Fête du Trône 2006

Le PPS organise une journée d’étude sur la réforme : la charte de l’enseignement sous les projecteurs

C’est un exercice utile que celui auquel a convié, samedi 3 mai à Rabat, le Conseil consultatif des affaires économiques, sociales et culturelles, structure du Parti du progrès et du socialisme (PPS). Trois ans après sa mise en application, ceux du

04 Mai 2003 À 19:06

Les invitations seront donc lancées par Abdelahad El Fassi, président du Conseil consultatif pour que les intervenants du secteur soient au cœur de la rencontre. Ils seront tous là en cette journée qui était aussi celle, mondiale, de la liberté de la presse : le conseiller Meziane Belfquih, père de la charte en sa qualité de président de la COSEF, Khalid Alioua, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, Omar El Fassi, ministre délégué à la Recherche scientifique, et Najima Ghozali, secrétaire d’état à la Lutte contre l’analphabétisme et l’Education informelle.
Il y avait là encore pas moins de deux anciens ministres de l’Education nationale, militants du parti fondé par Si Ali Yata, Taïeb Chkili en président de séance et Ismaïl Alaoui en intervenant qui a eu, deux ans durant, la charge de mettre en œuvre la réforme en matière d’enseignement primaire.
Le conseiller royal, président de la Commission spéciale éducation et formation (COSEF), père de la réforme au cœur du débat et de toute l’attention des militants progressistes, n’est pas vraiment un adepte de la langue qui sent le bois. Il dira le fond de sa pensée, loin du vocabulaire alambiqué qui sied au lambris du pouvoir.
Cette journée d’étude doit à ses yeux faire œuvre utile.
«Il ne faut pas hésiter de faire usage d’autocritique. Il s’agit de débattre dans la transparence, d’ interpeller quand il le faut. L’enseignement est l’affaire de tous, c’est aussi un secteur où il n’y a pas de place pour le tabou,» affirme-t-il. Abdelaziz Meziane Belfquih rappellera aussi le consensus politique qui avait présidé à l’élaboration de la charte. « Aujourd’hui, ce contrat politique doit se transformer en contrat social pour une école marocaine ». Il dit aussi des choses à la fois simples et fortes mais que bien des gouvernements avaient fait mine d’oublier : « L’éducation est un droit mais aussi une obligation, et les élèves doivent être au cœur de tout programme » ou encore « L’indépendance de l’université doit faire en sorte que ces établissements deviennent des temples du savoir ».
La langue de bois ne sera décidément pas au rendez-vous. « Au cours de la décennie 70-80, l’enseignement supérieur n’était pas une priorité au Maroc. Dans la littérature de la Banque mondiale, il n’était pas considéré comme un élément de développement », affirmera d’emblée Khalid Alioua, ministre de l’Enseignement supérieur, avant d’évoquer la réforme dont il a désormais la charge et qui sera effective à l’université, dès la rentrée prochaine.
« On s’est d’abord attaqué à l’architecture globale des études. Nous nous sommes rapprochés d’un système international qui est mis en place au sein de l’Union européenne. C’est le système LMD : licence, master et doctorat. En termes d’années, ce système s’articule en 3 ans, 5 ans et 8 ans. La grande innovation qui va être introduite dans ce domaine, c’est le fait de densifier les études pour que la licence qui se faisait en 4 ans s’effectue en 3 ans. Si avec 3 ans nous arrivons à réduire la présence de l’élève à l’université pour la faire tomber à 5 ans, nous aurons un étudiant qui a fait ses études selon une durée correcte, un investissement personnel dans l’apprentissage et qui serait adapté à s’insérer dans les fonctions sociales. Le deuxième niveau qui est pour moi l’ambition de cette réforme, c’est celui du master qu’on ne connaît pas au Maroc. Le master est plus qu’ un diplôme de deuxième cycle et moins qu’un doctorat. Il ne s’agit pas de lui trouver un positionnement entre les deux. Il faut lui donner une personnalité, et celle qui sera la sienne ce sera des études de type scolaire ou grands instituts. Autrement dit, on pourra produire au bout de 5 ans d’université des ingénieurs dans l’économie, les finances », nous a expliqué M. Alioua, promettant une véritable « révolution dans l’organisation des études supérieures » et « une équivalence des diplômes aux établissements d’enseignement supérieur privés répondant aux critères des universités publiques ».
Bilan de la charte de l’enseignement encore et toujours avec la secrétaire d’Etat à l’Education informelle, Najima Ghozali, qui axera son exposé sur le programme de lutte contre l’analphabétisme avec la promesse « d’éradiquer ce fléau à l’horizon 2015 ». « On veut vendre notre produit aux bénéficiaires », s’est exclamée la responsable gouvernementale avant de regretter la solitude du gouvernement et de la société civile dans ce combat. Et les bénéficiaires, ceux qui veulent sortir des ténèbres pour aller à la lumière du savoir, ne cessent d’augmenter. Ils étaient 100.000 en 1998, 300.000 en 2000-2001 et 390.000 en 2001-2002 « Seuls 20% des patrons participent à la formation de leurs salariés », révèlera, amère, Mme Ghozali
Ce samedi, tous avaient des vœux ardents à formuler pour que la charte de l’enseignement soit une réalité de tous les jours. Le ministre Omar El Fassi, dont c’est le deuxième mandat à la tête de la recherche scientifique, était aussi de ceux-là.
« Il faut impérativement augmenter les moyens financiers pour que le budget de la recherche scientifique atteigne 1% du PIB avant la fin de la décennie », dira-t-il comme pour mieux montrer l’étendue de ce qu’il reste à accomplir.
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