«La Ligue des gentlemen extraordinaires» : Sept super héros à l’ancienne au service d’une belle aventure

Les collants et costumes high-tech laissent place aux redingotes et chapeaux feutres. Venise, Paris, Londres, Berlin : les villes de la vieille Europe font oublier l’Amérique des gratte-ciels. Et sept héros légendaires de la littérature britannique et française du XIXe siècle viennent remplacer les personnages des comics américains, rappelant au bon souvenir des Européens la richesse de leurs histoires d’antan.

Car c’est Bram Stoker, H.G. Wells, Robert Louis Stevenson, Jules Verne et H.R. Haggard qui reprennent vie dans «La Ligue des gentlemen extraordinaires», à travers les destins croisés de leurs personnages respectifs: Wilhelmina Murray Harker, l’homme invisible, Dr Jekyll et M. Hyde, le capitaine Nemo et Allan Quatermain.
S’y ajoutent deux autres super héros avant la lettre : le troublant Dorian Gray d’Oscar Wilde et une version adulte de Tom Sawyer, création de l’auteur américain Mark Twain, insérée dans le scénario sous le diktat probable des studios hollywoodiens...
Londres, 1899. Les grandes nations de l’Europe partagent une paix fragile. Durant des centaines d’années, des guerres ont été combattues avec les mêmes armes. Des fusils rudimentaires, la cavalerie et des canons tirés par des chevaux. Mais la fin de ce vieux XIXe siècle approche pour laisser place à un nouvel Age naissant, l’ère industrielle...
En ce mois d’avril 1899, dans les rues sombres de la capitale britannique, celle où sévissait Jack l’Eventreur, un monstre de fer mécanique, un char blindé -du jamais vu pour les bobbies ! - fracasse en quelques secondes la face imposante de la banque d’Angleterre. Des milliers de livres sterling et de précieux trésors sont dérobés par des soldats allemands menés par un individu étranger, le visage masqué de fer, une canne au pommeau de tête de mort à la poigne.
Mai 1899, Berlin. Une violente explosion dans un laboratoire militaire de mise au point de dirigeables allemands met le feu aux poudres, détériorant rapidement les relations germano-britanniques. L’Europe vacille, risquant de sombrer dans un nouveau conflit provoqué par le diabolique Fantôme.

Pour éviter le sabotage d’un sommet de chefs d’Etat et la menace d’une guerre mondiale, l’empire britannique envoie un émissaire à Nairobi, au Kenya, à la recherche du légendaire chasseur Allan Quatermain (Sean Connery) dont les exploits ont nourri pendant des décennies l’imaginaire des Britanniques.
Convaincu par les services secrets, Allan Quatermain volera donc au secours de l’Empire en péril avec l’aide de six autres individus venus d’horizons les plus divers. La «Ligue» est née. Avec en son sein sept farouches individualistes, des exclus au passé ténébreux et aux facultés étranges, forcés de lier des rapports de confiance.
Après «From Hell» d’Alan Moore, Hollywood adapte très librement «La Ligue des gentlemen extraordinaires» du même Moore, tout en restant très éloigné des scénarios originaux de la BD.

Décors et effets spéciaux fabuleux, un rythme enlevé, un excellent casting: le film, tourné à Prague par Stephen Norrington («Blade»), renoue avec la tradition des grands films d’aventures et d’action.
Outre la présence, toujours magique, de Sean Connery, les autres membres de la Ligue sont parfaitement incarnés par des acteurs peu connus en France: Stuart Townsend (Dorian Gray), Naseeruddin Shah (Capitaine Nemo), Peta Wilson (Mina Murray), Tony Curran (Rodney Skinner, alias l’homme invisible) et Jason Flemyng (Dr Jekyll/M. Hyde).
Seule la présence de Shane West, alias Tom Sawyer, pièce rapportée des studios américains, vient ajouter une fausse touche à cette belle histoire, sans toutefois gâcher le plaisir du spectateur plongé dans un film aussi fantastique que ses personnages.