La Mostra applaudit Manoel de Oliveira : le doyen du cinéma mondial rend hommage
La Mostra de Venise a longuement applaudi le doyen du cinéma mondial, le Portugais Manoel de Oliveira, qui, à 94 ans, s’est présenté à Venise avec un film-hommage à la civilisation méditerranéenne, menacée par l’ombre du terrorisme.
>Avec «U
AFP
07 Septembre 2003
À 17:01
Rosa Maria, une jeune professeur d’histoire, va rejoindre à Bombay son mari pilote. Au fil des étapes et pour répondre à la curiosité de sa petite fille Maria Joana, elle lui raconte l’histoire de la civilisation méditerranéenne, ses légendes, ses mythes, ses héros.
A bord, le commandant (John Malkovich) reçoit à sa table une femme d’affaires française (Catherine Deneuve), une ex-mannequin italienne (Stefania Sandrelli) et une chanteuse grecque (Irène Papas). Chacune parle dans sa langue et, pourtant, toutes se comprennent. Une conversation entre Café du Commerce et Café Philo.
Mais alors que le paquebot vogue vers le Golfe Persique et que Irène Papas chante, soudain l’ombre du terrorisme menace les insouciants passagers...
Dans cette réflexion sophistiquée et d’une ironie pessimiste sur le déclin de la civilisation occidentale, Manoel de Oliveira, avec une jeunesse d’esprit que beaucoup pourraient lui envier, désamorce les pièges du bavardage intellectuel avec ses clins d’oeil plein d’humour au cinéma. Ce n’est pas un iceberg, qui attend ce Titanic, mais plutôt le fondamentalisme.
Ce film, «simplement génial», selon le critique du quotidien La Republica, pourrait valoir un Lion d’or à Manoel de Oliveira, qui n’a jamais eu la Palme d’or à Cannes, ni l’Ours d’or à Berlin. En 1985, le vétéran, présent pour la 5ème fois dans la Cité de Marco Polo, avait reçu un Lion d’or pour l’ensemble de son oeuvre.
Hors compétition, l’Américain James Ivory et son complice producteur l’Indien Ismail Merchant présentaient aussi un film sur le choc des cultures, mais sous la forme d’une amusante comédie, intitulée «Le divorce».
Une jeune Californienne de Santa Barbara (Kate Hudson) vient retrouver à Paris sa soeur (Naomi Watts), mariée à un Français.
Entre boutiques de luxe, grands restaurants et hauts lieux touristiques, filmés avec une élégance raffinée, James Ivory s’amuse de l’incompréhension entre Américains et Français.
Evitant le terrain miné de la politique mais pas toujours les clichés, il épingle avec humour travers et manies gauloises. Thierry Lhermitte et Romain Duris jouent les «french lovers» dans ces liaisons amoureuses entre le Nouveau Monde et le Vieux Continent.
Sofia Coppola, 32 ans, la fille de Francis Coppola, est allée, elle, jusqu’à Tokyo pour «Lost in translation», une comédie sur le choc des cultures présentée dans la section Contre-Courant et en lice pour le Prix Saint-marc.