LE MATIN
09 Décembre 2003
À 15:59
Ayant fait bénéficier les équipes nationales de leurs talents durant leur jeunesse, mais n'en ayant jamais bénéficié matériellement, ils se sont retrouvés démunis au soir de leur vie. Leur timidité les empêchant de s'ouvrir de leur cas sur autrui, ils souffraient en silence, drapés d'une fierté qui ne les a jamais quittés depuis ces temps révolus où, chaque week-end, ils réussissaient le miracle de faire le bonheur de centaines d'aficionados déchaînés tant à l'intérieur des frontières nationales qu'à l'étranger. Khalfi a ainsi joué au Wydad de Casablanca avant de s'aligner avec le RAC puis avec l'équipe française d'Alès.
Idem pour Bettache qui avait commencé sa carrière en revêtant la tenue du WAC avant de rejoindre Nîmes où il s'est illustré comme l'un des arrière-droit les plus performants du championnat de France. Il avait également réussi un inoubliable morceau d'anthologie lors des éliminatoires de la Coupe du monde de 1962 aux cours desquelles le « onze» national avait vaillamment contré la « furia» espagnole avant de s'incliner. A leur entrée au Maroc, ces deux « compères», comme certains se plaisaient à les appeler, ont rejoint leur équipe d'origine, le WAC, en tant qu'entraîneurs. Ils y sont demeurés actifs jusqu'au jour où ils ont pris la décision de quitter la planète foot. Ressemblant à s'y méprendre à de simples retraités, ils ont commencé à agir comme ces derniers ; c'est-à-dire à fréquenter les terrasses des cafés et à tuer le temps en discutant du seul sujet qui les passionnait : le football.
Des années durant, ils le firent avec une régularité de métronome. Jusqu'à ce que la maladie les y empêche. Le bouche à oreille ayant fonctionné à merveille, la nouvelle est parvenue jusqu'au président de la Fédération Royale marocaine de football et du Comité national olympique, le Général de corps d'armée Housni Benslimane. Lequel les a fait admettre à l'hôpital militaire de Rabat. Nos vœux de prompte guérison à Mohamed Khalfi et Mustapha Bettache.