La grande dame de la presse Françoise Giroud n'est plus
Francoise Giroud s'est éteinte, hier dimanche 19 janvier, à l'âge de 86 ans, à l'hôpital américain de Neuilly, des suites d'un traumatisme crânien. Journaliste, écrivain, essayiste, chroniqueuse, ancien secrétaire d'Etat à la Condition féminine et puis mi
LE MATIN
19 Janvier 2003
À 20:01
Une œuvre que caractérise une liberté de ton et un style mordant qui transparaît y compris dans le choix des titres : « si je mens » (1972), « La Comédie du pouvoir » (1977), « Ecoutez-moi...» (1988) , « Leçons particulières» (1990), « Chienne d'année, Journal d'une Parisienne 2 » (1996) … Son talent d'écrivain est apprécié par un large public qu'elle a su fidéliser à travers les ans. Sa chronique hebdomadaire sur la télévision au magazine français le Nouvel Observateur fait des adeptes dans le monde. C'est, d'ailleurs, dans ce journal qu'elle n'a regagné qu'en 1983 au terme d'une carrière bien remplie de journaliste qu'elle disait se sentir le mieux. Francoise Giroud, de son vrai nom France Gourdji, avait fait son entrée dans le métier au lendemain de la seconde guerre mondiale. Auparavant elle avait travaillé comme sténo-dactylo, puis comme script-girl au cinéma aux côtés de Marc Allegret puis Jean Renoir. Pendant la seconde guerre mondiale, elle est agent de liaison dans la résistance. Arrêtée par la Gestapo en 1943, elle est incarcérée à Fresnes. A la libération, l'indépendance et la rigueur intellectuelles constitueront le combat de cette autodidacte. Le monde de la presse convenait-il à son tempérament de feu ? Sans doute. Le métier laissait des souvenirs heureux mais aussi amers à la femme âgée qu'elle était devenue. De son vivant, elle leur a consacré des ouvrages émouvants. Des autobiographies qui se répétaient, mais ne se ressemblaient pas. Dans ses derniers livres, on apprend beaucoup de choses sur le métier qui l'avait toujours passionnée, sur les hommes qu'elle avait connus, sur le monde et les événements politiques, sur les joies et les déceptions de cette grande dame de la presse. Celle qui disait que « se souvenir, c'est s'écorcher », a puisé dans sa mémoire restée intacte pour nous livrer y compris ses secrets intimes. Ainsi, a-t-elle partagé avec ses millions de lecteurs dans le monde son angoisse vis-à-vis de la vieillesse. « Je voudrais cessez de vieillir, c'est un peu difficile, je voudrais que cela s'arrête, voilà ! », confiait la journaliste à un confrère qui l'interviewait en 1996. Une peur qui ne l'avait pas quittée. Jusqu'aux derniers jours, jusqu'à l'épuisement, jusqu'au dernier souffle, elle s'était plongée dans l'exercice qu'elle savait faire le mieux : l'écriture pour échapper à ce qu'elle considérait, peut-être, comme une fatalité : la vieillesse. «Bien vieillir en littérature, c'est ce qu'il y a de plus difficile», affirmait Mme Giroud. Elle s'est retirée sur la pointe des pieds, laissant derrière elle une œuvre restée incontestablement jeune qui fait et fera le plaisir de millions de lecteurs.