La métropole compte 370 groupements : les bidonvilles, un casse-tête pour la gestion urbaine
Le problème de l’habitat insalubre en métropole est de taille et pèse très lourd. Des milliers de personnes vivent dans des bidonvilles dans des conditions alarmantes. La résorption de cette crise devient une préoccupation. Selon une étude de la dir
LE MATIN
21 Septembre 2003
À 16:31
Les premières baraques construites à partir de matériaux des plus hétéroclites apparurent au début des années vingt à proximité de la centrale thermique des Roches Noires.
Des ouvriers du chantier de construction de la centrale thermique ont choisi la proximité d’une carrière pour implanter leurs logements sommaires. Les fondateurs des bidonvilles de Casablanca des années 20 et 30 sont d’anciens ruraux et des ouvriers. Ces bidonvilles bien installés, ils accueillaient de plus en plus les populations migrantes.
Depuis le protectorat, ils se sont concentrés dans le territoire de la préfecture d’Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi en raison de sa réputation en tant que pôle industriel. Le réseau ferroviaire, qui était à l’époque du protectorat un grand chantier ayant nécessité une main-d’œuvre importante, a favorisé la prolifération des bidonvilles à Aïn Sebaâ.
Ce qui explique l’existence des baraques de chantier éparpillées aux abords du réseau ferroviaire.
« Les bidonvilles sont apparus du néant, dans toutes les municipalités d’où un casse-tête pour la gestion urbaine pour les pouvoirs publics et les élus locaux et ce tant pour l’électrification, le raccordement à l’eau potable et au réseau d’assainissement, la sécurité qu’aux stratégies d’intervention pour le relogement ou la résorption de ces bidonvilles en général », explique Ahmed Meskine, ingénieur statisticien et chef de service de la statistique à la direction régionale du département de la Prévision économique et du Plan à Casablanca.
En fait, le milieu urbain de la région du Grand Casablanca compte, selon la direction des statistiques, 370 groupements-bidonvilles, soit 7,7% du parc total des logements de la région. C’est un chiffre on ne peut plus alarmant d’autant plus qu’il ne comprend pas les bidonvilles des communes rurales avoisinantes (Dar Bouazza, Lahraouyne, Beni Ykhelef et Bouskoura) et les bidonvilles à usage commercial. Quelque 57463 ménages vivent dans ces bidonvilles soit 8,8 % du nombre total des ménages urbains de la région. Ainsi, le nombre des Casablancais résidant dans des conditions inhumaines s’élève, en 2003, à 30.000 habitants avec une moyenne de 5,2 personnes par ménage.
La crise de l’habitat est de taille dans toutes les préfectures de Casablanca. La situation est devenue, donc, très préoccupante puisqu’il est intolérable d’accepter que, jusqu’à présent, des milliers de personnes vivent encore dans des lieux qui ne disposent d’aucune infrastructure nécessaire. Pauvreté, manque d’hygiène, maladies, analphabétisme, insécurité et délinquance se mêlent pour former un quotidien de vie amer.
Lorsqu’il pleut, l’eau pénètre dans la baraque par le toit. Des récipients sont alors disposés aux endroits critiques pour recueillir les fuites d’eau. La saison des pluies est l’occasion pour les habitants d’entretenir la toiture des baraques. Il est à noter qu les concentrations importantes des bidonvilles sont au niveau de la préfecture de Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi ( 41, 1 %), la préfecture de Mohammédia (17,1%), la préfecture de Sidi Bernoussi ( 13,3%), Aïn Chok-Hay Hassani ( 9,8%), Casablanca-Anfa (9,2%) et Ben M’Sik-Médiouna ( 8%). la commune de Sidi Moumen abrite le plus grand rassemblement des bidonvilles à Casablanca et au Maroc. Quelque 20.000 baraques existent à Sidi Moumen, soit 33,4 % du parc des logements bidonvilles.
Qu’a-t-on donc fait pour résorber le fléau des bidonvilles à Casablanca ?
La résorption de toutes les baraques nécessite un grand effort et une volonté de la part de tous les acteurs : le ministère concerné, la commune, les habitants et les investisseurs. Ces derniers doivent offrir des prix à la portée des bidonvillois qui, dans la pulpart des cas, n’ont pas les moyens d’acquérir un logement puisque les banques refusent de leur accorder un crédit.
Ce qui rend le problème de plus en plus complexe. Mais, grâce aux efforts déployés, ce problème a commencé à être solutionné surtout après la création de l’Agence nationale de lutte contre l’habitat insalubre (ANHI) en 1984.
Dans toutes les communes, on a renforcé les mesures de contrôle et de lutte contre toute extension des bidonvilles.
A Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi, à titre d’exemple, afin de mettre fin à tout genre d’extension, des limites du groupement des baraques ont été matérialisées par des bordures de trottoirs, des voies, des bornes et des repères divers.
On a, également, encouragé bon nombre de personnes à construire des habitations sur des terrains nus privés se trouvant à proximité des quartiers de bidonvilles. Les promoteurs immobiliers participent, pour leur part, au relogement des bidonvillois moyennant quelques avantages sans pour autant porter atteinte à la réglementation en vigueur. Parmi les actions étatiques pour la résorption des bidonvilles, on note l’édification du quartier Moulay Rachid sur une grande superficie, l’édification des différents montages techniques-financiers des projets pour le recasement des bidonvilles comme le système de péréquation, le lancement, en 2003, de grands projets socioéconomiques dans plusieurs zones de la région…