Fashion Week en Chine : quand le pays de l’uniforme se met à la mode
La Chine dont la population est estimée à 1,294 milliard d'habitants créée de nouveaux besoins qui cette fois-ci sont intimement liés au luxe, à la mode et à la beauté. C’est la classe moyenne émergente dénombrée par une dizaine de millions de perso
Quand une nouvelle fièvre attrape la Chine, il faut s’attendre à une révolution. Cette fois-ci elle concerne le domaine des étoffes. Des défilés parisiens de la mode chinoise se tiennent de plus en plus dans l’Hexagone, n’ayant qu’une seule envie, celle de promouvoir ce style qui vient de très loin. Cette attention de la part de la capitale de la mode est révélatrice. Des indices démontrent qu’avec le temps une nouvelle fenêtre de la création chinoise s’ouvrira, dont les aboutissements conduiront à l’apparition de nouvelles lignes et styles qui ne feront qu’enrichir le monde de la mode, constamment à l’affût de la création, du courage et de la rénovation.
Personne ne s’attendait à ce que les mœurs évoluent à ce point dans le pays où l’uniforme Mao est roi. D’autant plus, pendant de longues décennies, la Chine s’est forgée une réputation de fer, révélant que personne ni rien ne pouvait l’évincer en matière de contrefaçon bon marché. La qualité et la créativité semblaient être l’apanage de l’autre monde, l’Occident. Depuis six ans au moins, ces donnés ont connu une métamorphose manifeste et la Chine s’est livrée à une nouvelle bataille, celle de la conquête de l ’Occident par un style et un savoir-faire portant la très attendue griffe chinoise.
Ces ambitions ne sont pas restées sur papiers, et l’organisation de Fashion week en 1997 a été une réplique stricte et claire aux objectifs à atteindre par les stylistes chinois qui veulent acquérir un marché en pleine explosion, et cela avant que les occidentaux prennent leur place. Ces nouvelles dispositions ont été décidées par l’arrivée d’une nouvelle frange de la population, composée de jeunes femmes éduquées et ayant un pouvoir d’achat imposant. Elles représentent la cible parfaite des grandes marques occidentales qui se précipitent, par le biais de l’introduction de magazines spécialisés de mode et beauté, pour aborder le marché chinois.
Cette année c’est le tour de la capitale, Beijing qui a repris le flambeau de la célébration et a abrité récemment le rendez-vous annuel “Fashion week ” de la Chine qui a pris fin le mercredi dernier avec une présitigieuse gala, primant les meilleurs stylistes et mannequins. Outre la forte présence de la presse étrangère, la presse locale a donné une impressionnante couverture à cet évènement qui prend d’année en année de l’ampleur. L’occasion en est la participation d’une centaine de maisons de couture chinoise qui ne ménagent aucun effort pour propulser le domaine de la mode qui finira inévitablement par connaître le succès malgré la sévérité des critiques des spécialistes de la mode. On reproche aux stylistes chinois de rester très collés aux traditions et leurs lignes ne parviennent pas de surcroît répondre aux critères de la créativité.
Leurs griffes manquent de rénovation, et lorsqu’ils parviennent à sortir de leur cercle identitaire millénaire, ils ne font que copier les stylistes occidentaux. Visiblement, l’handicap se situe au niveau d’un manque de maîtrise de style et de visibilité.
Il est évident que les stylistes ne savent pas sur quel pied danser. Doivent-ils créer des modèles inspirées de leur civilisation vestimentaire ou couper court avec le passé et imaginer des lignes complètement nouvelles ? La réponse se décidera dans les années futures qui, elles, rompront résolument avec le temps où la Chine fut un simple pays sous-traitant. L’objectif de la Chine et les grands pays voisins, -le Japon et la Corée du Sud- et de devenir des ambassadeurs crédibles et créatifs de la mode asiatique et concurrencer légitimement l’axe Paris/ Milan/ New York/ Londres.