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L'Ecole supérieure des Beaux-Arts : une école qui sent bon l'art !

L'Ecole des Beaux-arts de Casablanca, créée en 1950, a longtemps été au premier plan de la création contemporaine marocaine. L'école, depuis sa création, compte comme professeurs les plus grands artistes du pays. Une chance pour les artistes en herbe qui

21 Novembre 2003 À 17:30

En plein cœur de la métropole se dresse une école pour le moins particulière. Elle a pour mission de former des artistes. Il faut admettre que le cadre s'y prête à merveille : deux beaux bâtiments, le premier construit en 1919 est considéré comme patrimoine architectural de Casablanca, le second construit en 1974.

Les deux blocs architecturaux sont encerclés par un grand jardin à la végétation luxuriante, avec des plantations de plus de 80 ans. Le tout s'étalant sur une superficie de quelque 4000 m2. Le cadre idéal en somme pour développer le sens artistique des générations d'artistes en herbe qui se succèdent sur l'école depuis sa création en 1950.

Tout, dans le charme désuet des lieux, dans le jardin à l'état quelque peu sauvage, dans les tableaux, sculptures, objets hétéroclites posés un peu partout qu'on a l'impression qu'ils jaillissent de nulle part. Tout dans ces éléments, nous donne l'impression de pénétrer dans un autre monde, un monde où tout est enchantement et où chaque détail nous renvoie vers les propriétaires des lieux, les graines d'artistes.

Une jeune fille, le crayon à la main, trace des lignes décidées. L'objet de son acharnement est le bâtiment-même de son école. Un peu plus loin, un petit groupe d'étudiants discute, probablement d'un projet qui leur tient à cœur. D'autres s'absorbent à immortaliser les nombreux objets qui fleurissent dans le jardin. C'est le même " dada " qui les réunis tous : les Beaux-arts.
Par sa qualité d'école communautaire et de projet de ville, l'Ecole supérieure des Beaux-arts garde sa mission d'accueil et d'accompagnement des futurs artistes mais n'oublie pas sa mission de service public. Elle contribue tout aussi bien au rayonnement culturel international que local de la métropole.

L'école assure une formation artistique et théorique dans tous les domaines touchant aux arts visuels. L'objectif final étant de développer la notion de recherche personnelle notamment dans les disciplines suivantes : les Arts plastiques, le Design d'intérieur et le Design publicitaire. Des disciplines qui prouvent que l'enseignement de l'art n'est pas défini, que tout y est en perpétuelle évolution. Cela ne signifie pas que la peinture, le modelage vont disparaître mais ils deviennent une possibilité d'expression parmi d'autres (vidéo, photo…)

C'est grâce à cette immersion de l'école dans les nouvelles tendances que ses lauréats, au terme de leurs quatre années d'étude, trouvent facilement acquéreur dans le marché du travail. Selon le directeur de l'école, Abderrahim Jabrani : «2M fonctionne presque à 100% dans le domaine du graphisme et de la décoration grâce à des étudiants de cette école. Et il y a en moyenne un de nos lauréats dans chaque agence de communication». Des chiffres qui en disent long sur les activités de nos artistes qui ne se limitent plus à l'Art plastique.

«C'est le regard des gens sur l'école des Beaux-arts qui est un peu traditionnel, nous explique le directeur.
Ils croient que nous formons des peintres du dimanche ou des gens qui travaillent uniquement sur des chevalets. Mais non, nous formons des designers, des artistes qui essayent d'apporter du nouveau».

En art comme en design, l'école cherche à faire émerger de nouveaux profils de créateurs, des graines d'artistes.

3 questions à M. Abderrahim Jabrani



Depuis que vous êtes directeur de cette école, vous avez sûrement pu suivre l'évolution des générations d'étudiants de très près?

Je suis directeur de cet établissement depuis 1995. Depuis le temps, c'est sûr qu'il y a eu des changements, même en ce qui concerne notre système pédagogique qui ne peut se faire que par rapport à nos attentes et aux demandes des étudiants. Chaque année, les étudiants sont différents et nous sommes obligés de nous adapter à eux.

Cette école est une école communautaire. Quelles sont vos actions pour révéler et peut-être préserver le patrimoine de la ville ?

C'est important pour un artiste de connaître sa cité puisqu'il a besoin d'être de quelque part. Casablanca nous tient à cœur parce que c'est un patrimoine architectural très important, un creuset d'expériences architecturales. Nous formons des designers qui seront appelés à créer ou à transformer des magasins.

Ils peuvent donc, par la force des choses, toucher à ce patrimoine. C'est la raison pour laquelle nous les sensibilisons d'abord. Pour cela, nous commençons par leur demander de dessiner le patrimoine de leur ville. C'est important de travailler sur la mémoire d'une ville, pas dans l'objectif de créer des sanctuaires immuables, mais pour que ce soit un lieu de réflexion sur le comment on a travaillé lors d'une certaine époque.

L'appartenance à la ville rend donc cette école différente?

Moi je dis qu'une école des Beaux-arts à Casablanca doit forcément être différente de l'école d'une autre ville. D'ailleurs, elle est différente de celle de Tétouan. C'est une différence par rapport à une pensée, à une jeunesse.
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