministre de la Défense, Mme Michèle Alliot-Marie, lui a fait écho, en assurant: «Nous disons fermement à l'Irak: il faut coopérer totalement».
M. Blix a donné jusqu'au 1er mars aux Irakiens pour commencer à détruire leurs missiles Al-Samoud 2. Outre les engins eux-mêmes, les Irakiens devront détruire les éléments essentiels de ce programme balistique, y compris des chambres de coulée pour les fuselages et des moteurs importés hors des systèmes de contrôle de l'ONU.
Le Al-Samoud 2 est un missile de sept mètres de long à combustible liquide.
Il peut emporter une charge de 300 kg. Les Irakiens l'ont développé depuis 1997 et les tests ont établi que, tout comme les autres générations de missiles irakiens, il était imprécis.
Selon des sources irakiennes, une centaine de missiles auraient été produits, dont 50 ont déjà été livrés à l'armée. Mais pour des responsables internationaux, le nombre des engins déployés est plus proche des 60 unités, tandis qu'il resterait moins de quarante missiles en préparation, dans la mesure où les essais en ont détruit plus d'une dizaine.
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