Le Lurd menace de reprendre les combats : l'aide sur le point d'être distribuée
Les rebelles des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD) ont menacé vendredi de reprendre les combats à Monrovia où les organisations humanitaires s'apprêtent à distribuer leur aide à la population martyre de la capitale libérienne.<
«Nous avons des informations selon lesquelles (le président Charles) Taylor a envoyé des troupes à Arthington qui ont attaqué nos positions», a affirmé Sékou Fofana, secrétaire général adjoint du LURD. Arthington, ville située à une vingtaine de km au nord de Monrovia, est contrôlée par la rébellion.
«Il s'agit d'une grave violation du cessez-le-feu qui montre qu'on ne peut pas faire confiance à Taylor», a-t-il ajouté en demandant aux forces loyales au chef de l'Etat de se retirer dans la journée de la région d'Arthington, faute de quoi le LURD reprendra ses attaques contre leurs positions à Monrovia.
M. Fofana a a également indiqué que son mouvement n'accepterait pas que le vice-président liberien, Moses Blah, prenne la succession de Charles Taylor qui a promis de quitter le pouvoir lundi et de lui passer le ralai.
«Si Blah succède (à Charles Taylor) nous le combattrons. Nous n'accepterons personne qui soit proche de Taylor. On ne peut pas laisser le peuple libérien à Moses Blah qui est un général de l'armée de Taylor», a affirmé Sékou Fofana.
Il a souhaité «qu'un civil neutre» assure la transition du pouvoir après le départ du président Taylor qui a confirmé jeudi par lettre aux parlementaires de son pays qu'il partirait bien lundi, sans toutefois dire s'il irait au Nigeria qui a offert de l'accueillir.
Depuis l'arrivée à Monrovia des premiers soldats nigérians de la Mission de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Ecomil), les combats meurtriers à l'arme lourde entre le LURD et les forces de Charles Taylor ont cessé.
Depuis la m-juillet, ils ont fait des centaines de morts et environ 250.000 personnes déplacées qui manquent de tout, nourriture, eau potable, médicaments.
Rarement un pays a été aussi négligé que le Liberia, a affirmé à Genève le Comité international de la Croix rouge (CICR) qui s'est dit «révolté» face à la détérioration de la situation alimentaire et a appelé à une intervention humanitaire de toute urgence dans l'ensemble du pays.
Des membres du Comité international de la Croix rouge (CICR) et de l'organisation humanitaire MSF (Médecins sans frontières) devaient se rendre vendredi dans les zones du nord de Monrovia, contrôlées par la rébellion, pour faire une évaluation des besoins et des vivres disponibles au port.
Les agences humanitaires de l'ONU, qui disposaient de stocks de nourriture au port, attendent que les soldats de l'ECOMIL (force de paix de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest) leur assure un accès aux entrepôts pour pouvoir reprendre les distributions de vivres.
Le commandant de l'ECOMIL, le général nigérian Festus Okonkwo, dont des dizaines de soldats ont été accueillis jeudi en héros dans la partie de la capitale contrôlée par les forces de Charles Taylor, a indiqué qu'il attendait le feu vert des belligérants pour entrer en zone rebelle.
Le général Okonkwo devait rencontrer vendredi les dirigeants du LURD pour discuter de l'accès des soldats de l'ECOMIL au port contrôlé par la rébellion depuis le 19 juillet. Il doit être accompagné de John Blaney, ambassadeur américain à Monrovia.
Washington, qui écarte une intervention terrestre tant que Charles Taylor sera encore au Liberia, a envoyé trois bâtiments militaires au large des côtes liberiennes avec 2.500 hommes à bord et tout le matériel nécessaire à un débarquement.
Une équipe militaire américaine restreinte, composée d'une dizaine d'hommes, se trouve à Monrovia en vue d'établir tous les contacts nécessaires à une éventuelle intervention.
En attendant, les Etats-Unis ont promis d'accroître «dans les prochains jours» leur aide humanitaire au Liberia.