Fête du Trône 2006

La mouvance populaire, première force numérique au Parlement

Le Mouvement populaire et le Mouvement national populaire viennent d’élargir le cercle de leur alliance en accueillant un troisième parti. L’événement aurait pu être anodin, au vu d’une conjoncture préélectorale qui favorise le jeu des a

29 Avril 2003 À 19:41

L’Union démocratique de Bouaâzza Ikken a pu débaucher six parlementaires en moins de deux semaines. Un record qui ne relève pas de l’exploit pour ce parti sorti de la matrice du Mouvement populaire. L’UD, qui avait remporté dix sièges parlementaire, s’était retrouvée avec 20 députés, la veille de la constitution des groupes parlementaires. Aujourd’hui ses ambitions paraissent d’autant plus grandes.
Hier matin donc, dans l’enceinte du Parlement, l’ambiance était festive. La Chambre des conseillers accueillait les élus de la mouvance populaire, venus célébrer leur alliance toute fraîche, sous la bénédiction de leurs secrétaires généraux. Mahjoubi Aherdane, grand patron du Mouvement national populaire, et Bouaâzza Ikken, chef de file à l’Union démocratique, étaient naturellement de la partie. Ne manquait à l’appel que Mohand Laenser, secrétaire général du Mouvement populaire, que retenaient ses obligations gouvernementales. Ces « grandes retrouvailles », pour reprendre les termes du secrétaire général de l’Union démocratique, avaient pour autre objet déclaré de coordonner les stratégies des trois partis, notamment sur le plan de l’action parlementaire. Une base de travail existe déjà avec l’action du groupe parlementaire commun du Mouvement populaire et le Mouvement national populaire. Les retrouvailles des deux frères-ennemis du passé s’étaient faites à la veille du rendez-vous des législatives. Mohamed Laenser et Mahjoubi Aherdane scellaient leur union sous l’œil d’un ancien compagnon de route, en l’occurrence Abdelkrim Khatib, aujourd’hui secrétaire général du Parti justice et développement, un certain jour de juillet 2002 à Salé. M. Khatib aurait joué les bons offices. Il serait à l’orgine de cette grande réconciliation. Le communiqué commun soulignait que cet acte d’alliance répondait « aux attentes profondes » des militants des deux partis, désireux de « renouer les liens ». Plus politique, le communiqué soulignait que « Les élites politiques de la grande famille du Mouvement ont surmonté leurs différends, leurs divergences conjoncturelles et ont pris conscience de la nécessité, pour elles, d’avoir une vision stratégique commune et de donner à leur combat politique une dimension plus large ». Mohand Laenser, qui s’exprimait sur nos colonnes, il y a à peine deux semaines, donnait un sens plus concret à ces propos. « Le plan que nous avons arrêté à Salé lors de notre première rencontre se déroule assez bien. Nous avions envisagé comme première étape de l’après-législatives, la constitution d’un groupe parlementaire commun. C’est chose faite. Dans une deuxième étape, nous avons décidé de coordonner au maximum nos actions au niveau des élections communales. Si nous réussissons cette étape, rien ne pourrait s’opposer à la réunification des deux formations. Cela signifierait que politiquement plus rien ne nous diffère ou sépare. C’est une étape importante et nous y travaillons ». Cette perspective fait-elle peur à l’extérieur ? Les mouvements sont en tous les cas épiés des deux formations. D’aucuns avaient prédit que l’alliance du MP et du MNP allait faire long feu. Aujourd’hui, elle se renforce. Faut-il y voir un signal quelconque à l’adresse de la famille, aujourd’hui dispersée, de la mouvance populaire ? La question se pose. Le Mouvement populaire a fait beaucoup d’enfants. Les petits partis se comptent par dizaines qui peuvent se réclamer de ce courant dont les origines remontent loin dans le temps, lorsqu’un Mahjoubi Aherdane et Abdelkrim Khatib défendaient une seule et même cause. Al Ahd, parti dirigé par Najib Zerouali, le parti du Renouveau et de l’équité aux commandes duquel officie Chakir Achehbar, et l’Initiative citoyenne menée par l’universitaire Mohamed Benhamou puisent tous leur origine dans le courant populaire. S’il venaient à se rallier au Mouvement ils formeraient sans conteste la première force politique du pays. Le MDS, enfant aujourd’hui oublié de la mouvance, est le seul à avoir clairement manifesté de l’intérêt à rejoindre le groupe de Salé. « Le Mouvement démocratique et social a, d’ailleurs, longtemps fait du pied aux dirigeants des deux partis », disent les observateurs avertis de la scène politique nationale. L’entrée en scène de l’Union démocratique est le seul fait aujourd’hui tangible, mais il est de taille. L’union démocratique a ratissé large pour se présenter comme un interlocuteur valable. La force numérique de son groupe parlementaire est un argument infaillible. La perspective des communales est au cœur du processus. « L’alliance MP, MNP et UD autour des communales ne peut aboutir à des résultats positifs », prédisent déjà les commentateurs. Ces derniers arguent des divergences et autres guerres du passé qui pourraient ressurgir à la surface. On s’est effectivement beaucoup entretué au sein de la mouvance populaire. Le temps a-t-il véritablement « effacé les séquelles et refermé les blessures personnelles », comme l’affirmait le secrétaire général du MP, aujourd’hui ministre de l’Agriculture ? Les dirigeants des deux partis affirment que oui. Ils en veulent pour preuve leur action concertée au sein du Parlement. Bouaâzza Ikken développe tout un discours sur la question. Les communales sont un grand rendez-vous qui se prépare. Les trois partis le feront en parfaite concertation. Ils ont à leur actif une histoire et une idéologie communes. « Nous nous battrons ensemble pour défendre le monde rural auquel nous appartenons tous et qui a souffert longtemps de l’isolement ».
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