Naissance de SAR Lalla Khadija

La prise en charge des démunis est absente : les SDF envahissent les jardins publics

C’est une réalité amère ! Partout où l’on se dirige à Casablanca, on rencontre des sans domicile fixe (SDF). Certains citadins sont on ne peut plus déçus et souhaiteraient que l’on prenne des mesures adéquates pour prendre en charge ces

13 Octobre 2003 À 19:31

Hier, vers 10 heures du matin, à la place Mohammed V, quelque quatre SDF dormaient sur les bancs du jardin suscitant la méfiance et la curiosité des passants.

Selon un jeune homme, apparemment habitué à fréquenter ce lieu, ces hommes démunis n’ont aucun endroit où se réfugier durant la nuit que la place Mohammed V. Ils y passent toute la nuit et une bonne partie du matin. «Je les connais. Ils vivent un calvaire au quotidien», souligne le jeune homme.

Mais, s’ils ont la «chance» lors de la saison estivale, bientôt, ils devront affronter le froid glacial de l’hiver. La situation des sans domicile fixe est, en effet, plus que jamais préoccupante car le Maroc connaît ces dernières années, une vague de froid exceptionnelle. « Je me demande comment ces gens peuvent-ils mener une vie pareille et comment ils résistent à leur drame. C’est bizarre », s’est exclamée une jeune lycéenne avec amertume.

Par ailleurs, certains parents ont dû interdire à leurs enfants de se promener dans les jardins publics de peur des SDF. Sami, Casablancais de souche, exprime son mécontentement de la situation actuelle, fort désolante, du parc de l’Hermitage qui était il y a seulement quelques années un lieu de détente et de relaxation. « Maintenant, les choses ont beaucoup changé. En plus de la détérioration de son état, on y trouve partout des clochards et des bandits. Je craints sincèrement pour mes enfants et je ne leur permets plus de visiter ce parc », ajoute-t-il avec fureur.

Il n’est pas le seul à avoir cette mauvaise impression. Nombreux sont ceux qui réclament aux responsables des solutions urgentes. D’après eux, ils aimeraient bien respirer une bouffée d’air frais dans le peu d’espaces verts qui existent en métropole, mais ils se trouvent contraints de freiner cette envie à cause du manque flagrant de sécurité dans ces lieux : « Quand je vois ces personnes endormies sur des bancs ou à même le sol, j’ai peur. Personne ne peut envisager leurs réactions. Ils pourraient être dangereux pour nous surtout à la tombée de la nuit », annonce une jeune femme accompagnée de ses deux filles.

Quelques-uns, par contre, pensent également à la souffrance qu’endurent les sans-abris dont le nombre ne cesse d’augmenter au fil du temps et réclament à ce que l’on s’attèle vraiment à la tâche. Les organismes humanitaires doivent faire face à cette situation puisque la prise en charge des démunis est malheureusement absente au Maroc. En effet, aucune instance étatique n’aide les SDF.

L’année dernière, plusieurs organismes, notamment la Fondation Mohammed V, médecins sans frontières et l’Heure Joyeuse, ont déployé des efforts considérables pour aider les marginaux de la région. Mais, l’énergie déployée dans l’urgence par les ONG ne suffit pas toujours à secourir les plus démunis. Les températures hivernales hors-norme surprennent tout le monde et pourraient bien faire des victimes. « Je suis un être humain et je craints de mourir à chaque instant.

Je n’ai pas de famille, je n’ai pas de travail. Je vis depuis je ne sais combien d’années dans ces conditions lamentables. Et il faut vraiment être très fort pour supporter les supplices de la rue», déclare un sexagénaire qui fréquente le parc de la Ligue arabe, l’air abattu.
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