Difficile réveil pour l’Angola après 27 ans de guerre civile
L’Angola, pays martyrisé par 27 ans de guerre civile, connait la paix depuis un an, mais la reconstruction n’a pas commencé, les ex-rebelles vivent toujours dans des conditions précaires, comme une majorité de la population qui ne profite pas
La paix entre l’armée angolaise et la rébellion de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), a été formellement signée le 4 avril 2002 à Luanda, moins de 3 mois après la mort du leader historique de l’Unita, Jonas Savimbi, tué par l’armée en février dans la province de Moxico (est). Depuis, la paix tient dans tout le territoire, à l’exception de la province de Cabinda (nord), enclavée entre les deux Congo, en proie depuis huit mois à des combats entre les Forces armées angolaises (FAA) et les diverses factions indépendantistes du Front de libération de l’enclave de Cabinda (FLEC).
Au moins 500.000 des 12 millions d’Angolais ont été tués pendant la guerre civile, commencée au lendemain de l’indépendance de leur pays du Portugal, en 1975. Quatre millions ont été déplacés, et des centaines de milliers d’autres ont pris la route de l’exil, dont 450.000 dans les pays voisins, Zambie, Namibie, République démocratique du Congo (RDC) et Congo.
Au lendemain de l’accord du 4 avril, les quelque 85.000 soldats de la rébellion, parqués dans 35 camps répartis sur l’ensemble du territoire avec les membres de leurs familles, ont été démobilisés et désarmés. Un an après le retour à la paix, la majorité d’entre eux y vit encore dans des conditions misérables et seulement 5 des 35 camps ont été fermés.
Entre novembre 2002 et février 2003, seulement 93.000 personnes deplacées avaient pu retourner dans leurs villages d’origine, ainsi que quelque 22.000 ex-combattants de l’Unita. Tous l’ont fait avec leurs propres moyens, sans l’aide promise par le gouvernement angolais.
«Un citoyen, un emploi»
«L’état de nos anciens soldats nous préoccupe énormément», a déclaré à l’AFP Marcial Dachala, porte-parole de l’Unita. Il a reconnu que le pouvoir du président José Eduardo Dos Santos a «rempli une partie des ses tâches, mais il faut qu’il assume la totalité des ses responsabilités qui est l’intégration dans la société civile des ex-soldats et de leurs familles». A ce jour, les programmes de formation professionnelle promis par le pouvoir n’ont concerné qu’une poignée d’anciens rebelles. Le gouvernment a dans ces projets un programme de réinsertion intitulé «un citoyen, un emploi», qui attend un financement de la Banque Mondiale avant d’être appliqué.
Or, les institutions financières internationales et les autres bailleurs de fonds, tardent à apporter l’aide réclamée au lendemain de l’accord du 4 avril par le gouvernement: ils exigent des garanties en matière de transparence dans la gestion et la distribution des ressources qui seront allouées à la reconstruction du pays, aux principales infrastructures détruites pendant la guerre.
En Angola, pays aux ressources pétrolières et diamantifères immenses qui rapportent à l’Etat l’essentiel de ses revenus, 63% de la population urbaine vit pourtant en dessous du seuil de pauvreté, 15% seulement ont accès à l’eau potable dans les campagnes, 25% dans les villes.
Le Premier ministre Fernando da Piedade dit «Nando», nommé fin 2002, est en train d’essayer d’attirer les investisseurs étrangers hors secteur pétrolier et d’améliorer l’image d’un gouvernement perçu comme un «clan» du chef de l’Etat détournant l’essentiel des revenus du pétrole à son profit.
«L’Angola vit dans l’expectative», écrivent les évêques catholiques dans une lettre publiée à l’occasion du premier anniversaire de la paix. «Nous voulons que la reconstruction devienne réalité», ajoutent-ils en constatant que leur pays reste pour l’instant «un pays de déplacés».