Driss Lachgar s'explique : « les usfpéistes invités à procéder à un aggiornamento idéologique »
Hier dimanche, la commission administrative de l'USFP, en session ouverte, s'est enfin réunie à Rabat, après moult reports et avec deux points à l'ordre du jour : la lutte contre le terrorisme et les échéances électorales. >« La mobilisation des usfpé
Mr. Driss LACHGAR, membre de l'USFP.
LE MATIN
06 Juillet 2003
À 19:44
Ce membre du bureau politique reconnaît que son parti « s'est seulement attaché à la question des institutions occultant les questions relatives à la société, la femme, la culture, l'enseignement ». « Autant de points essentiels que notre projet de société moderne n'évoque pas ; et après les attentats de Casablanca, les socialistes sont tenus, dans le cadre de la préparation du prochain congrès, à réfléchir quant à un renouvellement idéologique tout en s'inscrivant dans la continuité », plaide cet avocat dans le civil.
La commission administrative de l'USFP s'est réunie ce dimanche à Rabat, après plusieurs reports. Pourquoi un tel retard ?
En fait, la commission se réunit dans les délais. Nous pouvons considérer peut-être que c'est une réunion tardive parce que justement c'était une session ouverte !La mobilisation des usfpéistes à travers le pays après les événements du 16 mai rendait difficile leur convocation pour tenir réunion de la commission. Notre mobilisation est avant tout basée sur un principe fondateur et des choix fondamentaux de lutte contre les forces rétrogrades, conservatrices et obscurantistes et qui se sont dévoilées avec sauvagerie et violence le 16 mai. Ces forces ont prouvé que le combat des usfpéistes qui remonte en fait à l'assassinat de Omar Benjelloun est un vrai combat.
Entre un camp aux choix clairs quant au projet de société moderne et aux positions affichées contre l'utilisation de l'islam politique et un autre camp donnant l'impression d'être conciliant face à la question islamiste, dans quel état d'esprit l'USFP se réunit-elle ?
Ce qui rassemble les usfpéistes, c'est leur référentiel politique et idéologique : la social-démocratie. C'est pourquoi nous ne pouvons qu'être attachés à la modernité de manière globale. Au 6e Congrès de l'USFP, nous avons essayé d'insister sur notre référentiel axé sur la démocratie et la modernité. Mais les conditions du 6e Congrès ne nous ont pas permis de donner une extension sur la base de la réflexion et l'idéologie. Autrement dit, ce référentiel s'est seulement attaché à la question des institutions occultant les questions relatives à la société, la femme, la culture, l'enseignement. Autant de points essentiels que notre projet de société moderne n'évoque pas et après les attentats de Casablanca, les socialistes sont tenus, dans le cadre de la préparation du prochain congrès, à réfléchir quant à un renouvellement idéologique tout en s'inscrivant dans la continuité. Un renouvellement par rapport auquel nous devons trouver les réponses à bien des questions sociétales selon notre vision de modernité. Je pense par exemple à la question de l'ijtihad en islam et à laquelle est confronté tout projet de réforme. Le Coran dit qu'au voleur la main est coupée. La plupart des pays musulmans ont choisi d'adopter en la matière le droit positif plutôt que la Chariaa. Pourquoi alors l'ijtihad poserait problème uniquement en ce qui concerne la polygamie ? Tout ceux porteurs d'un projet de société de progrès et de modernité se doivent, aujourd'hui plus que jamais, de poser ces questions relatives à la polygamie, la répudiation, la tutelle, la hadana, etc.
Pour en revenir à votre question, les usfpéistes ont une même vision. Ceux qui ne sont pas d'accord avec un tel référentiel se situeraient en dehors des structures de l'USFP. Les événements du 16 mai confirment bien que notre lutte contre l'obscurantisme ne pourrait en aucun cas cesser. Ce qu'expriment certains camarades ne dépassent pas le cadre des avis personnels et la commission administrative de ce dimanche - qui a deux points à l'ordre du jour : lutte contre le terrorisme et élections- aura une position claire au sujet de la lutte contre le terrorisme. Tous nos autres problèmes en interne à l'USFP attendront.
La lutte contre le terrorisme est quelque part liée aux élections communales. Quelles alliances l'USFP est-elle prête à faire pour avoir des mairies par exemple ?
Nos alliances ne peuvent se conclure que dans le cadre de la Koutla et de la majorité. Il serait aberrant qu'un parti de la majorité comme l'USFP fasse alliance avec un parti de l'opposition. Cela relèverait tout simplement du calcul opportuniste. Nous entamons le rendez-vous électoral dans une conjoncture très pointue. Ce sont les premières communales sous le règne de S.M. le Roi Mohammed VI et elles sont les premières aussi à se tenir après la réforme de la charte communale : unité de la ville, scrutin par liste… La bataille électorale ne sera pas locale mais une bataille politique car il s'agira de combattre les forces obscurantistes. Aucun terrain d'entente n'est possible à moins qu'ils ne fassent leur auto-critique publiquement devant les Marocains et qu'ils acceptent de faire de la politique loin de la religion. La gestion communale, c'est aussi le quotidien, la vie de tous les jours. Aux communales, nous dirons aux citoyens que le droit à la vie, le droit d'aller à la plage ou encore de s'habiller librement sont importants et qu'ils doivent être conscients de ceux qui veulent leur confisquer tout cela. Les communales seront un moment politique déterminant. L'exemple algérien n'est pas si loin…