L’image de la femme dans la publicité
Les participantes à une rencontre à El-Jadida sur le thème : «L’image de la femme dans le discours audiovisuel» ont été unanimes à considérer que les messages publicitaires véhiculent une image réductrice et dégradante de la femme et contraire à l
MAP
21 Avril 2003
À 18:10
Professionnelles des médias, universitaires et écrivains, se sont relayés à la tribune de cette rencontre, organisée ce week-end à El-Jadida par l’Union des écrivains du Maroc (UEM-Section El-Jadida), pour remettre en question cette forme de communication mercantile «qui ne cesse de matraquer un large public, à longueur de journée et en tous lieux, de clichés et stéréotypes empreints de violence morale à l’égard de la femme».
Les participantes ont procédé à l’analyse des violences morales contenues dans les spots publicitaires diffusés en boucle sur les deux chaînes de télévision nationales.
En fonction de la nature du produit promu et de la clientèle cible, les spots publicitaires exploitent à volonté l’image de la femme, quitte à la chosifier et la réduire à un simple produit de consommation, ont relevé les intervenantes.
Dans une société où l’image tend à supplanter la réalité et où les médias audiovisuels s’acheminent vers une suprématie incontestable sur tous les autres supports de communication, il est légitime de s’inquiéter sur l’effet de ces utilisations abusives et préjudiciables de l’image de la femme, ont affirmé les participantes.
Et de souligner que ces inquiétudes se justifient encore davantage dans la société marocaine où les récepteurs de ces messages ne sont pas prémunis intellectuellement contre leurs effets pervers, compte tenu du taux élevé d’analphabétisme au sein de la population marocaine.
L’image de la femme ménagère dans les publicités des lessives et autres produits de cuisine et celle de la femme objet de séduction pour les produits de luxe visant une clientèle masculine, constituent les clichés les plus récurrents dans les spots publicitaires évoqués par les participantes.
En outre, les publicités sont de plus en plus agressives pour s’assurer de l’exercice d’un impact direct sur le récepteur et certaines images publicitaires font une exploitation accrue de l’image de la femme.
Il s’agit d’une véritable mutilation visant à priver la femme de son humanité et la réduire à un objet de désir invitant à la consommation, ont-elles expliqué.
Le cinéma n’était pas en reste dans cette rencontre.
Des intervenantes ont noté que le cinéma marocain donne la preuve d’un certain manque d’imagination dans le traitement des questions sociales relatives à la femme.
Le fait, ont-elles estimé, de reproduire inlassablement l’image de la femme battue, frustrée et sous la domination de l’homme risque de véhiculer un message autre que celui voulu initialement.
Cette image négative de la femme risque en effet de consacrer et de consolider une réalité déjà ancrée dans l’imaginaire collectif, ont expliqué les participantes.
Elles se sont interrogées, d’autre part, sur les moyens d’action pour faire face à cette redoutable propagande fort préjudiciable à la femme et à sa principale cause contre la discrimination sexuelle.
Une mission des plus délicates : la société de consommation, la liberté d’expression artistique sont autant de sacro-saints concepts des sociétés modernes qui s’érigent en remparts contre toute protestation sur l’utilisation abusive et dégradante de l’image de la femme dans les supports audio.